12/12/2011
Loup, y es-tu ?, d'Alexis Lecaye
Une chronique de l'oncle Paul.
En arrivant à l’école ce matin-là, Jérôme qui est instituteur, ne pensait certes pas qu’il allait être le héros malgré lui d’une machination particulièrement perverse.
Il a passé une nuit agréable en compagnie de Muriel, sa maîtresse qui est mariée avec Hervé Wilson. Durant la nuit, alors qu’il prenait l’air à la fenêtre, il a bien pensé que quelque chose d’anormal flottait dans l’air mais sans vraiment s’y attarder. Et ce matin donc, il se retrouve nez à nez devant Caitlin qui fut son amante douze ans auparavant. Elle conduit son fils, Jérémie, en classe. Elle vient d’aménager à Lorient et c’est la première journée de classe du gamin de onze ans. Caitlin est avocate et est associée à Bénédicte. Elle donne sa carte, pur réflexe professionnel, à Jérôme puis se dirige vers son étude. Soudain Jérôme reçoit un appel téléphonique sur son portable. Le numéro affiché correspond à celui de Muriel mais c’est un homme qui est en ligne. Il lui apprend que Muriel est en danger face à son mari furieux. Sans réfléchir Jérôme quitte l’école après avoir confié sa classe à une collègue et il se rend immédiatement chez les Wilson. Il s’engouffre dans le parc et suivant les indications de son correspondant se dirige vers le fond du jardin. Il ne va pas bien loin, ressentant une douleur à la nuque.
Lorsqu’il se réveille dans son lit une heure plus tard il s’inquiète. Il est en retard. Lorsqu’il arrive dans l’établissement il est tout étonné d’apprendre par le concierge et ses collègues qu’il était déjà venu le matin. Il y a un trou dans sa mémoire, dans son emploi du temps. Entre son réveil et son retour à l’école.
Il rappelle Muriel sur son portable mais la voix de la femme qui lui répond n’est pas celle de sa maîtresse. Alors il décide de se rendre à nouveau au domicile de la jeune femme mais tout un attroupement de policiers est déjà sur place, ce qui lui fait perdre ses moyens. Il s’enfuit lorsque l’un des flics porte la main à son arme. Il est paniqué surtout lorsqu’un nouvel appel émanant du commandant Rodolphe Marquez lui enjoint de rendre au commissariat. Jérôme décide de contacter Caitlin, après tout elle est avocate. Et elle peut éventuellement l’aider, car Jérôme possède une casserole accrochée à ses basques. Cela s’est produit il y a longtemps, mais elle risque de résonner dans l’enquête qui est déclenchée. Le petit frère de Jérôme a été victime d’une bavure et le flic qui lui a tiré dessus n’a pas été inquiété. Mais le plus grave, c’est ce qui s’est déroulé ce jour là. Le mari de Muriel a été pendu et celle-ci a disparu. Aucun doute pour les forces de l’ordre : Jérôme est le coupable et il a caché le cadavre de Muriel après l’avoir tuée. Sur les conseils de Caitlin, il se rend au bureau de l’avocate mais il est assommé par l’associée de son ex-amie.
D’autres disparitions et meurtres inquiétants ont défrayé la chronique quelques années auparavant. L’une des victimes fut sa maîtresse durant quelques mois. Curieuse coïncidence selon le juge qui n’hésite pas à l’envoyer en prison à la place d’un autre détenu qui était soupçonné des meurtres et des disparitions précédents. Jérôme est englué dans une sombre machination dont il est la cible mais il ne comprend pas pourquoi. Une reconstitution du ou des crimes est envisagée mais elle ne pourra pas avoir lieu. Le véhicule qui transporte Jérôme et les policiers sort mystérieusement de la route et il peut s’évader. C’est à lui de démontrer qu’il est innocent et il est bien décidé à faire toute la lumière sur cette affaire d’autant que sa mémoire défaillante se remet peu à peu en place et lui permet de se souvenir d’éléments susceptibles de démontrer son innocence.
Si le début de cette histoire parfaitement maîtrisée par Alexis Lecaye, dans un enchainement subtil de rebondissements, peut laisser supposer à une intrigue soigneusement élaborée façon William Irish, bientôt le lecteur découvre d’autres facettes car Jérôme va trouver des alliés dont il n’a pas conscience. Si le commandant Rodolphe Marquez s’érige en policier obtus, borné, imbu de sa fonction sans essayer de réfléchir, il n’en va pas de même de son adjointe Pauline qui relève des incohérences dans ce qui se trame autour du coupable présumé. Mais d’autres policiers commettent également des erreurs. La psychiatre auprès de laquelle Jérôme est astreint de passer des visites elle aussi tique sur les confusions dans le déroulement des événements. Le juge lui est persuadé, sans preuve, des crimes imputés à Jérôme, comme il l’était lors de la précédente arrestation, ce qui bien évidemment nous renvoie à une célèbre affaire qui s’est déroulée il y a quelques années dans le Pas-de-Calais. Quant à Caitlin elle oscille entre deux conjectures : coupable ou non coupable. Cruel dilemme. Tout concourt à accuser Jérôme et justement ce sont ces accumulations qui plaident en son innocence. Alexis Lecaye pointe du doigt les défauts et erreurs des policiers et du juge qui n’essaient pas de voir plus loin que le bout de leur nez. Ils ont un coupable sous la main, pourquoi aller chercher ailleurs ? Et c’est comme ça que bien des innocents croupissent en geôle malgré leurs dénégations, car ils ne peuvent pas apporter la preuve de leur innocence.
Paul Maugendre (oncle Paul), son blog !
Loup y es-tu ?
Alexis LECAYE
Collection Grands Formats ;
éditions du Masque.
345 pages. 18€.
14:23 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |