10/04/2015
L’œuvre de sang, de David Lecomte (tome 1)
Une chronique de Cassiopée.
Thriller avec une pointe de fantastique, le tout ancré dans un espace temps bien réel et tout ce qu’il y a de plus crédible, ce roman ne se lâche pas une fois commencé (et si vous êtes enseignant, commencez par corriger vos copies sinon elles resteront sur la table).
On suit un couple de professeurs, leur ami journaliste (en couple lui aussi), le proviseur et un jeune élève arrivé au collège après un drame pour changer d’air. Au départ, on est dans le vif du sujet puis pendant quelques pages, tout semble s’apaiser. Petit à petit des événements troublants se font jour mais le lecteur essaie de rester en dehors. Essaie seulement car très vite, il se cramponne aux pages sentant l’inexorable angoisse monter monter … puis parfois se calmer tout en restant en filigrane entre les lignes. Ceci est une grande force de l’auteur, nous laisser respirer, à peine, avant de « paf » nous asséner un nouveau coup avec des actes « décalés », bizarres. Il a l’intelligence de ne pas s’appesantir. Alors bien sûr, on n’oublie pas ce qu’on a lu mais si tout rentre dans l’ordre, autant faire comme si, non ?
L’écriture est rythmée, vive, les descriptions des états d’âme abordées avec justesse sans trop en faire. Il y a cette pointe de fantaisie qui illumine l’ensemble en donnant une originalité de bon aloi. Je pense que beaucoup feront le parallèle avec l’univers de Stephen King dans certains de ses titres. Et oui, c’est vrai, David Lecomte n’a rien à lui envier.
J’ai beaucoup apprécié, sans rien dévoiler de l’histoire (comme d’ailleurs une habile quatrième de couverture qui fait envie sans rien divulguer), le rapport douleur / art. Les artistes, les écrivains, parlent souvent de gestation d’accouchement, lorsqu’ils ont mis un point final à leurs œuvres. Il est parfois difficile de se séparer de ce qu’on a créé car on y a mis un peu ou beaucoup de soi et c’est un déchirement. Cette ambigüité entre la réussite de ce que veut transmettre l’artiste et son besoin pour réussir de se nourrir de l’inconcevable est très bien abordée dans cet opus. C’est effrayant et fascinant. Parce qu’elle est là, également la question : dans quel terreau l’artiste puise-t-il son inspiration, celle qui le mène au succès et quel impact tout cela peut-il avoir sur l’homme ? Ceux qui créent seraient-ils des êtres à part ?
David Lecomte aborde également les relations de couple avec le jardin secret de chacun. Faut-il tout se dire et à quel prix ? Jusqu’où peut aller la part d’ombre de chaque individu ? Comment aborder le mal-être de celui ou celle qu’on aime lorsqu’il ne souhaite pas communiquer ?
J’ai beaucoup apprécié ce récit. Il a pour moi la bonne longueur, le tempo juste, la note de fantastique est « fine », d’abord presque suggérée avant d’être un peu plus « installée » tout en laissant une porte ouverte à l’imaginaire de chaque lecteur.
C’est avec bonheur que je vais lire le tome deux de cette trilogie.
L’œuvre de sang
Auteur : David Lecomte
Éditions : Fleur Sauvage (Novembre 2012)
Nombre de pages : 235
ISBN : 978-2954271026
Quatrième de couverture
Mon premier tue. Il photographie ses victimes et s’apprête à exposer des clichés envoûtants.
Mon second se rapproche du premier. Il fuit une réputation démoniaque et cherche à comprendre le pourquoi de ses mystérieux pouvoirs.
Mon troisième, c’est les autres. Les amis, la famille, et d’autres encore.
Mon tout est une œuvre.
17:28 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : l'oeuvre de sang, david lecomte | Facebook | |