17/12/2010
Les visages, de Jesse Kellerman
Une chronique de Jacques
Je viens de terminer « les Visages », un excellent thriller de Jesse Kellerman.
Jonathan, le papa de Jesse, écrit de bons polars : La clinique, La psy, Meurtre et obsession… et bien d’autres. Des histoires bien ficelées et plutôt plaisantes à lire, mais parfois au détour d’une page, je trouvais quelques longueurs, je me surprenais à lire en diagonale et même à (carrément) sauter quelques pages qui me semblaient présenter peu d’intérêt. Rien de tout ça chez le fiston, dont l’écriture dense et serrée fixe l’attention du lecteur même dans les passages (il y en a forcément) dans lesquels l’action se déroule au ralenti.
Je ne parlerai pas de l’intrigue, très sophistiquée, la quatrième de couverture suffit amplement à s’en faire une idée. En revanche, le choix du narrateur, un jeune et fringant propriétaire d’une galerie d’art très prisée, à New York, permet à l’auteur de mettre en scène le monde des amateurs fortunées d’art contemporain. Cet univers des marchands et des artistes décrit par Jesse Kellerman suffirait à lui seul à rendre le roman intéressant. Le côté foutage de gueule de certaines œuvres, la part d’aléatoire que comporte l’ascension d’un jeune artiste dont la cote est proprement fabriquée par le marchand de tableaux capable, par un discours aussi flamboyant qu’ésotérique sur « l’œuvre », de susciter chez le pékin richissime et inculte un désir irrépressible d’acquérir l’œuvre en question, surtout si son prix est fabuleusement élevé, tout ça est décrit avec minutie et talent par l’auteur, qui a accumulé une documentation impressionnante sur le sujet. Rien de manichéen toutefois, Jesse Kellerman nous montre aussi des artistes talentueux vraiment découverts par des galeristes. Mais il reste le côté fascinant, bien montré par le roman : comment de la valeur, de la richesse, va être créée par la décision d’une poignée de gens à qui le marché de l’art reconnaît le droit de dire : ceci a de la valeur, cela n’en a aucune, avec toujours une forte part d’arbitraire.
A lire également, la chronique sur le deuxième roman de Jesse Kellerman : Jusqu'à la folie.
Présentation de l'éditeur
Lorsque Ethan Muller, propriétaire d'une galerie, met la main sur une série de dessins d'une qualité exceptionnelle, il sait qu'il va enfin pouvoir se faire un nom dans l'univers impitoyable des marchands d'art. Leur mystérieux auteur, Victor Crack, a disparu corps et âme, après avoir vécu reclus près de quarante ans à New York dans un appartement miteux. Dès que les dessins sont rendus publics, la critique est unanime : c'est le travail d'un génie. La mécanique se dérègle le jour où un flic à la retraite reconnaît sur certains portraits les visages d'enfants victimes, des années plus tôt, d'un mystérieux tueur en série. Ethan se lance alors dans une enquête qui va bien vite virer à l'obsession. C'est le début d'une spirale infernale à l'intensité dramatique et au coup de théâtre final dignes des plus grands thrillers. Bien loin des polars calibrés habituels, Jesse Kellerman, styliste hors pair, nous offre ici un roman d'une indéniable qualité littéraire qui, doublée d'une intrigue machiavélique, place d'emblée le livre au niveau des plus grandes réussites du genre, tels Mystic River, de Dennis Lehane, ou L'Analyste, de John Katzenbach.
Broché: 471 pages
Editeur : Sonatine (15 octobre 2009)
Prix : 21 €
09:26 Publié dans 02. polars anglo-saxons | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |