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02/10/2016

Un cœur sombre, de R.J. Ellory

un-coeur-sombre.jpgUne chronique de Cassiopée.

Il y a un inconnu dans mon cœur

 Il ferme les yeux et il essaie d’oublier qui il est…. Mais Vincent Madigan ne peut pas occulter ce qu’il est, ce qu’il sait, ce qu’il a fait, ce qu’il a vu ou entendu ….
« Maintenant, tout ce qu’il voyait, c’était son autre facette, la facette la plus sombre, celle qu’il cachait au monde . »
Bon ou mauvais, compatissant ou indifférent, il n’en demeure pas moins un homme corrompu, enfoncé dans ses erreurs, ses errances…. Mais c’est trop tard, à force d’aller tout droit, vite, trop vite, sans réfléchir ou en réfléchissant mal, il n’a rien anticipé …. Alors Vincent se retrouve dans une situation inextricable. Chaque fois qu’il trouve un palliatif pour repousser le danger, le filet se resserre à nouveau … Pourtant, il essaie de s’en sortir, d’aller vers l’improbable rédemption mais … sans cesse, un nouvel élément se met en travers.

 On dit que pour aimer les autres, il faut d’abord s’aimer soi-même. En est-il de même pour le pardon ? Est-ce que Vincent doit d’abord faire la paix avec lui-même, avec ses démons, avant de vouloir faire régner la paix autour de lui ? Il a un cœur, mais un cœur sombre, envahi par l’obscurité créée de toutes pièces par ses propres  travers (il boit trop, il fume trop, il se détruit lui-même, il joue avec le feu, flirte avec l’illégalité, frôle la bande jaune…) Il oscille sans arrêt entre deux aspects : celui d’un homme qui peut se pencher sur les autres, s’intéresser à eux, faire le bien et celui d’un homme qui ne peut pas vivre sans des « béquilles » dangereuses que sont : la drogue, le mensonge, la corruption…..

 C’est dans une Amérique où la pègre règne, en lien avec la police, jouant au poker menteur, que nous entraîne l’auteur. Le personnage principal est torturé, blessé, perdu mais il n’est pas le seul. Le roi des malfrats, tout désabusé qu’il est, avec des morts sur la conscience, n’est-il pas lui aussi un homme tourmenté ?

 Madigan arrivera-t-il à se libérer des chaînes qu’il s’est lui-même installé ? Sous la carapace d’un homme dur, qui ne sait pas aimer, qui est « presque » pourri jusqu’à l’os, trouvera-t-on la faille, celle qui pourrait mener vers un cœur tendre capable de vivre en harmonie avec lui-même, sa famille, ses collègues, la société ?

 Avec une écriture puissante, parfaitement traduite par Fabrice Pointeau,  l’auteur nous décrit toute cette noirceur, tous ces malheurs, toutes ces horreurs. On voit des protagonistes qui souffrent, tombent, se relèvent, repartent pour tenter de retrouver une paix intérieure qui les fuit. Le style vous happe, vous tient dans ses rets …. Parfois une éclaircie, fugace, vous laisse entrevoir une lueur d’espérance mais tout cela reste éphémère.

 Le style reste posé, offrant une atmosphère lourde, empreinte de cris ou de silence (et ce n’est pas contradictoire) où chacun s’efforce de rester en vie tout simplement ….On peut se demander comment l’auteur installe dans ses livres, tous ces individus qui ont chaque fois une part d’ombre importante. Il excelle à décrire ces  vies brisées et on se demande chaque fois, s’il va réussir à se renouveler, nous intéresser encore. . Ne peut-il bien (d)écrire que des situations difficiles, des êtres qui portent une croix ? 

Même, si pour moi, cet opus a été moins « fort » que d’autres de R.J. Ellory (sans doute parce que j’ai été moins bouleversée, moins touchée par les personnes rencontrées dans le récit), il n’en reste pas moins vrai que cette lecture laissera une trace durable en moi et que je ne l’oublierai pas.

 

Un coeur sombre
Auteur: R.JEllory
Traduit de l’anglais par Fabrice Pointeau
Éditions : Sonatine (1 er Octobre 2016)
ISBN : 9782355843129
496 pages

 Quatrième de couverture

 Sous sa façade respectable, Vincent Madigan, mauvais mari et mauvais père, est un homme que ses démons ont entraîné dans une spirale infernale. Aujourd'hui, il a touché le fond, et la grosse somme d'argent qu'il doit à Sandià, le roi de la pègre d'East Harlem, risque de compromettre toute son existence, voire de lui coûter la vie. Il n'a plus le choix, il doit cette fois franchir la ligne jaune pour pouvoir prendre un nouveau départ. Il décide donc de braquer 400 000 dollars dans une des planques de Sandià. Mais les choses tournent mal : il doit se débarrasser de ses complices, et une petite fille est blessée lors d'échanges de tirs. Rongé par l'angoisse et la culpabilité, Madigan va s'engager sur la dernière voie qu'il lui reste : celle d'une impossible rédemption.

 

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