09/06/2012
Nostalgie quand tu nous tues, de Rodolphe Fontaine
Une chronique de Cassiopée.
Une couverture sobre, un titre écrit à la verticale, une petite photo en noir et blanc et un livre qui tient bien en mains pour deux cent vingt sept pages qui s’enchainent rapidement…
On a tous, dans nos tiroirs, quelques photos de classe, un peu cornées ou dont les couleurs sont ternies. Parfois, on les regarde, se demandant qui est le boutonneux du premier rang, le grand qui se cache derrière les autres ou celle qui porte des lunettes avec un air de première de la classe. Et puis, il y a les autres, ceux dont on se souvient très facilement. Ceux-là n’étaient pas « transparents ». Une caractéristique les faisait se détacher du groupe classe. Soit parce qu’ils avaient une passion, un désir profond, soit parce que leur physique était « marquant », soit parce qu’ils étaient régulièrement pris à partie par l’un ou l’autre des élèves pour une raison le plus souvent assez floue.
Marius Korda, commandant de police, reçoit un dossier sur un homme mort qui a été retrouvé près d’un pont. Il est persuadé de l’avoir vu récemment lorsqu’il était avec son meilleur ami, Hippolyte, (ils étaient au lycée ensemble).
De fil en aiguille ou plutôt de coups de fil en coups de fil, les deux hommes vont se retrouver face à une situation totalement complexe.
Le mort semble vivant, d’autres personnes de leur lycée ou plus précisément de leur classe semblent visées. Et s’ils étaient les prochains sur la liste ?
Émaillés régulièrement de maximes et de références musicales glissées d’une façon subtile dans le texte, ce roman mérite le détour.
Les deux amis ont des personnalités intéressantes. Hippolyte a l’impression de ne plus exister lorsqu’il est avec Marius près de femmes, en effet, dans ces cas-là, elles ne regardent que son ami.
Malgré tout, pas de jalousie entre les deux hommes.
Ils ne sont pas toujours d’accord, leur fonctionnement dans la vie quotidienne n’est pas tout à fait le même et chacun des deux porte une blessure secrète (surtout Marius d’ailleurs et ce qui le fait souffrir est amené avec une délicatesse emplie de pudeur et laisse imaginer qu’on pourra le retrouver dans un autre opus) mais ils se respectent et sont inquiets l’un de l’autre.
Les voilà tous deux embarqués dans leurs souvenirs…. Les sites sont légion pour retrouver les copains d’autrefois et avec internet les liens se (re)créent très vite, cliquer sur ******et vous accepterez ******. comme ami. (Je l’ai bien connu au lycée, qu’est ce que je risque ?)
Ils vont donc reprendre contact avec leurs amis des années lycées et s’apercevoir très vite que les morts se succèdent dans leur petit groupe. Hasard ou volonté de tuer ?
Qui, comment et pourquoi ?
L’écriture de Rodolphe Fontaine est fluide, agréable à lire. Les chapitres se suivent sans aucun problème. La relation entre les deux amis, avec des « codes » bien masculins apportent un plus à l’intrigue. On peut reprocher sur la fin, deux ou trois événements qui sont peut-être un peu exagérés mais ils n’entachent en rien le déroulement global d’une aventure bien campée.
Il présente certains passages de ses chapitres d’une façon originale.
Comme ça.
Avec des retours à la ligne.
Pas toujours des verbes, parfois peu de mots.
Et je trouve ça très bien.
Pourquoi ?
Parce que ça donne une vie différente aux mots, un rythme qui n’est plus le même lors de la lecture.
Rodolphe Fontaine a de beaux jours devant lui car son écriture si elle n’en est qu’à ses balbutiements, laisse présager de belles pages...
Cassiopée
Titre: Nostalgie quand tu nous tiens
Auteur: Rodolphe Fontaine
Editions: Les deux encres
Collection: Sang d’encre (suspense)
Nombre de pages : 230
ISBN : 978 2 35168 452 8
Quatrième de couverture :
Lorsqu’un corps sans vie est retrouvé à Rouen, au pied du pont Flaubert, le commandant de police Marius Korda est persuadé d’une chose : il a déjà croisé la victime lorsqu’il était en compagnie de son meilleur ami, Hippolyte Delyon. Alors que l’enquête n’en est qu’à ses balbutiements, un nouveau meurtre est commis et les deux amis se rendent compte que le passé des victimes est lié au leur.
Peu à l’aise dans cette affaire, Marius n’hésite pas à mandater Hippolyte pour mener des investigations non officielles. Mais le résultat de ces dernières pose un véritable problème : celui par qui les crimes sont perpétrés semble être la première victime de cette série de meurtres…
07:26 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |