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19/04/2019

Sans mon ombre, d'Edmonde Permingeat

sans mon ombre.jpegUne chronique de Cassiopée

« Sans mon ombre », c’est l’histoire de deux jumelles, Alice et Célia. Physiquement, ce sont deux gouttes d’eau, bien malin qui pourrait déterminer qui est qui. Côté caractère, c’est autre chose, l’une, Célia est mariée, mère de deux filles. Non diplômée, elle consacre énormément de temps à sa famille et à de nombreuses « bonnes œuvres » dans la paroisse ou ailleurs. Elle vit dans un certain luxe, entouré d’amis issus « de la haute ». L’autre, Alice, est professeur de philosophie, elle brûle la vie par les deux bouts et multiplie les amants. Leur mère (qui à mon avis, a fait une première erreur en prenant deux prénoms « anagrammes ») les a comparées lorsqu’elles étaient petites (prends donc exemple sur ta sœur) et a ainsi, incidemment, mis en place un climat délétère qui n’a fait que s’amplifier. Malgré sa réussite en tant qu’enseignante, Alice envie sa jumelle, le train de vie qu’elle mène et le fait qu’elle ait du temps pour elle. Cette jalousie la ronge, l’empoisonne, la détruit. Aussi, lorsqu’une dispute tourne mal et que sa sœur décède sous ses yeux, suite à une mauvaise chute sans témoin, elle saisit l’occasion de prendre sa place. Elle qui a son franc parler mais qui ne supporte pas les fautes de français, un style vestimentaire assez mode, qui aime choisir ses activités, qui ne sait pas cuisiner, va-t-elle réussir à se « couler » dans son nouveau « rôle », celui d’une maman dévouée, qui va à des réunions Tupperware, tient des stands à la kermesse, après avoir préparé des gâteaux ? Chasser le naturel….

Alice va vite découvrir que la vie de Célia n’était pas aussi lisse qu’elle le croyait. Des tas de choses à prévoir, organiser, des amis qui n’en sont pas, des manigances, des chantages, des trahisons, des adultères, ce monde de snobs est un peu caricaturé car on y retrouve tous les cas de figures. Et on assiste aux erreurs d’Alice qui parfois se raccroche aux branches, qui d’autres fois, assume comme si Célia se décidait à être rebelle. Rien ne sera simple, ni facile, elle doit ruser, composer, et se demande si elle a fait le bon choix. Cet échange va lui permettre de faire le point sur sa vie, mais également de découvrir sa frangine par l’intermédiaire d’un journal intime qu’elle récupère. Le lecteur ne connaît pas Célia mais au fil des pages, sa personnalité se dessine, par l’intermédiaire des gens qui parlent d’elle ou qui dialoguent avec Alice en la prenant pour elle.

Ce roman est intéressant pour l’analyse de la relation de la gémellité, des relation amicales ou familiales (que de faux semblants) mais également pour le cheminement d’Alice qui va évoluer, chercher la rédemption après avoir détesté « son alter égo ».

L’écriture d’Edmonde Permingeat est très plaisante, fluide. Elle est régulièrement rythmée par les pensées d’Alice, écrites en italiques, qui sont teintées de cynisme de bon aloi et parfois assez amusantes. Cela « désacralise » le côté sérieux du récit et apporte une bouffée de fantaisie. Le contenu monte en puissance au fil des chapitres. Si l’échange peut faire sourire au début avec les gaffes de l’usurpatrice, on sent rapidement que l’ambiance va aller en se détériorant, que la pression va monter et que l’aspect psychologique va prendre de plus en plus de place.  La présentation de l’évolution d’Alice est une réussite et permet de pardonner l’aspect un peu «caricatural » de certains personnages (comme la belle-mère qui est horrible).

J’ai beaucoup apprécié cette lecture et le style vif de l’auteur. C’est une belle découverte !

 

Éditions : L’Archipel (17 Avril 2019)
440 pages

Quatrième de couverture

Dans un accès de violence, Alice tue sa sœur, Célia. Alors que tout les opposait, Alice décide de prendre la place de la morte. Saura-t-elle donner le change et que découvrira-t-elle de l’autre côté du miroir?