31/10/2020
Le marquis prend le maquis, de Jérôme Sublon
Une chronique de Cassiopée
Les corses ont le sang chaud, un tempérament de feu et un caractère de cochon…enfin c’est ce qu’on dit. Moi, je les connais peu. Mais en lisant ce roman, j’ai bien vu que c’était vrai !
Je peux même rajouter qu’ils aiment solutionner les problèmes tout seuls, sans que personne ne s’immisce dans leurs affaires. Les règlements de compte, les vengeances, les intimidations, ils savent faire et lorsque deux familles sont ennemies depuis toujours, pas question que leur jeune progéniture se fréquente. Faut pas délirer quand même ! Certains diront que c’est un peu cliché mais pas tant que ça….
Alors, lorsque là-bas, Philippe Rogxeti est découvert assassiné, c’est forcément le camp d’en face, les Coghju, qui sont soupçonnés. Les histoires entre ceux-là remontent à plusieurs générations et c’est, sans aucun doute, une vendetta. C’est d’ailleurs ce que conclut le capitaine Francesco Falcone, flic du cru. Mais il va falloir qu’il déchante….
La Corse, ce n’est pas que les problèmes de jalousie, c’est également un environnement magnifique avec des sentiers de randonnée. C’est d’ailleurs l’incontournable Mare a Mare qu’arpente Aglaë Boulu, commissaire de son état, actuellement en vacances sur l’île de Beauté. Sac sur le dos, elle marche et profite des paysages superbes et du calme pour se ressourcer. Un soir, elle voit passer une voiture à toute allure et observe quelques détails la concernant. En pause à Corte devant une boisson fraîche, elle écoute Falcone qui explique le récent meurtre et l’antipathie existante entre les Rogxeti et les Coghju. Tout cela semble expéditif à Aglaë, la Kangoo qu’elle a vu passer a sûrement transporté le corps vu l’endroit où elle l’a aperçue. Elle décide de chercher le véhicule pour confirmer qu’il appartient aux Coghju comme tout le monde le suppose.
La voilà partie en exploration dans Corte. Une rencontre fortuite avec le capitaine Falcone va changer le cours de ses congés. Chasser la naturel, il revient au galop, elle se lance plus ou moins discrètement dans l’enquête au grand dam du capitaine qui est assez rigide. Les joutes verbales entre les deux policiers vont être un régal pour le lecteur. Ils ne fonctionnent pas de la même façon. Il reste ancré dans ses idées, persuadé d’avoir raison. Elle lui montre les failles de son raisonnement, elle cherche toujours plus loin. Cela le dérange mais quand elle lui explique, il est parfois obligé de reconnaître qu’elle a raison. L’auteur nous présente leurs investigations, leurs rencontres, ainsi que le quotidien de quelques protagonistes mêlées de près ou de loin à l’affaire.…. Dans d’autres chapitres, des faits historiques, pour la plupart avérés, sont évoqués. On passe donc du présent au passé sans difficulté. Les faits anciens datent de 1734 et plus. J’ai découvert tout un pan de l’histoire de cette île. À l’époque, la Corse est un royaume indépendant, une monarchie constitutionnelle avec Théodore de Neuhoff, élu roi en 1736. C’est très intéressant et instructif.
L’auteur a parfaitement retranscrit l’atmosphère des lieux, la guerre des gangs, le côté « taiseux » de certains à l’opposé de ceux qui parlent, le comportement des cochons sauvages (j’ai beaucoup ri)… L’enquête avance pas à pas et on cerne de plus en plus ce qui s’est déroulé. Le récit est étoffé, complet. Les dialogues savoureux et il y a même une pointe d’humour. Le tout est parfaitement équilibré et très plaisant à lire. Il y a du rythme, des rebondissements. On ne s’ennuie pas. Jérôme Sublon maîtrise parfaitement son intrigue. Et pour conclure, la fin est tout simplement belle et émouvante.
Éditions : du Caïman (18 août 2020)
436 pages
Quatrième de couverture
En Corse, un homme de la famille des Rogxeti est abattu par trois malfrats. Aglaë Boulu, commissaire en vacances sur l’île, est témoin du passage de la voiture qui a participé à ce meurtre. Elle s’engage dans cette enquête. Elle fait ainsi connaissance avec le capitaine Francesco Falcone, chargé de l’enquête. Le duo est conflictuel, Falcone ne supportant pas qu’elle s’immisce dans cette enquête, tout commissaire soit-elle !
12:26 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |