25/05/2014
Tempête blanche, de Preston&Child
Une chronique de Paul.
Que d'os, que d'os...
Dur de trouver un sujet de thèse, surtout lorsque le tuteur rechigne à vous faciliter le travail. Corrie Swanson, est étudiante à l'Institut John Jay de justice criminelle. Après avoir essuyé deux refus, pour des raisons fallacieuses de la part de son tuteur, elle trouve enfin un sujet grâce à l'archiviste de l'établissement.
Celui-ci extirpe d'une pile poussiéreuse une photocopie du journal de Conan Doyle dans lequel le médecin romancier narre une rencontre avec Oscar Wilde. Au cours du repas, l'auteur du Portrait de Dorian Gray lui fait part d'une histoire incroyable dont il a eu connaissance lors de sa tournée de conférences américaine et plus particulièrement à Roaring Fork dans le Colorado. Onze prospecteurs auraient été tués et dévorés dans un campement par un grizzli. Or le matin même l'archiviste a lu un article dans le Times qui annonce le déplacement des cercueils du cimetière historique de la station de ski dans un hangar, en attendant de trouver un autre lieu plus éloigné, la nécropole ayant été déclarée comme terrain constructible.
L'étude des lésions animales comparativement à celles provoquées par un être humain sur des cadavres pourrait faire avancer de façon significative la recherche en matière de police scientifique. Un sujet en or qui est aussitôt accepté par le tuteur qui ne peut refuser une telle démarche, et Corrie en informe son protecteur Aloysius Pendergast, inspecteur du FBI, actuellement en congé sabbatique sur la Côte d'Azur.
Dans quelques semaines ce sera Noël et Corrie se rend immédiatement à Roaring Fork qui s'épanouit sous la neige. Les riches touristes sont arrivés en nombre afin de profiter des joies du ski ou tout simplement de leurs somptueuses résidences secondaires, voire tertiaires. Elle obtient un entretien avec Stanley Morris, le chef de la police. Il écoute avec intérêt sa demande, l'emmène au hangar où sont rangés les quelques cent-trente cadavres placés dans des boites plastiques et lui en indique une contenant le cadavre de l'un des prospecteurs d'argent. Corrie est emballée, commence à examiner les os et remarque quelques traces suspectes. Elle doit entamer ses travaux proprement dits dès le lendemain, mais déception, Stanley Morris lui refuse l'accès. Madame Kermode, la responsable de l'agence qui doit aménager le terrain en futures constructions, agrandissant le territoire des Heights, une immense propriété privée, a signifié son refus. Un coup dur pour Corrie qui décide de s'infiltrer clandestinement et de nuit dans le hangar. En attendant elle se rend à la bibliothèque municipale, un endroit de rêve qui n'est guère fréquenté, tenu par un jeune homme, Ted Roman, qui lui fait quelques avances.
Corrie s'infiltre donc dans le hangar et procède à ses relevés. Elle remarque des éraflures probablement provoquées par un couteau et sur la chair qui reste, des morsures. Mais ce n'est pas la denture d'un grizzli qui en serait responsable, plutôt des mâchoires humaines. Elle est surprise par des policiers et enfermée dans une geôle, confortable certes, en attendant son procès qui ne laisse aucun doute sur son issue. Pour profanation de cadavres, un comble alors que ce n'est pas elle qui les a exhumés dans le but d'agrandir le domaine, elle encourt dix ans de prison. Le pauvre Stanley Morris n'y peut rien, c'est madame Kermode qui dirige la cité.
Lors du procès, un homme mystérieux, pour l'assemblée mais le lecteur reconnaitra aisément Pendergast qui est revenu de son séjour français, démoli tous les arguments avancés par le procureur qui ne fait qu'abonder dans le sens de madame Kermode. Et pour faire bon poids bonne mesure, il fait venir à la barre un témoin de dernière minute, la capitaine Stacy Bowdree de l'US Air Force, une lointaine descendante de l'un des cadavres. Madame Kermode est prise à son propre piège car si elle affirme avoir recherché, en vain, des descendants des prospecteurs, elle n'avait pas vraiment fouillé les actes généalogiques. Non seulement Corrie est libérée mais elle peut continuer ses relevés auprès du cadavre d'Emett Bowdree sans être importunée.
D'autre événements perturbent la richissime petite station de Roaring Fork. Un chalet est incendié, et quatre cadavres sont trouvés à l'intérieur. Dont celui de Jenny, la jeune stagiaire de Stanley Morris. Un expert en incendie est dépêché sur place, mais ses conclusions ne satisfont pas Pendergast qui procède à ses propres investigations, muni du précieux sésame du badge d'enquêteur du FBI. Et ses conclusions le mènent à affirmer qu'il s'agit bien d'un incendie criminel. D'autres incendies se déclarent un peu plus tard, mais les habitations sont toujours éloignées et à l'opposé des Heights.
Tandis que Pendergast se rend à Londres pour vérifier auprès d'un ami holmésien une hypothèse, Corrie se sent suivie, et un individu tire même sur sa voiture, étoilant le pare-brise. Ce n'est que le début de ses tracas qui vont aller en augmentant.
Si toute l'histoire actuelle tourne autour de Corrie, Pendergast tient néanmoins un rôle prépondérant dans cette énigme qui prend son origine dans le passé, avec l'assassinat des prospecteurs cent-cinquante ans environ auparavant. Les recherches effectuées par Pendergast l'amènent à retrouver un manuscrit inédit de Conan Doyle qui délivre une partie de la solution et lui fait entrevoir la vérité. Mais ce sont bien plusieurs affaires qui s'imbriquent dans ce roman qui oscille entre avant-hier et aujourd'hui. Preston & Child nous proposent même une nouvelle apocryphe mettant en scène Sherlock Holmes.
D'ailleurs il existe de nombreuses similitudes entre Pendergast et le célèbre détective. Grand, d'une pâleur extrême, les cheveux d'un blond presque blanc, des yeux couleur de glace, vêtu d'un costume noir d'excellente coupe, Pendergast mène ses investigations tout comme Sherlock Holmes. Il possède dans les nombreuses poches de son long manteau toutes sortes d'objets, dont une pince à épiler, qui lui permettent de prélever de menus débris, de les analyser, de les examiner avec une loupe.
Les références littéraires sont nombreuses, tournant toujours autour de la période de la seconde partie du XIXème siècle. Et les auteurs fournissent même une explication logique, à défaut d'être véritable, au comportement du Chapelier fou, personnage d'Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll.
Un roman foisonnant qui oscille entre classicisme et modernité dans lequel angoisse et frissons sont garantis. Ce qui m'incite à lire les précédentes oeuvres de ce duo, que j'ai négligé, peut-être par préjugé.
Paul (les lectures de l’oncle Paul)
Tempête blanche
Preston & Child
Traduction de Sebastian Danchin
Edition L'Archipel.
Parution le 14 mai 2014.
432 pages. 23,95€.
15:29 Publié dans 02. polars anglo-saxons | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tempête blanche, preston&child | Facebook | |
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