Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

24/09/2011

Jusqu'à la folie, de Jesse Kellerman (chronique 1)

jusqualafolie.jpgUne chronique de Jacques.

Tous les lecteurs attendaient Jesse Kellerman au tournant de son second roman.  Pour les auteurs dont le premier livre a été un succès, c’est un cap traditionnellement difficile à franchir. Qu’en est-il de ce « jusqu’à la folie » dont on a déjà beaucoup parlé avant même sa sortie officielle ? Est-il à la hauteur du premier, les Visages, qui a connu à la fois un succès public ainsi qu’un vrai succès critique ?

En réalité, ce roman peut déconcerter les amateurs de thrillers classiques, ceux qui aiment les phrases courtes, les changements fréquents de situations, les chapitres qui s’enchaînent avec rapidité, les dialogues réduits à leur plus stricte efficacité. Car en effet, Kellerman ne joue pas dans ce registre.

Alors que dans les Visages l’histoire se déroulait dans le milieu des marchands de tableau, décrit avec beaucoup de vérité et force détails, l’auteur a choisi ici comme toile de fond un hôpital newyorkais. Si vous êtes adepte de la série Urgences, vous apprécierez la documentation réunie par l’auteur, qui est impressionnante, ainsi que la description du milieu de l’hôpital, d’une grande richesse de détails. Dès le début du roman, nous suivons pas à pas son héros dans les recoins et les situations les plus glauques du servie de chirurgie. L’auteur se moque  de la concision, il prend le temps d’installer son personnage et nous montre tous les détails de son travail, nous livre la moindre de ses impressions.

Au bloc, c’était la folie ; tout le monde courrait pour tout préparer en attendant le chirurgien, ne s’interrompant que pour s’adonner au passe-temps favori des salles d’opération : hurler sur l’externe de servie. Jonah prit une casaque chirurgicale et des gants, et la panseuse lui hurla : « tu l’as contaminé, prends-en une autre ! » alors que tout était emballé et stérile, comme si c’était lui qui était particulièrement, monstrueusement contagieux. Discipliné, il retourné dans la réserve  en trainant les pieds et en revint avec une nouvelle casaque  et une nouvelle paire de gants. (…)

Les dieux de la chirurgie étaient jaloux et cruels, et Jonah avait fauté. En tant qu’étudiant de troisième année, il ne pouvait guère espérer faire plus que suturer, écarter, aspirer. Comme tout apprenti, son véritable rôle n’était pas de se rendre utile mais de donner raison à la hiérarchie. Il était là pour souffrir, ainsi que tous les médecins qui l’avaient précédé à cette place.

On comprend tout de suite en lisant ces lignes que le plaisir de l’auteur ne se situe pas uniquement dans le fait de faire monter graduellement la pression et le suspense (ce qu’il fait aussi avec une grande maitrise), mais qu’il est avant tout dans cette description des lieux et des gens, à la fois précise et détaillée, plus proche d’un Dennis Lehane ou même d’un auteur de la « littérature blanche » que d’un auteur de thriller classique à la James Patterson.

Cependant, même les amateurs purs et durs de thrillers pourront être satisfaits, car le roman va très vite s’emballer, et ce dès la fin du premier chapitre. Jonah va accomplir un acte héroïque qui va avoir des conséquences dramatiques : en sortant de son boulot il va sauver la vie à Eve,   une jeune femme agressée par un homme qui la menace avec un couteau. En lui portant secours, il tue  accidentellement son agresseur, la famille de celui-ci porte plainte contre lui et une enquête démarre pour faire le point sur les circonstances précises de la mort de l’individu.

Lorsque la jeune femme qu’il a sauvé prend contact avec lui et qu’une histoire d’amour commence alors entre eux, Jonah va être pris dans une spirale infernale, une nasse dont il va chercher à sortir. Qui est vraiment cette jeune femme ? Il va le découvrir, à ses dépens, et la découverte sera cruelle, puisqu’elle va le ramener vers son premier amour, Hannah, une jeune fille qu’il devait épouser et qui a sombré dans la folie.

Car la folie est au cœur de cette histoire, une folie qui prend l’aspect d’une séduisante jeune femme mais qui va  au fil des pages se révéler terrifiante par ses symptômes et ses conséquences.

Jesse Kellerman a particulièrement travaillé les différents personnages : Jonah,  étudiant motivé, qui veut réussir ses études et ne lâche jamais son travail même dans les moments les plus difficiles. Son ami et colocataire  Lance dont le côté sympathiquement déjanté tranche avec la noirceur du récit, et surtout le personnage d’Eve, la jeune femme agressée, dont  le comportement de plus en plus étrange est  décrit avec une précision clinique et une grande force.

Cette profondeur des personnages, leur véracité, est  le premier point fort du livre, et c’est un élément qui devrait plaire à tous ceux que les personnages stéréotypés et dessinés à grands traits de certains thrillers fatiguent un peu.

Le deuxième point fort est l’écriture. Jesse Kellerman excelle dans les descriptions, il rentre dans les détails méticuleusement, avec précision, sans jamais lasser le lecteur, il trouve chaque fois le mot juste, l’expression la mieux adaptée à la situation. Il réussit à faire monter la tension psychologique jusqu’au  point extrême de la scène dramatique finale qui justifie le titre du livre. C’est un roman dont la construction du récit est impeccable, l’écriture d’une grande densité, et s’il  m’a fallu un chapitre pour m’habituer à son style, que j’ai trouvé pendant quelques pages un peu bavard, je l’ai par la suite apprécié à sa juste valeur.

Ce deuxième roman est donc une vraie réussite. A conseiller à tous ceux qui aiment les suspenses psychologiques intelligents et bien écrits, il va définitivement installer  Jesse Kellerman dans la liste des meilleurs auteurs de thrillers, toutes nationalités confondues.

Une autre chronique sur ce roman

Jusqu’à la folie
Jesse Kellerman
Edition des Deux Terres
384 pages
22,50 €

 

Présentation de l'éditeur

Dans une rue sombre de Manhattan, très tard dans la nuit, une jeune femme est agressée par un homme armé d un couteau. Jonah, un étudiant en médecine surmené, vole à son secours et tue accidentellement l’agresseur. Pendant que les médias font de lui un héros, le procureur s interroge sur son geste héroïque. La victime, quant à elle, veut retrouver son sauveur et tient à lui montrer sa reconnaissance. Les événements s’enchaînent, et Jonah est entraîné dans une spirale terrifiante. S'il est vrai qu’aucune mauvaise action ne demeure impunie, le châtiment de Jonah ne fait que commencer...

 

Commentaires

Je lis partout...C'est son deuxième roman...on l'attendait...etc!
MAIS NON regardez le copiright,il est antérieur aux Visages ecrit en 2008;"Jusqu'à la folie" date de 2007.
Je suis en train de le lire et j'ai du mal à m'y plonger à la différence des Visages...
Il s'agit donc d'un "coup éditorial" de le présenter comme le deuxième ouvrage.Sonatine(les éditions) ne s'y étaienr pas trompé en publiant le second, chronologiquement parlant et probablement le meilleur:"les visages" en 2009.Cette fois c'est un autre éditeur qui essaye de rafler la mise avec du moins bon en tablant sur le nom de l'auteur!!!

Écrit par : marc | 23/10/2011

Quel ennui !
Ça ne démarre jamais....
J'ai adoré Les visages en revanche je vais très vite oublier Jusqu'à la folie... et tant mieux !

Écrit par : moimême | 15/11/2011

Plutôt déçu par "Les Visages "dont on nous avait promis tellement, j'ai au contraire bien aimé "Jusqu'à la folie". Plus proche des personnages, peut-être...

Écrit par : alain lacour | 09/02/2012

très déçu par ce livre "Jusqu'à la folie"
j'avais aimé "les visages" .
Celui-ci dégage un ennui puissant !
A surtout ne pas confondre avec un très bon thriller qui vient de sortir chez France-Empire qui s'appelle " A la folie" De Pascal Marmet
La maison france-Empire pourtant spécialisé dans les ouvrages historiques! Comme quoi !!! Il faut s'attendre à tout cette année!

Écrit par : marc lettellier | 01/03/2012

Les commentaires sont fermés.