07/10/2020
Jamais tu ne me quitteras, de Chevy Stevens (Never Let You Go)
Une chronique de Cassiopée
Angoissant et palpitant
Si vous commencez ce livre un soir, prévoyez du temps car l’histoire est totalement addictive et vous aurez envie de tout savoir avant de dormir.
Dans la première partie du livre, on fait pas mal d’allers retours entre passé (sur plusieurs périodes) et présent. On découvre ainsi Lindsey qui a fui un mari jaloux, Andrew, pervers et maltraitant pour s’installer sur une île proche de Vancouver alors qu’il est en prison. Après avoir fui pendant des années, elle a enfin une vie qui lui semble équilibrée entre sa fille, Sophie, ses quelques amis et son travail. A-t-elle trouvé une paix durable ? Ce serait tellement bien… Mais voici qu’Andrew sort de prison et que de curieux événements se produisent. Lindsey a peur. Les a-t-il retrouvées ? Veut-il leur faire du mal, les voir souffrir ? Comment persuader la police de la dangerosité de son ex-époux ? Comment expliquer à Sophie qu’elle doit se tenir éloignée de lui, ne créer aucun lien, même si à dix-huit ans, elle a envie de retrouver le père qu’elle a aimé petite ? Sa mère la protégeait tellement qu’elle n’a pas perçu son côté manipulateur et violent…..
Lindsey a eu beaucoup de difficultés à s’en sortir, à faire confiance à nouveau. Alors, même si elle a avancé, elle reste malgré tout sur ses gardes, méfiante pour se préserver et préserver sa fille. Elle la couve beaucoup, la protège et a du mal à la voir grandir. Pourtant, c’est sa dernière année de lycée, elle ira à l’université et ne vivra plus quotidiennement avec sa maman. Lindsey est déstabilisée par des actes bizarres qui paraissent porter la « signature » d’Andrew. Elle a peur, le cauchemar recommence. Elle est en permanence sur le qui-vive. Faudra-t-il une fois encore fuir ? A qui faire confiance, à qui demander de l’aide ? La police ne peut rien prouver donc difficile d’arrêter Andrew sur des présomptions….
J’ai beaucoup aimé ce thriller. Sa construction en trois parties est intéressante. Les indications temporelles ou de personnages (Lindsey et Sophie s’expriment en disant « je » toutes les deux), situées en début de chapitres, sont claires et permettent de suivre facilement ce qui se passe. Le fait que le récit soit présenté à la première personne permet de pénétrer au cœur des pensées des deux femmes, de réaliser pleinement ce qu’elles ressentent et de sentir autant oppressées qu’elles. L’ambivalence des sentiments de Sophie envers son père est bien étudiée et démontre la complexité de la situation. On réalise aussi que la lycéenne grandit et que cela pose problème à sa mère qui a peur pour elle.
L’écriture fluide (bien traduite sans aucun doute par Philippe Vigneron), le rythme rapide et vif, le style vivant sont de vrais atouts pour ce recueil. Ce n’est pas la première fois qu’un auteur se penche sur la maltraitance conjugale mais Chevy Stevens va beaucoup plus loin et ça fait froid dans le dos. Elle a su compléter ce thème par un autre tout aussi important et diverses problématiques secondaires. Cela étoffe bien le récit et évite à son histoire de tomber dans des redites et des lieux communs. C’est vraiment bien pensé. Le côté psychologique des personnages est réfléchi, assez fourni. L’auteur nous offre différentes pistes, on ne sait pas trop qui est honnête ou pas. Pas mal d’individus semblent cacher quelque chose. De plus, le texte n’est pas linéaire, on ne sait pas tout dès le début, et ça maintient suspense et envie de lire encore et encore…. Si vous aimez les thrillers psychologiques, n’hésitez pas !
Traduit de l’anglais (Canada) par Philippe Vigneron
Éditions : L’Archipel (8 Octobre 2020)
ISBN : 978-2809839586
450 pages
Quatrième de couverture
Séparée de son mari qui lui faisait vivre l'enfer, Lindsey a de nouveau l'impression d'être espionnée et suivie jusque chez elle. Et si Andrew, son ex-mari, était revenu ?
22:17 Publié dans 02. polars anglo-saxons | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |