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07/01/2012

Samedi 14, de Jean-Bernard Pouy

samedi14.jpgUne chronique de Bruno

Jean Bernard POUY. Pour qui possède un minimum de connaissance en littérature policière française, ce nom ne peut pas laisser indifférent. Jean Bernard est un auteur incontournable dans le paysage du polar français, un pilier de cette culture littéraire qui donne au genre français toute son originalité et sa vitalité.

   J’avais découvert l’imagination délirante de cet auteur avec son livre «  la clé des mensonges » il y a un an ou deux. J’avais beaucoup aimé même si ce n’est pas son meilleur roman ( Il faut dire que le bougre écrit beaucoup !), j’en ai lu d’autres depuis qui m’ont fait classer cet écrivain parmi ceux j’apprécie le plus. Un humour corrosif, une plume parfois acerbe, un écrivain qui sait se jouer des travers de nos sociétés modernes.

 A l’occasion de la création d’une nouvelle collection aux éditions de La Branche consacrée au genre, et dirigée par Patrick Raynald , le roman «  Samedi 14 »  de Jean Bernard POUY est l’un des trois premiers opus de cette collection à paraître ( avec «  l’arcane sans nom » de Pierre Bordage, et « Close up » de Michel Quint, deux romans qui seront aussi chroniqués sur Passion Polar d’ici peu).

 Les vendredis 13 c’est comme les crottes de chiens. Soit ca vous porte chance, soit ca vous amène la chienlit comme le disait un certain général. Pour  Maurice Lenoir, un paisible retraité, c’est plutôt la mauvaise pioche, celle des emmerdes qui vont se coller à ses basks . Et la chienlit va prendre la forme d’un macaron tricolore, de gyrophares et d’un bleu outrage façon tsunami.

 Qui aurait pu penser qu’une décision prise au plus haut niveau de l’état allait allumer la mèche d’une bombe à retardement dans cette petite commune de la Creuse où s’est installé depuis quelques temps Maurice Lenoir.  Quand les gendarmes déboulent comme un pitbull dans un bac à sable pour enfant, c’est son univers simple et ordonné de retraité qu’on bouscule et  foule au pied. Raison d’état oblige, son appartement est fouillé de fond en combles.

 Car Maurice Lenoir va apprendre que le fils de ses sympathiques voisins, deux petits vieux sans histoire avec qui il aime à partager quelques moments autour d’un petit verre, a eu la géniale idée de se faire nommer Ministre de l’Intérieur, ni plus ni moins ! Alors forcément, ses parents deviennent une cible potentielle qu’il faut entourer d’une bulle sécuritaire.

 Mais pour Maurice, c’est le début des ennuis. Se montrant peu coopératif avec les flics, ceux-ci ne manquent pas de l’emmener au poste quand ils découvrent au fond de son petit jardin quelques plans de cannabis pour sa consommation personnelle. Déposition et tout le tralala, le petit fretin est pourtant bien remonté dans les filets de la flicaille et promis à l' autorité judiciaire.

 Petit ? Pas si sûr. Avant que les flics ne s’en rendent compte, profitant que sa cellule ne soit pas fermée à clé, Maurice prend la poudre d’escampette et s’évapore dans la nature… avant de réapparaitre chez lui. Afin de ne pas ébruiter la bavure du fonctionnaire l’ayant laissé sans surveillance, la police décide de passer l’éponge contre le silence de Maurice.

 Mais pour Maurice, il est trop tard. Il ne fallait pas lui chercher des noises ! Marcher sur ses plates bandes et ses fleurs du mal. Les bons comptes faisant toujours les bons amis, Maurice est du genre à toujours régler les siens.  Et la police et le gouvernement vont très vite l’apprendre à leurs dépends.

 Car Maurice, n’est pas un retraité. Il ne s’appelle d’ailleurs pas Maurice.  Des médias, et de toutes les polices de France et de Navarre il est connu sous le nom de Maxime Gerland, l’homme le plus recherché du pays. Car notre retraité n’est ni plus ni moins qu’un ancien terroriste ! Il est décidé à reprendre du service.

 Jean Bernard Pouy signe là un roman truculent, truffé d’humour et de bons mots, plaisant à lire.Là où un autre s’enfoncerait dans une histoire de règlement de compte sanglant, Jean Bernard Pouy préfère donner à son personnage principal d’autres armes, tout aussi redoutables et destructrices, surtout pour la classe politique, que des revolvers  et des bombes.

 Ne pensez vous pas par exemple que si la presse publiait des photos de ce terroriste recherché par toute les polices d’Europe avec à son bras une jeune femme amoureuse, et  que cette jeune femme soit la fille du ministre de l’intérieur en personne, ne pensez vous pas disais-je que cela serait du meilleur effet sur la carrière du dit ministre ?  Sans doute ! Et bien c’est ce genre de grenade d’images et de mots que Maxime lance à ses poursuivants, et qui explosent avant même qu’ils aient pu les attraper.

 Et il a plus d’un tour dans sa besace le dur à cuir !

 Dans ce petit roman efficace, la police et nos gouvernants en prennent pour leur grade ! D’ailleurs il n’est pas bon être policier sous la plume de Jean Bernard POUY qui ne manque pas de railler les incompétences, l’autoritarisme, les magouilles et les combines sur lesquels Maxime Gerlan, activiste d’extrême gauche, que l'on suit dans sa fuite et que l'on finit par adorer,  ne manquera pas de s’appuyer pour arriver à ses fins !

  Ce roman démarre un vendredi 13 mais il explose un samedi 14 , comme un feu d’artifice un jour de fête nationale. Et la fête de Maxime est plutôt réussie!

 Le blog de Bruno : http://passion-polar.over-blog.com/

Samedi 14
Jean-Bernard Pouy
Broché: 175 pages
Editeur : Editions La Branche (13 octobre 2011)
Collection : Vendredi 13
15 €

Présentation de l'éditeur
Alors que Maxime s'était rangé des voitures et retiré à la campagne, voilà que, sous prétexte que ses voisins sont les parents du nouveau ministre de l'Intérieur, les CRS viennent lui chatouiller les arpions et piétiner son potager. Mais on ne réveille pas impunément un ancien terroriste à la retraite ! Surtout un vendredi 13.