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08/10/2023

L'affaire Martin Kowal, d'Éric Decouty

kowal.jpgDans son nouveau roman, Éric Decouty nous transporte en mai 1976. Il revisite l’histoire de l’assassinat de l’ambassadeur de Bolivie et s’interroge sur le rôle trouble du gouvernement de Valéry Giscard d’Estaing. Est-ce que ses ministres n’étaient pas trop proches des gouvernants despotiques d’Amérique du Sud ? Et quels liens les gouvernants avaient-ils avec les groupuscules gauchistes ?

Après la mort du diplomate, l’enquête est confiée à Martin Kowal. Il est inspecteur des renseignements généraux, comme l’a été son père avant lui. Mais ce dernier a trahi et est mort après avoir tenté de s’évader selon la version officielle. Martin est un bon enquêteur (il a des indics un peu partout et peut obtenir des informations sous le manteau), mais il mène en parallèle une vie dissolue, buvant trop et consommant des substances illicites. Un de ses collègues, dont il se sent proche, s’inquiète pour lui.

Ses investigations commencent et il essaie d’agir au mieux pour résoudre cette affaire délicate au niveau politique. Les Renseignements généraux et la police sont au service du pouvoir mais Martin ne risque-t-il pas d’être un pion, de se faire manipuler ? Certaines découvertes posent question, comme si on les lui offrait sur un plateau alors que pour d’autres, on lui conseille de ne pas creuser… Parfois, il se fait doubler par ceux qu’il traque, y-aurait-il une taupe dans ses services ? Il retrouve, avec bonheur, un ancien ami de son père mais ce n’est pas si simple qu’en apparence…. Tout cela le déstabilise et il lui arrive replonger dans ses travers, de perdre pied et à ce moment-là, il n’avance plus ….

Bien ancré dans l’époque choisie, ce récit se lit avec beaucoup d’intérêt et de plaisir. L’auteur analyse avec finesse et acuité ce qu’il présente et les relations que les personnages entretiennent. Martin progresse lentement, hésite, repart, revient, se questionne. C’est un homme attachant. Sa part d’ombre et ses blessures le rendent très humain. Il se demande si le gouvernement est vraiment clean ou s’il ne joue pas double jeu. Ses supérieurs ne le laissent pas toujours libre de ses mouvements et il doit trouver des solutions pour continuer….

J’aime beaucoup lire cet auteur. Je trouve qu’il se bonifie avec le temps. Dans un entretien, il souligne qu’en 2003, Edouard Balladur a refusé une enquête parlementaire. Cela démontre combien il s’est renseigné avant d’écrire. Ses propos m’obligent à aller plus loin, à creuser ce qu’il présente. Bien sûr, je ne peux pas démêler le vrai du faux mais j’ai la possibilité de relire des journaux ou entretiens de l’époque, constater les réactions des uns et des autres et ainsi me faire ou pas une opinion. D’ailleurs ce qu’il évoque pourrait bien exister encore actuellement, j’en suis persuadée. Les grands de ce monde ne sont pas toujours très nets et font des arrangements entre eux….

Ce n’est pas un récit historique car s’il est inspiré de faits réels, l’auteur interprète les événements, subodore les relations, les liens entre les uns et les autres. Il s’est documenté, a cherché et on peut légitimement se demander s’il n’y a pas une part de vrai dans tout ça….

Un opus abouti et captivant !

NB : J’ai particulièrement apprécié la référence à Pablo Neruda avec un magnifique poème.

Éditions : Liana Levi (5 Octobre 2023)
ISBN : ‎ 979-1034908233
340 pages

Quatrième de couverture

Jeune inspecteur des Renseignements généraux le jour, Martin Kowal mène la nuit une vie dissolue dans les boîtes parisiennes, pour tromper sa solitude et son mal-être. Lorsque l’ambassadeur de Bolivie est assassiné en pleine rue le 11 mai 1976, il est propulsé contre toute attente à la tête du groupe chargé d’identifier les mystérieuses «Brigades internationales» qui ont revendiqué l’attentat. Le gouvernement, qui craint l’irruption en France du terrorisme d’extrême-gauche, attend des résultats rapides. Pourtant, l’enquête prend une direction opposée à celle de la piste officielle, vers une organisation d’anciens nazis et d’ex-membres de l’OAS.