19/05/2011
Moonlight Mile, de Dennis Lehane (Chonique d'Eric)
Une chronique d'Eric Furter
Douze ans après les avoir abandonnés sur un cas de conscience à la fin de « Gone Baby Gone », nous retrouvons les détectives Patrick Mc Kenzie et Angéla Gennaro confrontés aux mêmes difficultés. Pourtant l’auteur, Dennis Lehane ne cessait de répéter que ses deux enquêteurs fétiches étaient morts et enterrés pour la fiction. Une lassitude passagère d’auteur à l’égard de ses personnages ou le sentiment d’avoir épuisé le sel de leurs personnalités ?
Nous les retrouvons à Boston, ils ne sont plus détectives privés, mais vivent chichement maintenant mariés. La crise est omniprésente dans le roman sous la forme d’assertions constantes, toile de fond d’un récit, qui nous le savons déjà, sera bien noir. Patrick a repris un travail d’agent de surveillance pour une grosse société « Duhamel § Standiford » qui apprécie peu son manque de tac à l’égard des clients friqués et le maintient dans une situation précaire. Angéla poursuit des études de sociologie. Le passé va venir frapper douloureusement à leur porte et les confronter au dilemme qui les avait déjà séparés. Le fantôme d’Amanda les rattrape: la jeune fille a disparu une fois de plus et ce qui jadis était un élément refoulé devient une obsession.
« 12 ans plus tôt, Amanda Mc Cready avait été kidnappée par son oncle Lionel et des flics agissant en francs tireurs qui n’avaient jamais eu l’intention d’exiger une rançon ou de lui faire du mal. Tout ce qu’ils voulaient, c’était la confier à un foyer aimant, à une mère qui ne passait pas son temps à picoler comme si elle avait investi dans le London Gin ou à choisir ses partenaires sur Les accros du sexe-point-com. » (page 40)
Et voilà que l’affaire repart 16 ans plus tard sur d’autres bases avec une Amanda émancipée voire surdouée, des mafieux tchétchènes en embuscade, une croix orthodoxe d’une valeur inestimable, une troupe de pieds nickelés à défendre flamberge au vent. L’intrigue ne nous saisit pas et semble bercée par la mélancolie d’une autre époque plus harmonieuse. Je suis en parfait accord avec ce que nous dit ce critique (*) « bien que nostalgique de la flamboyance d’antan, je reste admiratif de la justesse avec laquelle l’auteur rend compte du temps passé ».(*) Undead sur le site Unwalker)
ERIC FURTER
Vous pouvez lire ici une article de Jacques sur le même roman.
Présentation de l'éditeur
Moonlight Mile Patrick Kenzie et Angela Gennaro ne sont plus détectives privés. Patrick travaille pour une grosse société de surveillance qui refuse de l'embaucher définitivement car il n'est pas assez « lisse » pour son patron. Il est toujours consumé par la colère face aux injustices et c'est peut-être cela - ainsi que la culpabilité - qui le pousse à accéder à la demande de Beatrice, la tante d'Amanda McCready. Douze ans plus tôt, Angie et lui avaient enquêté sur la disparition de la petite Amanda, mais le fait d'avoir retrouvé l'enfant s'était soldé par un fiasco humain. Selon Beatrice, Amanda, aujourd'hui âgée de 16 ans, a de nouveau disparu et elle est peut-être en danger... Comme Gone, Baby, Gone, Moonlight Mile est un roman totalement contemporain qui dépeint une Amérique en proie à une grave crise morale et sociale. L'auteur de Mystic River et de Shutter Island n'a rien perdu de son art de la métaphore, des dialogues incisifs et des scènes choc. L'art de faire palpiter la vie à chaque page.« Lehane mérite de figurer dans la liste des romanciers américains les plus intéressants et lés plus accomplis, tous genres confondus. »Washington Post Book World« Mr. Lehane nous donne une démonstration spectaculaire de l'art d'emmener le lecteur exactement là où il le veut. »New York Times
Moonlight Mile
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16:16 Publié dans 02. polars anglo-saxons | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |