Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

19/02/2012

La théorie du panda, de Pascal Garnier

theorie_du_panda.jpgUne chronique de Bruno

« La théorie du panda » est le second roman de Pascal Garnier que j'aurai eu le plaisir de chroniquer en l’espace de quelques semaines. Je ne peux m’empêcher, en refermant celui-ci, de penser combien la mort peut être une confiscation pour les vivants.

Celle d’un auteur par exemple, qui en cette période de déliquescence citoyenne, où l’on nous explique qu’il nous faut plus de libéralisme pour lutter contre les méfaits de celui-ci, où en période de soldes, il est permis de décocher quelques mandales à la face d’un gamin plus rapide que soi pour mettre la main sur le dernier écran plat bradé à l’ouverture du magasin , ou qui veut encore, lorsqu’un bateau coule qu' on sauve d’abord le capitaine.

 Bref, le père Garnier aurait sans doute encore eu plaisir à croquer les travers de ses semblables, à relever toute la noirceur de cette société qui court droit dans un mur les yeux grands ouverts.

Et de noirceur il en est question dans « La théorie du panda ». Autant « Lune captive dans un œil mort » était caustique à l’endroit de l’homme moderne enfermé dans sa bulle sécuritaire, autant celui-ci touche à ce que l’homme peut avoir de plus sombre en lui. L’un était d’un humour grinçant et acide, celui-ci touche au désespoir qui peut parfois s’inscrire en filigrane de nos existences.

Il est arrivé sur le quai, son sac sur l’épaule. Le genre d’homme qui se fond dans le décor, qui passe inaperçu. Une ombre parmi les ombres. Il ne dit rien, n’est curieux de rien et ne demande rien. Il est juste de passage. Pour un jour ou deux, un peu plus peut être.

Il en va des gens qui traversent nos vies comme des étoiles filantes qui déchirent le ciel : un passage fugace qu’on saisit à peine. Mais parfois quelques uns retiennent l’attention.

C’est le cas pour Gabriel, c’est son nom, qui rentre dans vos vies juste en poussant la porte, sans effraction. De ces êtres dont la simple présence vous rassure, vous met en confiance, vous libère de vos secrets et vous pousse à vous livrer.

Le genre d’individu qui apporte, par de petits gestes, un peu de lumière sur une vie routinière qui a perdu au fil du temps sa saveur et son sens. C’est José le patron du bar restaurant, esseulé depuis que sa femme est hospitalisée pour qui il fera quelques repas qu’ils partageront ensemble. De Madeleine, la réceptionniste de l’hôtel où il a pris une chambre, qu’il emmènera au restaurant et qui tombera secrètement amoureuse de lui. De Rita et Marco, un jeune couple à qui il rachètera un vieux saxophone pour qu’ils se fassent un peu d’argent, et qu’il offrira aux jeunes enfants de José. Tout ce petit monde se retrouve à partager des miettes de bonheur.

Il y a ce panda. Cet énorme ours en peluche que Gabriel a gagné à la foire et qui trône sur le bar de José. Un ours figé dans un sourire perpétuel. Témoin heureux de ces instants partagés, ou moqueur de ce qui semble n’être qu’un fétu de bonheur condamné à partir en fumée ?

Car dans cette douceur partagée, quelque chose est bancal. Gabriel ne se livre pas. Pourtant il pense, se rappelle, des bribes d’une vie qui fut la sienne, une vie explosée dont il porte les séquelles et dont il est un survivant.

Un survivant au milieu de condamnés en sursis. Car le bonheur est une peine, une condamnation qui peut être capitale. Gabriel lui, n’est plus que de passage. Dans les lieux qu’il traverse, dans la vie. Sur son dos son sac, ses failles et le gouffre abyssale d’une souffrance dont il ne peut se délester et qui le reste vivant.

« Fuir le bonheur avant qu’il ne se sauve »chantait Gainsbourg,.... quitte en payer le prix.
Encore une fois je suis conquis par cet auteur qui a laisse une grande place vide derrière lui.
Un auteur à avoir impérativement dans sa bibliothèque.

Le blog de Bruno : http://passion-polar.over-blog.com/

Présentation de l'éditeur.
Gabriel, un homme énigmatique au passé douloureux, échoue dans une ville isolée de Bretagne. Il s'installe à l'hôtel et tisse des liens avec les habitants : une réceptionniste d'hôtel, un couple de junkies et José, le patron du bar local. Gabriel offre son temps à ceux et celles qui viennent à lui, sans se méfier des secrets qu'il dissimule. Que fuit cet homme, hanté par de sinistres souvenirs ?