20/04/2022
Sherlock Holmes et les protocoles des Sages de Sion, de Nicholas Meyer (The Adventure of the Peculiar Protocols)
Une chronique de Cassiopée
Le Docteur Watson est le fidèle ami du détective Sherlock Holmes, il l’aide même à résoudre certaines affaires en jouant un rôle actif à ses côtés. Il paraît qu’il écrit un journal et Nicholas Meyer, par un concours de circonstances à découvrir dans l’avant-propos, se retrouve avec une partie de ses écrits. En résulte ce nouveau roman, pastiche holmésien.
Janvier 1905, Mycroft, frère de Sherlock, l’invite avec Watson au club Diogène. Un drôle de lieu où les hommes ont une discussion assez brève. Les deux convives récupèrent des documents qu’une agente britannique assassinée avait avec elle. Il s‘agit des Protocoles des Sages de Sion (texte inventé de toutes pièces par la police secrète du tsar et publié pour la première fois en Russie en 1903. Ce faux se présente comme un plan de conquête du monde établi par les Juifs et les francs-maçons). Une histoire totalement nouvelle, un cas inédit pour les deux compères. Ils vont mener une double-enquête à la fois sur le meurtre de la femme et sur les protocoles pour comprendre ce qui les a inspirés et ce qu’ils peuvent apporter (ou pas) comme danger.
Mêlant habilement le compte-rendu de Watson (avec des pages manquantes ; -) bien à propos), faits réels et fictifs, l’auteur nous entraîne dans l’Orient-Express et nous fait voyager. Explications, fines analyses, suppositions, hypothèses, Nicholas Meyer s’appuie sur tout cela pour nous faire pénétrer dans un univers que Conan Doyle ne renierait pas. C’est très fort et parfaitement bien pensé.
L’écriture fluide, le style vivant permettent au lecteur de s’imprégner de l’atmosphère, du décor, c’est très visuel. Je croyais voir les sourires en coin, les moustaches masculines, les regards échangés, les gestes presque cachés mais vus…. Les images défilaient sous mes yeux, et dans le train, je visualisais les lieux, les scènes. Le pouvoir descriptif de l’auteur est de qualité.
En ce qui concerne les personnages, j’ai apprécié les pointes d’humour pour parler de certains que ce soit pour le caractère ou autre chose. Ils ne sont pas neutres et tissent des liens surprenants parfois et comme dans la vraie vie, parfois on se doute que… et parfois pas du tout.
L’enquête, quant à elle, est particulière. On n’est pas face à une rapide course-poursuite ou à de dangereux malfrats hyper violents. C’est beaucoup plus dans le « non palpable », dans l’étude de chaque indice, de chaque situation que Watson et Sherlock s’investissent. Ils sont en compagnie d’une jeune femme qui traduit le russe et qui n’est en rien une quantité négligeable, bien au contraire.
Si ce récit n’a pas un rythme trépident, il est très intéressant. Les allusions historiques m’ont donné le souhait de creuser ce que j’ai appris, notamment sur les Protocoles de Sion et sur les relations entre les pays de l’époque. On est au seuil de la première guerre mondiale et on sent les prémices de quelques petites choses qui ne rassurent personne….
Cette lecture m’a dépaysée. L’originalité de l’introduction, la cadence plutôt lente qui peut malgré tout provoquer des accélérations cardiaques quand on s’interroge sur le devenir des protagonistes, le phrasé typique, tout cela m’a permis de passer un excellent moment !
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Sophie Guyon
Éditions : L’Archipel (14 Avril 2022)
ISBN : 9782809842173
274 pages
23:12 Publié dans 02. polars anglo-saxons | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |