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23/08/2023

Les Pyromanes, de Vincent Delareux

Pyromanes.jpg« Les pyromanes » est le deuxième livre de Vincent Delareux. Mais, il nous présente l’histoire de deux personnages évoqués dans le premier « Le cas Victor Sommer ». Soyez rassuré, on peut aisément les lire séparément !

Une chose est sûre, l’auteur est monté en puissance, tant dans le style, la construction de l’intrigue, que dans les liens établis entre les individus et la description de cette « micro société » représentée par une petite bourgade normande.

Dans ce village, un peu à l’ancienne, tout le monde se connaît, sait les travers de chacun, pourrait dénoncer des faits délictueux mais se tait. On est en 1952, le curé a encore une place primordiale, comme les anciens qu’on écoute …ou pas. La règle c’est de ne pas s’occuper des affaires des voisins, on peut les espionner, cancaner éventuellement sur leur dos mais en apparence, tout reste lisse. Thérèse Sommer est mariée à Serge, souvent absent à cause du boulot, il est sur l’eau mais n’en boit jamais…. Comme l’époux ne rentre pas tous les soirs au logis, elle en profite car « L’adultère était son credo et le vice sa vertu ». Fière de son corps, obnubilée par le sexe, elle reçoit chez elle dans le lit conjugal les habitants du coin… mais chut, on fait comme si, hein ? C’est une femme libre, qui vit sa vie, sans entraves, sans loi, sauf celle qu’elle décide. Elle n’a que peu de lien avec sa mère, installée pas loin, encore moins avec son conjoint qu’elle méprise et dont elle se moque.

Elle ne veut pas de contrainte, mais elle tombe enceinte et l’enfant reste là, malgré ses souhaits de s’en débarrasser. C’est une fille qui naît, alors que personne ne s’en doutait. Pas maternelle pour deux sous, elle va mener la vie dure à ce petit bout d’elle, la voyant comme une rivale, une ennemie qu’il faut humilier, mater. L’enfant n’est pas aimée, sauf par la grand-mère, qui fait ce qu’elle peut. Elle grandit sans affection, confrontée à des situations terribles. Elle érige une carapace, elle se protège lorsque c’est possible, et ne comprend pas les émotions, les sentiments. Elle est comme détachée d’elle-même jusqu’au jour où elle rencontrera l’amour. Sera-t-elle capable de tisser des liens « normaux » ? N’est-elle pas « handicapée », presque « détruite » par tout ce qu’elle a subi ?

L’auteur sait manier les mots avec un phrasé incomparable. Les titres de chapitre, à eux seuls, sont toute une histoire. Dans le récit, les phrases courtes au vocabulaire choisi et soigné, font mouche. Elles dévoilent l’horreur mais on reste scotché, presque attiré par tant de noirceur. Une infime lueur d’espoir ? On s’accroche, on espère…. Et on retombe, le cœur en vrac.

Vincent Delareux analyse finement la psychologie de ceux qu’il évoque, il montre combien le passé, l’enfance, l’interprétation d’un geste, d’un sourire, d’une idée, une révélation historique (quelle idée excellente de lier à son texte, Marguerite et Julien de Ravalet, combinant ainsi la petite et grande histoire !) peuvent influencer des personnes un peu crédules. Françoise n’a pas été « armée » pour affronter les autres, elle s’est « construite » seule ou presque. Les notions de bien ou de mal ne sont pas les bonnes. Non pas qu’elle ait « l’âme méchante » mais elle reproduit ce qu’elle a vécu et une fois le doigt dans l’engrenage, elle ne peut pas s’arrêter. On peut penser qu’elle a été « nourrie » à la violence et qu’elle en a besoin pour vivre… Va-t-elle s’en sortir ?

C’est une lecture bouleversante, présentée avec une touche d’ironie, c’est diaboliquement noir et … on en redemande…

Éditions : L’Archipel (24 Août 2023)
ISBN : 978-2809846683
466 pages

Quatrième de couverture

Dans un village reculé de Normandie, Thérèse Sommer attise les passions et dicte sa loi : à son mari qu’elle trompe, à sa mère qu’elle méprise, à ses amants qu’elle consume. Libre et indépendante, maîtresse de son petit monde, on ne lui connaît pas de rivale. Jusqu’à la naissance de sa fille.