06/05/2013
Les apparences, de Gillian Flynn
Une chronique de Liliba.
Un couple, au bout de quelques années de mariage, ça commence souvent à se chamailler. On voit (enfin) les défauts de l’autre alors que l’on était aveuglé par l’amoûûûûr, on commence à s’énerver mutuellement pour finir par ne plus supporter ce qu’on avait adoré, ces qualités qui deviennent des défauts insurmontables. Eh oui, tel est le lot de nombre d’entre nous, et certains arrivent à passer le cap (un an, trois ans, cinq ans ou sept ans, c’est selon !) et d’autres ont un mal fou à se retrouver et au contraire semblent tout faire pour que tout éclate.
Et c’est encore plus difficile de passer ce cap quand on est considéré comme un couple modèle comme Amy et Nick. Il faut dire qu’Amy n’est pas seulement une ravissante jeune femme de 38 ans, mais aussi l’Epatante Amy, héroïne des romans à succès écrits par ses parents sur une enfant puis une jeune fille qui lui ressemble trait pour trait. Nick quant à lui est beau garçon et tout leur sourit quand ils se rencontrent à New York et se marient.
Mais Nick perd son emploi de journaliste, puis c’est quelques mois plus tard au tour de Amy et ils décident d’émigrer dans le Missouri pour aider la maman de Nick qui est gravement malade. Si leurs relations avaient déjà commencé à être moins harmonieuses au bout de la troisième année de mariage, elles deviennent carrément tendues dans ce coin du bout du monde auquel Amy ne s’habitue pas, tout comme elle ne reconnaît pas en Nick l’homme qu’elle avait épousé. Il a ouvert un bar avec sa sœur jumelle, retrouve ses anciens copains tandis qu’elle tente timidement de faire son trou.
Le roman débute le jour de leur 5ème anniversaire de mariage et c’est là que tout va basculer. C’est là que pour l’un et l’autre la vie va prendre des chemins différents, auxquels jamais ils n’auraient pu songer. C’est là qu’ils vont devoir se révéler et montrer – aux autres, mais aussi à eux-mêmes – quelle est leur véritable personnalité, leur moi profond. C’est là que les apparences vont se briser comme un miroir dans lequel on aurait donné un coup de poing, et que tout va s’écrouler.
Vous trouverez sur le net des dizaines – que dis-je, des centaines de billets – (77 sur Babelio !) de blogueurs qui ont lu le roman avant moi si vous voulez des détails. Pour ma part, pas un mot de plus sur cette histoire, qui m’a tenue scotchée du début à la fin. J’ai totalement adoré ce thriller qui, bien que très américain, m’a fait vibrer et trembler au plus haut point. Pas de psychopathe sanguinaire, pas de victime apeurée et hurlante ni de vilain flic borné et patibulaire ici, pas non plus de détails sanglants, de scène de crime atroce, de cadavres purulents à disséquer. Mais une angoisse latente qui monte, monte, une sorte de terreur psychologique dont on ne peut se débarrasser, des soupçons, et une peur qui jamais ne redescend pour Nick, son couple, sa vie.
Alors voilà, on part d’une bête histoire de couple et on se retrouve confronté à un drame terrible, à la folie, à la peur… On croit connaître les gens et on se goure magistralement, et on pense deviner où l’auteur veut nous emmener et on se fait retourner comme un crêpe par des rebondissements inattendus qui font prendre tout leur sens à l'histoire...
Vous l’avez compris, j’ai aimé, j’ai adoré, j’ai dévoré. Bravo Madame Flynn !
Juste un mini tout mini bémol : moi qui n’aime pas la violence, pour une fois, j’aurais bien aimé qu’il se passe quelque chose de très violent et de définitif dans la toute dernière page…
Et surtout, surtout, ne vous fiez plus jamais aux apparences...
Un roman paru chez Sonatine, un gage de qualité !
Liliba : les lectures de Lili...
Les apparences
Gillian Flynn
Editions Sonatine
573 pages ; 22 €
09:56 Publié dans 02. polars anglo-saxons | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |