14/12/2011
Le sceau de l'ombre, de Marie Vindy
Une chronique de Jacques
Le sceau de l’ombre fait partie des polars qui privilégient les personnages et « l’atmosphère » à l’enquête. En effet, même si celle-ci est habilement construite, elle semble n'être qu'un prétexte permettant à l’auteur de se poser une question précise : lorsqu’un flic enquête sur des meurtres particulièrement horribles, qu’il côtoie l’horreur la plus radicale, peut-il en sortir intact ?
Quand Simon Carrière, commandant de police à Dijon, reçoit une femme qui vient déclarer une « disparition inquiétante », celle de sa fille, il n’imagine pas dans quelle affaire rocambolesque il va être entrainé. Deux corps sans tête, atrocement mutilés, sont retrouvés. Les victimes sont Bertrand Royer, médecin au CHU, et Nathalie Lemoine, sage-femme au même CHU, qui a été sa maitresse.
Simon va être aidé dans son enquête par une profileuse expérimentée, Marie-Shan Li. Très vite, et malgré ses réticences, celle-ci va rapidement lui faire profiter de son expérience et lui permettre de découvrir une piste prometteuse. D’autres victimes sont découvertes peu après, et le mode opératoire utilisé laisse penser à un tueur en série.
Au fil des pages, Marie Vindy nous dévoile la lente dérive professionnelle de Simon Carrière, qui va commencer par vivre une sorte de crise existentielle avant de sombrer peu à peu dans un désespoir extrême.
L’adjointe de Simon Carrière, Marion Zunca, est un des personnages attachants du roman. Elle est aussi un des éléments qui vont faire, et cela bien malgré elle, basculer le flic dans un dégout de son métier qui va aller croissant jusqu’à la fin du roman. Pendant que le couple de Simon se défait doucement, une relation va (peut-être ?) s’établir entre Marion et Simon. Quel est son avenir ? Le flic alcolo et dépressif pourra-t-il retrouver dans cette relation un nouvel équilibre ?
L’auteur s’est attaché à une description psychologique précise et fine du personnage principal, à son évolution jusqu’au bord du gouffre dans lequel il est irrésistiblement poussé. Cette évolution du personnage est un des enjeux de l’histoire que nous raconte Marie Vindy, en même temps qu’elle nous plonge dans les détails très précis et finement analysés de l’enquête policière.
Ce roman solide, bien construit, comporte tout de même une curiosité : au tout début de l’histoire une journaliste rencontre Simon pour lui demander de raconter ce qu’il sait de l’enquête. Le roman est censé être le fruit de ses révélations. En fait, nous ne reverrons la journaliste qu’à la fin du récit, après les cinq heures d’entretien recueillis auprès du policier. Le procédé semble un peu artificiel et on n’en voit guère l’utilité pour le lecteur. Fort heureusement, il n’enlève rien aux qualités du livre !
Le sceau de l’ombre
Marie Vindy
Editions Krakoen
362 pages ; 12 €
Présentation de l’éditeur.
Quand une jeune reporter se présente à son domicile, le commandant de police Simon Carrière n’est pas surpris. Femmes violées, corps décapités, le retentissement de cette barbarie dans l’opinion publique avait été énorme. Il aurait été bien étonnant qu’aucun journaliste ne veuille cuisiner le flic de la PJ de Dijon qui avait mis un terme à cette affaire. Econduira-t-il cette «pisse-copie»?
Non ! trop de souvenirs douloureux le rattachent à cette enquête, trop de drames ont fait de lui un homme brisé. Simon Carrière va relater les faits dans les moindres détails, livrer sa vérité.
Cela suffira-t-il à conjurer les tourments de sa mémoire ?
16:43 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |