20/10/2019
Mortelle tentation, de Christophe Ferré
Une chronique de Cassiopée
Alexia est avocate. Son mari, Peter, ancien rugbyman de renom, est architecte d’intérieur. Ils habitent à Toulouse dans une maison agréable avec leur fils Kevin, un jeune adolsecent. Régulièrement, Peter va randonner dans les Pyrénées, en solitaire. Il en a besoin mais, lorsqu’il part, il appelle son épouse le plus souvent possible et lui répète combien il l’aime. Lors de sa dernière sortie, Alexia reste plusieurs jours sans nouvelles. De plus, elle apprend qu’une jeune femme a été assassinée dans le coin où il marchait. A partir de ce moment-là, l’inquiétude monte en elle surtout que le téléphone de son compagnon est perpétuellement sur messagerie…. Que s’est-il passé, est-il lié à ce sordide fait divers ? Peut-elle soupçonner celui dont elle partage la vie depuis longtemps et à qui elle fait totalement confiance ? Ou a-t-il fait, lui aussi, une mauvaise rencontre ?
Alexia a une personnalité attachante, elle passe par tous les sentiments, ne sait plus qui croire, à qui se confier. Cela la place sans arrêt dans une situation ambivalente, en plein malaise. Tout accable Peter et pourtant des contradictions, des éléments surprenants, et son amour pour lui l’incitent à se méfier de cette accusation. Puis une nouvelle certitude se présente et elle n’a qu’un souhait : le rejeter, ne plus entendre parler de lui….On sent son désespoir, la tension qui l’habite en permanence. On se demande si elle retrouvera un jour un peu de paix intérieure… Quelles conséquences toute cette histoire aura-t-elle sur elle, sur son fils ? Qui sont ses vrais amis ? Sur qui peut-elle compter, s’appuyer ? Même le juge qui suit l’affaire ne semble pas net … Quant à son conjoint, son « image » est égratignée et on se demande s’il pense aux conséquences de ses actes ou s’il agit sans réfléchir, en égoïste…. Peter est-il l’homme droit, honnête, fidèle que tout le monde admirait ?
Il est intéressant de voir comment le doute s’insinue en chacun, comment il déstabilise toutes les convictions. Il ronge les rapports humains comme une mauvaise rouille, les modifient, il s’attaque à tout. Chacun réagit différemment et les questions fusent encore plus….
Habilement, Christophe Ferré propose plusieurs pistes. Le lecteur en suit une, se trompe, revient, repart. Un nouvel indice apparaît et ce qu’on pensait juste ne le semble plus vraiment. Au départ, l’intrigue paraît primaire puis elle devient plus complexe tant des éléments déroutants apparaissent. Peter est-il un sale macho tueur ou est-il victime d’une machination ? Est-ce aussi simple que ça ? J’ai trouvé excellente la complexité des différents protagonistes et de l’intrigue. Personne n’est vraiment lisse.
L’écriture est fluide, plaisante. Les chapitres courts maintiennent un rythme vif et captent l’attention du lecteur. Il n’y a pas de temps mort car sans cesse, une nouvelle révélation est annoncée. Le suspense est donc bien présent. C’est un vrai page-turner.
Le seul bémol qu’on pourrait mettre, c’est que parfois, le trait est peut-être exagéré mais lorsqu’on voit l’actualité, on ne s’étonne plus de rien. De fait, ce roman ferait un excellent téléfilm avec ses rebondissements, ses personnages troubles et cette ambiance inquiétante qui s’alourdit de page en page.
J’avais beaucoup apprécié le premier roman de l’auteur et il confirme son talent avec ce deuxième titre. Il a su intelligemment se renouveler tant dans les lieux que pour le contexte du récit. Dans quel coin nous emmènera-t-il la prochaine fois ?
NB : Encore une très belle couverture !
Éditions : L’Archipel (9 Octobre 2019)
385 pages
Quatrième de couverture
« Hier après-midi, non loin du GR 10, un randonneur a repéré des vautours qui tournoyaient à basse altitude. Intrigué, il s’est approché et a découvert le cadavre d’une jeune femme entièrement nue. » Depuis que le crime a fait la une des journaux, Alexia est sans nouvelles de son mari, parti quelques jours plus tôt marcher en solitaire dans ce coin sauvage des Pyrénées. D’abord inquiète elle en vient peu à peu à suspecter l’homme qui partage sa vie.
10:40 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |