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20/11/2021

Dix âmes, pas plus de Ragnar Jónasson (Ragnar Jónasson

dix âmes.jpgUne chronique de Cassiopée

L’Islande, c’est déjà presque le bout du monde mais quand en plus, vous habitez un village complètement perdu, loin de la civilisation, et bien, c’est très difficile. Sauf, si vous avez choisi de vivre là-bas. C’est le cas des dix habitants de Skálar. Le froid, la neige, peu d’échanges avec le reste du pays, c’est calme… Du moins, en apparence… Une mère de famille du lieu se bat pour obtenir un ou une enseignant (e). Après tout, ce n’est pas parce qu’il n’y a que deux élèves que l’école ne doit pas exister…

C’est comme ça, qu’Una, une jeune femme de Reykjavík, atterrit dans la commune. Elle n’a pas de petit ami, s’entend moyennement avec sa mère et elle voit dans ce poste, l’occasion d’échapper à la routine pendant un an. Et puis, deux élèves, ça devrait être assez tranquille, non ?

C’est le froid, la neige, le brouillard et une atmosphère glaciale qui l’accueillent. Elle arrive chez sa logeuse (maman d’une des écolières) qui l’installe dans les combles. L’appartement qu’elle lui propose est petit mais correct. Elle essaie de faire connaissance avec les gens du bourg mais elle sent rapidement, comme un malaise. Certains lui font comprendre qu’elle dérange, d’autres sont totalement indifférents et les derniers semblent la surveiller. Elle est un peu perdue, se sent seule malgré les liens tissés avec celle qui l’héberge. De plus, rêve ou réalité, elle croit percevoir comme une présence, un fantôme ? Est-ce qu’on lui a tout dit ?

C’est un récit intimiste qui se déroule dans un presque huis clos, un bout de terre où tout se sait, où tout se tait. On devine que beaucoup transforment la vérité, l’édulcorent, car vivre seuls leur convient. Una, elle, se heurte aux silences, aux mensonges, comment va-t-elle s’en sortir ? Va-t-elle tenir le coup nerveusement ? Elle est seule, terriblement seule…. Et puis quand un événement terrible arrive, elle ne sait plus que penser, que faire ?

Ragnar Jónasson est très fort pour camper une ambiance, des personnages, c’est le point fort de son histoire. Il sait employer les mots (merci au traducteur qui a su trouver ceux qui font mouche) qui nous permettent de sentir tout ce qui se passe et ce contexte pesant, déroutant, surprenant et effrayant parfois pour Una.

J’ai beaucoup apprécié ce roman, qui est très différent des autres titres de l’auteur. Il l’a écrit en 2019 et a su se renouveler par rapport aux enquêtes policières qu’il met en scène habituellement.

On pourrait penser que, comme il n’y a pas d’investigations, que les personnages ne sont pas nombreux, il ne va rien se passer. Pourtant, on plonge dedans, on se sent aspiré par le texte, on veut comprendre et avoir des réponses aux nombreuses questions qu’on se pose.

Un opus abouti à découvrir.

Traduit de l’islandais par Jean-Christophe Salaün
Éditions : de la Martinière (14 Janvier 2022)
ISBN : 978-2732494074
315 pages
Quatrième de couverture

« Recherche professeur au bout du monde. » Lorsqu’elle voit passer cette annonce pour un poste d’enseignant dans le minuscule village de Skálar, Una, qui ne parvient pas à trouver un emploi stable à Reykjavík, croit saisir une chance d’échapper à la morosité de son quotidien. Mais une fois sur place, la jeune femme se rend compte que rien dans sa vie passée ne l’a préparée à ce changement radical. Skálar n’est pas seulement l’un des villages les plus isolés d’Islande, il ne compte que dix habitants.

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