07/10/2020
Cannibale, de Danielle Thiéry
Une chronique de Cassiopée
Ce roman est rangé dans la catégorie « young adult » mais il peut être lu par des adultes car il est vraiment abouti et complet. Dans cette histoire, on retrouve des lycéens avec leurs problèmes de copinage, de jalousie etc … Roxane et Rafaël se connaissent depuis l’enfance et ont toujours été scolarisés ensemble, ils sont très amis, trop peut-être. Elle a un caractère particulier, assez dominateur et elle est exclusive dans ses relations. Quant à lui, on peut se demander s’il subit son emprise ou s’ils sont tellement proches qu’ils en sont devenus fusionnels et que cela suffit à son bonheur. Les autres camarades sont exclus de cette relation. Pendant une course d’orientation, organisée en lien avec le cours de sport, le binôme disparaît. Alors que l’inquiétude commence à grandir, seule Roxane réapparaît. Mutique, blessée, traumatisée, elle est hospitalisée. C’est là que le capitaine Antony Marin vient la voir pour les besoins de l’enquête. Mais elle reste « déconnectée » et il n’obtient rien d’elle.
Que s’est-il passé ? Où est le jeune homme ? Le policier aguerri sent que l’adolescente cache quelque chose. Il veut essayer de creuser mais se heurte au veto du corps médical. En outre, sa fille, Olympe, en classe avec Roxane et Rafaël, semble avoir des informations qu’elle ne partage pas avec son père. Est-ce parce qu’elle est un peu en froid avec lui. Sera-t-elle plus loquace avec son adjoint ?
Les investigations vont être menées principalement par Marin et son collègue Vaillant. Le premier, bien que depuis longtemps dans la police, doit refaire « ses preuves » car une de ses dernières interpellations s’est mal passée. Il est « bouillonnant », plein d’énergie, il « sent » les choses. Son intuition lui permet de décrypter ce qu’on lui tait mais ce dont il a besoin, ce sont des éléments tangibles. Difficile pour lui d’obtenir des résultats. Il voudrait pousser chaque personne qu’il interroge dans ses retranchements mais la plupart restent totalement hermétiques et entêtées.
Ce roman m’a beaucoup intéressée, notamment par l’approche psychologique des personnages. C’est réfléchi, travaillé, avec une analyse en profondeur captivante sur les déviances, psychoses ou syndromes divers. On s’aperçoit vite que les jeunes et les adultes n’ont pas le même regard sur les événements et c’est la que la famille Marin, père et fille, prend tout son sens. Les ados sont fragiles, il faut les apprivoiser, ne pas les bousculer pour obtenir quelques confidences. Il y a également toute la complexité des liens qui unissent les lycéens et les « codes » qui régissent leur façon d’être en groupe ou seuls face à leurs parents.
Danielle Thiéry a parfaitement décrit et présenté la place de chacun. Elle a instauré une atmosphère particulière, envoutante, qui permet au lecteur d’être rapidement scotché aux pages. On pénètre dans ce livre en spectateur et on se sent vite concerné que l’on soit jeune ou parent. Mensonges, manipulation, secrets de famille, obsessions, tout a son importance et chaque indice distillé semble nous rapprocher de la vérité. Mais quelle vérité ?
L’écriture de l’auteur, totalement addictive, est fluide, soignée. Le style est vif, prenant, avec ce qu’il faut de rebondissements pour maintenir l’intérêt. J’ai beaucoup apprécié le rythme de ce récit et le fait que, petit à petit, les personnalités se dévoilent. L’angoisse reste présente, on s’interroge sur le devenir de chacun, on est révolté parfois mais on serre les poings, espérant une issue heureuse….
C’est le premier recueil de l’auteur à destination d’un public plus jeune et elle s’en sort haut la main ! Je suis conquise et j’en redemande !
NB : surtout, ne vous laissez pas impressionner par le titre !
Éditions : Syros (8 Octobre 2020)
ISBN : 978-2748526820
386 pages
Quatrième de couverture
La nuit de la fête de la musique, une jeune fille est retrouvée au bord d'une route, incohérente et désorientée, incapable de dire qui elle est. Dans la forêt toute proche, un groupe de lycéens célèbrent le début de l'été, mais l'ambiance a du mal à décoller. Ils ont participé à une course d'orientation " sans portables ni objets connectés ", et deux d'entre eux manquent à l'appel. Personne n'a revu Roxane et Rafaël depuis le matin.
20:26 Publié dans 10. Polars jeunesse | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |