21/07/2020
Parti en fumée, de John Marrs (When You Disappeared)
Une chronique de Cassiopée
Simon et Catherine se connaissent depuis leur adolescence. Ils sont mariés et vivent dans une maison avec leurs enfants. Mais la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Récemment, un drame a ébranlé leur couple. Il leur a fallu beaucoup d’énergie, de courage, pour continuer à avancer mais maintenant ça va mieux. C’est ce qu’on imagine en lisant les premières lignes, mais on sent comme une faille, une légère rayure et il ne faudrait pas qu’elle augmente ….
Un matin, Catherine se lève. Simon doit déjà être parti au boulot, ou alors il a choisi, comme cela arrive, de faire un jogging avant d’enchaîner avec son activité professionnelle. Pourtant dans la matinée, son associé le cherche et de ce fait, sa femme s’interroge. La journée passe, toujours rien … On ne le retrouvera jamais et il faudra que l’épouse et mère de trois enfants tienne le cap malgré la douleur de l’absence.
Vingt-cinq ans plus tard, Catherine reçoit une visite… C’est Simon qui réapparaît. Que s’est-il passé pendant toutes ces années, que veut-il, pourquoi maintenant et pas avant ou plus tard ?
A partir de là, le roman vous prend dans ces rets et vous ne pouvez plus le lâcher. Chacun des deux personnages va prendre la parole tour à tour et le lecteur va découvrir tout ce qui s’est déroulé depuis la disparition … Est-ce qu’ils se sont reconstruits ? Tant de questions se bousculent en nous et en eux, on voudrait tout savoir vite, mais il faut du temps pour raconter un quart de siècle avec deux points de vue….. Alors, on lit et on oscille entre tout un tas de sentiments, on se demande où est la vérité. Sans arrêt l’un ou l’autre fait une révélation et nos certitudes vacillent. Ce roman est vraiment abouti car il sera nécessaire d’attendre les dernières pages pour que s’emboîtent les pièces d’un gigantesque puzzle dont nous n’avions que de vagues contours qui en plus, n’étaient pas les bons.
Ce qui est intéressant, c’est de constater qu’une communication erronée, de l’incompréhension, peuvent avoir des conséquences terribles non seulement sur les personnes concernées mais également sur les autres, à la manière des dommages collatéraux. Les raisons qui poussent les individus à agir sont multiples, parfois une mauvaise interprétation déclenche des actes regrettables, à d’autres moments, il s’agit d’un concours de circonstances, d’un geste ou d’une parole malencontreuse. On ne peut pas tout maîtriser.
Il y a peu de protagonistes, c’est presque un huis clos qui se joue dans cette cuisine où l’ex couple se raconte, mais comme chacun explique ce qu’il s’est passé, ceux qui les ont accompagnés apparaissent au fil des pages. J’ai admiré la combativité de Catherine, sa volonté de donner toujours le meilleur d’elle-même. Simon est un être plus torturé, qui ne trouve que rarement le repos. Les personnalités sont ambivalentes, leur part d’ombre les empoisonne de temps à autre. Un petit bémol pour quelques invraisemblances à mon avis mais bon….
Cette lecture a été pour moi une belle découverte. L’écriture et le style sont fluides, le contenu très prenant. L’auteur sait nous captiver en distillant les informations au compte-goutte. Il aborde de nombreux thèmes, la jalousie, la colère, le deuil, l’orgueil, le poids de la famille, l’amitié, la résilience, l’envie…..
Un grain de sable a tout fait basculer pour ces deux-là, comme l’effet papillon. Est-ce pour le meilleur ou le pire ? Quelles auraient été leurs vies si rien n’avait enrayé le cours de leur quotidien ?
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Nordine Haddad
Éditions : Thomas & Mercer (21 juillet 2020)
420 pages
Quatrième de couverture
Un matin, Catherine se réveille seule dans son lit. Elle ne s’inquiète pas, convaincue que son mari est allé courir avant de se rendre au travail, comme il en a l’habitude.
Mais cette fois, Simon n’arrivera jamais au bureau. Ses baskets sont devant la porte et rien ne manque à part lui. Très vite, Catherine pressent qu’il lui est arrivé quelque chose : il n’avait aucune raison de disparaître ainsi.
11:20 Publié dans 02. polars anglo-saxons | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |