Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

03/03/2014

Ressacs, de David-James Kennedy

 ressacs.jpgUne chronique de Jacques

Angoisse et mystère au Pays Basque...

 Comme le font de nombreuses maisons d’édition depuis quelques mois, c’est encore un premier roman français (un polar, naturellement) que nous proposent les éditions Fleuve Noir, un premier roman qui est une fois encore d’excellente qualité, ce qui confirme la grande vitalité du polar français contemporain.

Si je devais définir ce livre par un seul mot, ce serait « atmosphère », car David-James Kennedy a réussi à placer ses personnages, associés à une intrigue complexe, dans un lieu magnifique en suscitant un climat lourd, angoissant, pesant.

L’histoire démarre sur un évènement ponctuel, peu spectaculaire : la disparition soudaine dans un hôpital militaire isolé du Pays basque d’un jeune interne qui semblait menacé dès les premiers chapitres... mais par qui, et pourquoi ?  

Comme dans les meilleurs polars, les deux principaux enquêteurs (un flic et un autre interne, collègue du disparu) vont peu à peu et chacun de son côté, tirer sur le bon fil qui les amènera à la solution de l’énigme. Après une série de coups de théâtre et de meurtres inexpliqués, les questions sans réponses vont trouver enfin une explication rationnelle à une histoire qui semblait au départ s’inscrire dans la veine des récits fantastiques, tendance gothique.

Il est vrai que l’auteur a tout fait pour susciter cette ambiance fantastique : l’hôpital est bâti sur une falaise dominant l’océan, un décor sauvage accentué par orages et tempêtes qui sévissent pendant toute la durée de l’histoire, et – cerise sur le gâteau – cet hôpital est situé dans un ancien monastère Augustin bâti mille ans plus tôt, un lieu qui a connu déjà des disparitions semblables et sur lequel planent des légendes sulfureuses. De plus, une aile est réservée à la psychiatrie ce qui, d’un point de vue romanesque, est plus porteur de mystères potentiels qu’un service de pédiatrie ou d’imagerie médicale, l’âme humaine étant réputée insondable et celle des fous plus encore...

Outre l’ambiance, l’auteur a privilégié l’intrigue, basée sur des recherches médicales illicites, et il fait intervenir d’autres personnages secondaires ce qui lui permet de distiller de nombreux rebondissements.

À rebours de ce qui se fait souvent dans le polar contemporain, le personnage principal, Tom Castille, n’est ni alcoolique, ni détruit psychiquement par une histoire personnelle douloureuse. Il est un jeune interne bien équilibré, sportif, qui cherche seulement à comprendre ce qui est arrivé à son copain. En discutant avec des malades ou des soignants, il va découvrir de nouveaux éléments qui vont dans un premier temps épaissir encore le mystère, puisque d’Orgeix apparait sur une photo non truquée sur laquelle il ne pouvait pas être présent ! Il va également dans le cours de ses recherches rencontrer Sophie, une femme mystérieuse et séduisante, qui vit tout près de l’hôpital et semble, de son côté, cacher un secret. Est-elle liée directement à l’affaire ? Castille, amoureux de la belle, ne se pose pas la question, mais le lecteur, oui ! Qui aura raison ?

Comme un vieux routier de l’écriture, l’auteur parvient à maintenir dans l’histoire un suspense permanent. Le récit n’est pas linéaire, il alterne entre plusieurs personnages, et à la fin de chaque chapitre de nouvelles questions surgissent, ce qui maintient la tension de lecture.

Si je devais mettre un seul petit bémol à ces louanges, il porterait sur la trop grande complexité de l’intrigue, qui est si tarabiscotée qu’elle perd un peu en crédibilité. Mais c’est un reproche mineur, car cet élément ne m’a pas empêché de prendre un grand plaisir à la lecture de ce premier roman. Et après tout, n’est-ce pas le but recherché ?

Jacques (lectures et chroniques)

Ressacs
David-James Kennedy
Éditions Fleuve Noir
430 pages ; 18,90 €

 

Les commentaires sont fermés.