06/04/2025
Brazilian Playboy, de Joe Thomas (Playboy)
Le Brésil, tu l’aimes ou tu le quittes ?
L’auteur est né à Londres mais il a longuement vécu au Brésil. Il est donc « en terrain connu » lorsqu’il situe son roman à São Paulo, en Mars 2016. À cette époque, les manifestations contre ou pour la présidente Dilma Rousseff se multiplient. Réélue de justesse en 2014, certains l’accusent de corruption, d’autres la soutiennent, elle est sur la corde raide. Elle sera d’ailleurs destituée, pour maquillage de comptes publics, en Août de la même année.
Les habitants ne sont pas heureux, la ville est sous tension permanente. Les inégalités sociales, les magouilles, la chute libre de l’économie, tout cela mis bout à bout crée un climat malsain où chacun se méfie de tout le monde. La confiance est morte. À tel point que s’il leur fallait voter demain, les brésiliens ne sauraient pas vers qui iraient leurs voix. L’atmosphère est plutôt morose et de nombreuses personnes ne sont pas épanouies.
Dans ce livre, on a plusieurs entrées.
Les articles d’Ellie, journaliste d’investigation. Elle écrit dans un magazine en ligne et ose dire ce que certains pensent tout bas. Elle pose des mots sur les faits, sans langue de bois.
On suit également l’inspecteur Mario Leme de la police civile. Il est veuf et a une bonne amie dont il se sent amoureux. Alors qu’il se promène, un de ses indics l’aborde et l’envoie dans un parc pas loin. Il y découvre un beau gosse assassiné mais deux policiers militaires l’embarquent puisqu’il est le seul sur place. S’il ne veut pas être accusé, il faut qu’il comprenne ce qu’il s’est passé afin d’être innocenté.
On découvre également Roberta, une étudiante qui a un petit ami playboy.
Le mort du parc a tout d’un jeune homme plein aux as mais personne ne signale sa disparition, ce qui est vraiment bizarre. Où a-t-il pu récupérer sa fortune ? Est-il l’un des « doleiros », convoyeur virtuel qui blanchit et rapatrie l’argent sale ? Leme va devoir mener des investigations, discrètement, en ne se faisant pas piéger par des situations mises en scène pour le coincer. Il doit naviguer entre ceux de tout bord qu’il côtoie et ce n’est pas évident car cela lui demande beaucoup d’adaptation.
Les personnages sont présentés en quelques lignes mais c’est suffisant pour percevoir leur caractère et les cerner et on se questionne sur leurs choix, que vont-ils faire ? Qu’aurait-on fait à leur place (déménager ?)
Avec une écriture sèche (merci au traducteur), sans fioriture, des descriptions précises, pointues et une ambiance tendue où la tension monte, Joe Thomas nous présente une ville gangrénée par la débauche. La moralité n’est pas une priorité, et quelques-uns entendent bien diriger les événements à leur guise sans se soucier des dégâts collatéraux. Les policiers se laissent acheter, les malfrats ont des accords avec les gouvernants, peu sont dignes de confiance et ceux qui le sont peuvent s’interroger. Où se situe le risque d’être trop honnête ?
Entre la « vision idéologique » du gouvernement sur l’absence de corruption dans le pays, et la réalité du terrain où la plupart s’accordent à dire qu’elle est systémique, il y a un gouffre. Où est la vérité ? Probablement entre les deux …
Mêlant avec brio faits réels et fiction, ce récit exigeant demande une attention soutenue au lecteur afin d’en percevoir tous les aspects. Il est particulièrement réussi.
NB : en fin d’ouvrage, un glossaire pour les expressions brésiliennes.
Traduit de l’anglais par Jacques Collin
Éditions : Seuil (4 Avril 2025)
ISBN : 978-2021569834
290 pages
Quatrième de couverture
Mars 2016, São Paulo. Alors que la campagne pour la destitution de la présidente Dilma Rousseff bat son plein, l’Avenida Paulista est prise d’assaut par ses sympathisants, opposés aux forces de l’ordre. Sur la Praça Alexandre de Gusmão gît le corps ensanglanté d’un jeune homme de bonne famille. L’inspecteur Mario Leme, rencardé par un indic, est le premier sur les lieux. Sans attendre, la police militaire l’embarque, bien décidée à lui faire porter le chapeau. Leme n’a pas le choix : s’il veut s’innocenter, il doit identifier la victime et le meurtrier.
14:47 Publié dans 02. polars anglo-saxons | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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