21/10/2019
Une vérité à deux visages, de Michael Connelly (Two Kinds of Truth)
Une chronique de Cassiopée
Fan de la première heure de Monsieur Harry Bosch, j’ai toujours du plaisir à le retrouver. Il est depuis quelque temps dans un bureau-cellule où en tant que bénévole, il s’intéresse aux disparitions non résolues. Pourtant c’est sur une enquête qui démarre qu’on lui demande de l’aide. Deux pharmaciens, le père et son fils, ont été assassinés. Cela ressemble fortement à un contrat sur leurs têtes donc ils dérangeaient. Pourquoi ? Harry et ses coéquipiers vont se lancer dans des investigations afin de comprendre. Parallèlement à ses recherches, d’anciens collègues à lui viennent le prévenir. Un assassin qu’il a fait arrêter il y a trente ans, va voir son dossier réétudié car il semblerait que Bosh ait trafiqué des preuves. Il est outré et fait appel à son demi-frère avocat (et son bras droit Cisco) pour l’aider à faire face à ses accusations.
Sur l’échelle des romans de Michael Connelly, si ce dernier titre n’est pas, pour moi, dans le tiercé gagnant, il est malgré tout placé dans le haut du tableau. On oscille entre les deux affaires et c’est très bien relié. On n’a pas l’impression de lire deux histoires juxtaposées mais le quotidien de notre héros, quotidien très occupé avec plusieurs dossiers en cours. Et comme à son habitude, le policier ne lâche rien, quitte à prendre de gros risques. C’est un homme humain, qui a beaucoup vécu, il est prêt à aider les autres, mais on le sent parfois triste, déçu des choix qu’ont fait certaines personnes. C’est intéressant de voir comment il réagit lorsque les événements lui échappent et ne se déroulent pas vraiment comme il avait pensé ou lorsque ceux auxquels il tient n’agissent pas dans le sens qu’il avait imaginé.
Dans ce récit, il est très à l’écoute de ceux qu’ils croisent et qui lui paraissent aller mal. Il leur accorde de l’attention, essaie de les comprendre et de les aider quand il le peut. Il a encore ses petits travers : il dort peu et boit de la bière (mais moins) et il écoute encore de beaux airs de musique. Il m’a semblé plus apaisé, moins torturé. Sans doute, plus sage, bien qu’il soit prêt à se mettre en danger pour arriver à ses fins.
J’ai beaucoup apprécié les explications sur le trafic de médicaments. J’ai pu comprendre comment les « commerçants » se servent de la détresse des hommes et des femmes pour enrichir leur portefeuille sans se préoccuper des dégâts collatéraux et de la dépendance qu’ils maintiennent. L’auteur a su trouver un sujet d’actualité et l’a traité avec intelligence. En parallèle, revoir Mike Haller est agréable. La relation entre les deux demi-frères a évolué et on sent qu’ils sont plus prêts à s’écouter, s’aider. Les petites anecdotes entre les deux frangins apportent un petit côté sympathique.
L’écriture est, comme d’habitude, accrocheuse, fluide (on imagine sans peine le plaisir qu’a Monsieur Pépin à traduire une « vieille connaissance »). L’alternance des deux intrigues maintient un bon rythme et l’ensemble est tout à fait cohérent. Le fait que certains personnages d’anciens recueils soient intégrés donne du « souffle » à l’ensemble. C’était donc un excellent moment de lecture sans longueurs. Je ne me lasse pas de l’idée que Harry Bosh est tellement réussi que si on me disait que je vais le rencontrer demain, je le croirais !
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Robert Pépin
Éditions : Calmann- Levy (16 Octobre 2019)
440 pages
Quatrième de couverture
Travaillant toujours bénévolement aux affaires non résolues pour la police de San Fernando, Harry Bosch est appelé sur une scène de crime dans une pharmacie. Les deux employés, père et fils, viennent d’être assassinés par des tueurs à gages. Bosch n’hésite pas une seconde et se lance dans l’enquête. Mais voilà qu’il est soudain accusé par la police de Los Angeles d’avoir, trente ans plus tôt, trafiqué des éléments de preuve pour expédier un tueur en série au couloir de la mort.
14:50 Publié dans 02. polars anglo-saxons | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |