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01/03/2012

Sombre éclat, de Simon Tolkien

sombre_eclat.jpgUne chronique de Jacques.

L’histoire se déroule en Angleterre, dans les années 1958/1960, peu de temps  après la fin de la deuxième guerre mondiale. Un point  important dans le récit, car les évènements  qui motivent les principaux protagonistes ont un rapport étroit avec  la guerre, le nazisme et l’extermination des juifs.  
David Swain a été condamné pour le meurtre d’Ethan, un jeune homme qui avait une liaison avec sa fiancée Katya. Tout l’accusait en effet, mais malgré sa condamnation, l’inspecteur Trade avait  pourtant des doutes persistants sur la culpabilité de l’accusé. Au tout début du livre, celui-ci est en prison. Il veut se venger de Katya,  s’évade avec la complicité d’un codétenu, et se rend chez Katya avec le désir de la tuer.

Un peu plus tard, Katya qui vit chez son  oncle Titus Osman, un diamantaire - et néanmoins philanthrope - très fortuné, est  assassinée d’une balle dans la tête. L’inspecteur Trade est chargé de l’enquête et rapidement certaines incohérences dans le déroulement des faits l’amènent à  douter de la  culpabilité du jeune Swain, qui est en fuite et que  tout accuse à nouveau.  Il  est quant à lui persuadé que Titus Osman, ou un de ses proches, est le coupable. Mais il lui reste à le prouver, et à tenter de comprendre pourquoi.  

La principale originalité de ce polar tient au fait que l’inspecteur chargé de l’enquête est le rival en amour de son  principal suspect :  Titus  Osman.  Ce  conflit d’intérêt   devrait en toute logique  le  pousser à se décharger de l’enquête, mais il n’en a cure, voulant  à tout prix prouver la culpabilité de l’amant  de celle qui est pour quelque temps encore son épouse, la ravissante Vanessa.  

Le récit est de facture classique, il alterne différents narrateurs : l’inspecteur Trade, son adjoint, le jeune Clayton, son épouse Vanessa, David Swain, chacun d’eux étant dessiné avec justesse et précision. Trade est un inspecteur consciencieux, intuitif, pugnace, qui tente avec quelques difficultés de ne pas laisser ses sentiments empiéter sur son enquête : il comprend avec amertume qu’il a délaissé une épouse qu’il aime toujours, et  l’auteur a réussi à donner de l’épaisseur à son personnage et à  le rendre attachant.  

La quatrième de couverture nous indique que la revue Internet Book Reporter compare Simon Tolkien à Agatha Christie. C’est flatteur pour Tolkien, mais pas très exact.  Contrairement aux romans de la créatrice de Poirot et Miss Marple, le lecteur  sait dès le début que le coupable ne peut être que  le fort peu sympathique Titus  Osman.  Il n’aura donc pas à se creuser la cervelle pour chercher des indices qui, chez la maligne Agatha,  l’amèneraient  sur de fausses pistes puisque celle-ci  parvient toujours à  berner le lecteur.  

L’auteur doit donc ici chercher d’autres ressorts pour maintenir l’attention du lecteur. Il y parvient non par la complexité de l’intrigue, dont nous devinons rapidement les tenants et les aboutissants, mais par les ressorts psychologiques des deux personnages que sont Trade et Vanessa. Comment le premier va-t-il pouvoir enquêter jusqu’au bout alors qu’un de ses collègues, jaloux, tente de lui mettre des bâtons dans les roues et cherche à le disqualifier ? Comment Vanessa parviendra-t-elle à comprendre que le Titus Osman dont elle est amoureuse n’est qu’un sinistre individu ?  Trade parviendra-t-il à sauver  David Swain, que tout accuse,  de la pendaison ?

Ce livre, publié l’année dernière, semble avoir été écrit par un écrivain des années cinquante, tant sa facture et son intrigue sont  classiques, et même  désuètes.  Il va de soi que c’est l’effet que Simon Tolkien recherchait : une adéquation entre un style, une ambiance et une époque.  De ce point de vue le livre est réussi, même s’ il n’est pas exempt de quelques lourdeurs, parfois de quelques longueurs : certains passages auraient  mérité d’être allégés pour donner plus de vivacité à l’écriture. 

Pour conclure sur un détail amusant : si vous voyiez marqué en lettres énormes sur une couverture de livre le nom de TOLKIEN, et en caractères beaucoup plus petits le titre de l’ouvrage, à qui penseriez-vous  ? A l’auteur du roman Le Seigneur des anneaux, bien sûr ! Vous auriez tort :  Simon Tolkien est le petit fils dudit  célébrissime écrivain J.R.R. Tolkien. Mais il faut reconnaitre  que pour l’éditeur  la tentation était forte de profiter de la situation…

Il reste que  si vous aimez les polars classiques des années cinquante, ce livre devrait combler vos attentes en vous plongeant dans l’univers de vos parents ou, pour les plus jeunes d’entre vous, de vos grands parents, et vous faire passer un moment de détente plutôt agréable.

Jacques

 Titre : Sombre éclat
Auteur Simon Tolkien
Editeur Michel  Lafon
393 pages
20,95 €

Présentation de l'éditeur

Londres, 1958. Le jeune David Swain est condamné à la prison à perpétuité pour le meurtre de l’amant de sa petite amie, Katya. Sa culpabilité ne fait aucun doute… sauf pour l’inspecteur Trave, qui ne peut cependant rien prouver. 
Oxford, 1960. Le prisonnier s’évade. La même nuit, on retrouve le corps de Katya, sauvagement assassinée. Une chasse à l’homme est lancée contre Swain. Pourtant, les soupçons de Trave se dirigent dans une tout autre direction : l’oncle de Katya, Titus Osman, un riche diamantaire, et son mystérieux beau-frère, Franz Claes, qui semble prêt à tout pour cacher ses anciennes amitiés nazies. 
Mais les motivations du policier sont suspectes : la jalousie de voir sa femme lui préférer Titus l’aveuglerait-il ? Ou a-t-il compris, au contraire, que ces meurtres passionnels n’étaient que les dommages collatéraux d’une machination d’une tout autre ampleur ?

Commentaires

Et une fois de plus le traducteur (qui apparemment n'a pas trop mal fait son boulot, non ?) est passé à la trappe...

Jean-Noël Chatain

Écrit par : Jean-Noël | 02/03/2012

Désolé Jean-Noël ! Je reconnais que vous avez raison : j'ai oublié de parler de votre travail, alors que vous avez fait du bon boulot. C'est d'autant plus injuste que si la traduction avait été maladroite je n'aurais pas manqué de le souligner.
Mais comme vous l'écrivez sur votre site :
"Et là réside tout le paradoxe de mon travail de l’ombre, considéré comme réussi dès lors qu’on ne « sent » pas la traduction mais qu’on a bel et bien l’impression de lire un texte écrit à l’origine en français, car un texte « coule » lorsqu’il « sonne juste » à l’oreille…".

En effet : si on ne « sent » pas la traduction, o, a tendance à ne pas en parler !

Écrit par : Jacques | 02/03/2012

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