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12/02/2023

La dernière ville sur terre, de Tomas Mullen (The Last Town on Earth)

La-derniere-ville-sur-terre.jpgUne chronique de Cassiopée

Magistral ! Encore du très grand Thomas Mullen ! Avec lui, pas de rebondissements à outrance, d’actions sans arrêt mais une atmosphère qui s’installe durablement et des personnages dont la psychologie est finement étudiée.

On est en 1918, Commonwealth est une ville où il fait bon vivre. Elle a été conçue par Charles, il a installé la scierie où les ouvriers sont rémunérés et reconnus à leur juste valeur. Chaque salarié peut avoir un logement et construire une famille. Mais voilà qu’en plus de la guerre, la grippe espagnole est annoncée et tout le monde sait qu’elle fait de terribles ravages. La première bourgade est à vingt-cinq kilomètres, alors se confiner le temps de laisser passer le virus semble une solution plutôt pas mal. D’autant plus qu’à Commonwealth, rien ne manque : école, épicerie, médecin et hommes courageux, tout est là !

Voulant le soutien de la majorité, une réunion est mise en place et chacun peut donner son avis. Finalement, c’est oui, personne ne devra rentrer, ni sortir pendant quelque temps, histoire que la pandémie ne les touche pas. Des tours de garde sont organisés et Philip, un jeune homme de seize ans veut aider. Il est associé aux volontaires, notamment à Graham son ami plus âgé. La quarantaine ne devrait durer qu’un mois, tout au plus deux. Ils ont de quoi manger et rattraperont le travail plus tard.

Vu comme ça, cela paraît simple, un mauvais moment à passer, et peut-être pas si mauvais qu’on l’imagine puisqu’on restera entre personnes de connaissance. Et c’est là que l’auteur réussit un récit captivant. Il démontre combien ce presque huis clos modifie les rapports humains. Au début, tout est facile et puis une réflexion, une remarque et on peut se méfier du voisin, des décisions prises en remettant en cause leur légitimité. Le déclencheur ? Un homme qui arrive de la plaine, de l’extérieur et qui demande de l’aide, gîte et couvert…. Que faire ? Le chasser, l’accueillir en le tenant à l’écart ? Les ressentis ne sont pas les mêmes et il est pourtant nécessaire d’agir dans un sens ou un autre. Et une fois le choix fait, ne pas se laisser envahir par les questions, les regrets… Et tout cela peut être lourd de conséquences ….

Avec beaucoup de finesse, l’auteur décrypte les liens de cette communauté, leur évolution au fil des jours, des semaines.

« Tant de choses avaient changé depuis la quarantaine. Au coin des rues, les gens étaient peu loquaces, sur le pas des portes, les conversations vite interrompues, de brefs signes de tête remplaçaient les poignées de main. »

Les habitants n’osent plus sortir, la peur se diffuse même si personne n’est malade. La moindre toux, le plus petit reniflement…. Tiens ça ne vous fait penser à rien ? Bien sûr, on peut faire un parallèle avec le COVID. Lui aussi a modifié les relations entre les personnes. Mais attention, la parution de cet ouvrage en langue originale date de 2006 !

Dans ce roman, une réelle réflexion sur la guerre, les peurs humaines qui transforment les hommes, est menée. Le contexte historique est intéressant. Avec son écriture profonde, porteuse de sens, Thomas Mullen aborde différents thèmes avec brio. Une fois commencé, on n’a qu’un souhait : tourner les pages et suivre les protagonistes, attachants pour la plupart. On les comprend dans leur complexité, leurs interrogations, leur faiblesse, leur force…. Philip, Elsie et quelques autres sont charmants et j’ai eu du plaisir à les découvrir et à passer du temps avec eux.

J’ai été captivée par ce livre du début et à la fin !

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Pierre Bondil
Éditions : Rivages (4 janvier 2023)-2006 en langue originale
ISBN : 978-2743658441
560 pages

Quatrième de couverture

1918, État de Washington. Au cœur des forêts du Nord-Ouest Pacifique se trouve une ville industrielle appelée Commonwealth, conçue comme un refuge pour les travailleurs et les syndicalistes. Le président Wilson a fait entrer son pays dans la Première Guerre. Mais une autre menace s'est abattue sur la région : la grippe espagnole. Lorsque les habitants de Commonwealth votent en faveur d'une quarantaine, des gardes sont postés sur l'unique route menant à la ville. Philip Worthy aura la malchance d'être en service lorsqu'un soldat se présentera pour demander l'asile.

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