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24/01/2021

Le sang des Belasko, de Chrystel Duchamp

Le-Sang-des-Belasko.jpgUne chronique de Cassiopée

Elle a tout vu, elle sait tout mais elle ne dira rien. Pourtant, elle est comme un membre de la famille mais elle ne peut rien dire. C’est la Casa des Belasko, la maison qui abrite les drames tus, les joies partagées, les secrets non diffusés. Ils sont cinq enfants à se retrouver dans cette demeure qui a abrité leur enfance, trois garçons, deux filles qui en six mois ont perdu leur mère puis, plus récemment leur père. C’est d’ailleurs ce dernier qui a demandé qu’ils se réunissent dans la maison pour lire ses dernières volontés et découvrir ce qu’il a laissé comme témoignage. La fratrie ne s’entend pas et les retrouvailles sont tendues. Cette soirée n’augure rien de bon surtout lorsqu’ils s’aperçoivent qu’ils n’auront pas d’autres choix que de la passer ensemble jusqu’au bout.

Décliné en cinq actes, constitués eux-mêmes de chapitres mettant en exergue l’un ou l’autre des enfants, ce huis clos ne souffre d’aucun temps mort et surprend le lecteur jusqu’à l’épilogue. Chrystel Duchamp a habilement mêlé des scènes du passé à celles du présent. Pas besoin de dates tant les situations sont claires, on sait tout de suite de quelle époque il s’agit. Ces petits retours en arrière permettent de cerner le caractère de chacun des enfants, de constater quels liens ils ont construit entre eux. On s’aperçoit très vite que la rancœur, la jalousie, la colère les habitent. Il n’y a pas de véritable unité entre eux, ils se surveillent, s’observent, même à distance puisqu’ils sont tous adultes et vivent leur vie. Et surtout, ils n’ont rien oublié de ce qui a pu les diviser par le passé. Alors il arrive que les langues se délient et ça fait très mal.

Avec son écriture vive, qui fait tilt, l’auteur nous laisse à peine respirer. Entre ce qui se passe dans la maison et les révélations qui arrivent petit à petit, le lecteur n’a pas le temps de s’ennuyer. Pas de fioritures, de l’action et des rebondissements. J’ai trouvé astucieux que le roman ne soit pas plus long. Il aurait pu être allongé avec d’autres anecdotes du passé familial mais il aurait beaucoup perdu en suspense et en tension. Parce que, soyons honnête, ce qui fait son intérêt, c’est le rythme soutenu qui le constitue. En une nuit, une soirée, la vie du clan Belasko va être modifiée de façon irréversible.

Les Belasko ne savent pas communiquer. Le père était un taiseux et il ne se racontait pas, ses enfants ignorent beaucoup d’éléments de son passé. Les révélations vont blesser les uns, surprendre ou déstabiliser les autres mais quoi qu’il en soit, personne ne sortira intact de cette douloureuse réunion de famille. Quels seront les dégâts collatéraux, les conséquences de cette soirée tumultueuse ?

Après un premier roman coup de poing, l’auteur a su trouver une nouvelle thématique et a réussi la passe de deux. Son texte est captivant, plein d’énergie, les ressentis des uns et des autres sont finement analysés. Elle montre l’influence de l’éducation, le rôle des parents mais aussi le poids de la société bien-pensante. Un auteur à suivre de près ….

Éditions : L’Archipel (14 Janvier 2021)
ISBN : 978-2809840407
240 pages

Quatrième de couverture

Après la mort de leur père, cinq frères et sœurs se réunissent dans la maison de leur enfance. Les portes se referment sur eux. Avec une terrible révélation... Leur père, un vigneron taiseux, vient de mourir. Il n'a laissé qu'une lettre à ses enfants, et ce qu'il leur révèle les sidère : leur mère ne se serait pas suicidée – comme l'avaient affirmé les médecins six mois plus tôt. Elle aurait été assassinée.