25/07/2016
Tout n’est pas perdu, de Wendy Walker
Une chronique de Cassiopée.
Autopsie d’un viol….
Au cours d’une soirée festive, dans la petite ville de Fairview, Jenny a été violée, non loin de la maison où se déroulait la fête Elle a reçu un traitement pour « l’oubli » des faits mais elle reste marquée par les douloureux événements et va devoir rencontrer un thérapeute. Cet homme est spécialisé dans l’étude des stress post-traumatiques et il fera le maximum pour aider la jeune fille, sa famille et ceux qu’il reçoit dans son cabinet….
C’est lui qui (se) raconte dans le roman, qui nous entraîne à sa suite dans de longues conversations avec ses patients et avec lui-même. A la manière d’une autopsie, allant de plus en plus profond, enlevant « les couches » les unes après les autres, il va décortiquer les faits, les analyser, les étudier pour faire émerger une vérité terrible qui le renverra à sa propre histoire…. L’écriture est pointilleuse (bravo au traducteur), chaque détail est important, chaque indice glissé ça et là aura son rôle à jouer à un moment ou un autre.
On pourrait se poser la question de ce « médicament de l’oubli » mais là n’est pas le principal sujet. Il faut plutôt se pencher sur les dégâts que des situations traumatisantes peuvent provoquer et comment chacun peut les gérer (car il n’y a pas que Jenny, il y a Sean aussi…), se demander également quelles sont les limites à ne pas franchir pour les praticiens … Jusqu’où peuvent-ils aller pour aider leurs patients, quelle est la frontière entre le travail et l’empathie qui peut les envahir ?
« Nous luttons chaque jour pour contrôler le regret, pour l’empêcher de nous ravir notre bonheur. »
Alan Forrester flirte dangereusement avec le code de déontologie. L’air de rien, il insinue, oriente pour obtenir ce qu’il désire, ce qu’il pense être le mieux….
Les chapitres se succèdent, chaque fait nous emmène vers un autre, à la manière d’un labyrinthe dont chaque virage révélerait une nouvelle surprise. On croit que c’est fini, que l’on a, en mains, tous les morceaux du puzzle, et puis surgit devant nous un autre élément qui nous emporte plus loin dans la découverte de la personnalité des individus croisés ici ou là… On peut s’interroger. Est-ce que toute vérité est bonne à dire, à connaître, comment ressortiront ceux qui découvriront la face cachée des gens en qui ils avaient toute confiance… Est-ce que l’amour que l’on porte aux siens peut tout justifier, tout expliquer ? Comment une famille se remet-elle après un acte pareil ? A quel point la culpabilité peut être présente chez les parents et pourquoi ?
J’ai eu beaucoup de plaisir à lire ce récit malgré la dureté du propos. La construction et la façon d’aborder les choses, originales, y sont pour beaucoup. Donner la parole ainsi au psychanalyste n’est pas ordinaire. Je me suis même demandée si cela orientait un peu, beaucoup ou totalement notre ressenti. Finalement, l’approche de tout ce qui s’est passé est faite principalement par sa voix car, même si ses consultants s’expriment, c’est lui qui retranscrit…. En tout cas, ce procédé offre une « entrée » surprenante, captivante et on ne voit pas le temps passer.
En conclusion, une lecture qui sort des sentiers battus et qui est très prenante.
Tout n’est pas perdu
Auteur : Wendy Walker
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Fabrice Pointeau
Édition : Sonatine (Mai 2016)
352 pages
ISBN : 978-2355845154
Quatrième de couverture
Alan Forrester est thérapeute dans la petite ville cossue de Fairview, Connecticut. Il reçoit en consultation une jeune fille, Jenny Kramer, quinze ans, qui présente des troubles inquiétants.
Celle-ci a reçu un traitement post-traumatique afin d'effacer le souvenir d'une abominable agression dont elle a été victime quelques mois plus tôt. Mais si son esprit l'a oubliée, sa mémoire émotionnelle est bel et bien marquée.
Bientôt tous les acteurs de ce drame se succèdent dans le cabinet d'Alan, et lui confient leurs pensées les plus intimes, laissant tomber leur masque pour faire apparaître les fissures et les secrets de cette petite ville aux apparences si tranquilles.
17:14 Publié dans 02. polars anglo-saxons | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : wendy walker, tout n'est pas perdu | Facebook | |