25/02/2024
C'est à la fin du bal qu'on paie les musiciens, Collectif d'auteurs
Écrire des nouvelles est souvent un exercice périlleux. Il faut trouver la bonne longueur et surtout caser dans peu de pages une histoire bien menée avec un début, une fin, et une chute étonnante, marquante. Si en plus, le thème est « imposé » il faut coller à ce qu’on vous demande.
Neuf auteurs ont répondu présents pour ce dixième recueil, cinq hommes, quatre femmes. Certains que je connais et dont je « suis » les écrits à chaque parution, d’autres que je découvre entre ces pages. Ils sont tous d’horizons variés.
Les points communs dans la lecture sont les suivants : toutes les histoires parlent de vengeance, elles se passent dans un monde contemporain ou presque, mettent en scène des humains et sont très bien rédigées ! Les différences ? Chacun son style, son phrasé, son univers, ses personnages.
Ce qui est sûr et certain, c’est que tout se paie, un jour ou l’autre….
J’ai particulièrement apprécié le texte présentant une ministre mante religieuse à l’appétit féroce. Je n’avais rien vu venir ! J’ai été retournée comme une crêpe et complètement surprise (parce que, même en lisant la fin, je n’avais pas tous les éléments).
Dans d’autres petits récits, on sourit en pensant que tel est pris qui croyait prendre… parce qu’un renversement de situation (une panne, un impayé …) remet en cause tous les acquis, toutes les certitudes …
Des thèmes bien actuels sont évoqués : les réseaux sociaux, les sites de rencontre, le harcèlement, la vie de couple etc… Chaque rédacteur est parti d’une situation, de quelques personnages (pas de choses trop complexes à lire) et la suite s’est mise en place. Tout est bien pensé, bien dosé….
Bien entendu, chacun a sa propre « plume », son choix d’atmosphère, de contexte, mais on ne ressent pas de scission trop grande entre chaque historiette et pour moi, c’est important. La lecture n’est pas hachée et tout s’enchaîne facilement. Les nouvelles sont de longueur inégale, classées par ordre alphabétique (c’est une bonne idée parce qu’après avoir réfléchi sur le sujet de la vengeance, je n’ose imaginer ce qui aurait pu se passer si l’un-e ou l’autre, jaloux et insatisfait de sa position dans le livre, avait utilisé son imagination …débordante d’inventivité…. Brrr……)
C’est un recueil qui détend, qui, malgré quelques passages plus angoissants, ne fait pas (trop) peur et embarque sans temps mort. Les protagonistes ont des idées parfois saugrenues si on les regarde de « haut » mais si on réfléchit bien et qu’on se met dans la « peau » du vengeur (pas forcément masqué, certains ne se cachent pas et avancent à découvert, cachant tellement leur jeu que la victime, confiante, tombe dans le panneau….), on peut les « comprendre »…. Ce qui est intéressant, c’est qu’on part de faits tout à fait « ordinaires », comme on en voit tous les jours et puis ça dérive, soit parce qu’on a des individus qui ont perdu tous sens commun, soit parce que, fous de rage, ils veulent une revanche et sont prêts à tout …. Et une dérive en entraînant une autre…..
Cette lecture a été un moment plaisant, dépaysant, décoiffant quelques fois. Je suis admirative de la créativité de chaque écrivain. Ils ont su se bousculer pour relever un défi pas aussi facile que le laissent penser les apparences. Bravo !
Éditions du Caïman (15 Février 2024)
ISBN : 9782493739179
234 pages
Quatrième de couverture
Pour ce dixième opus de la collection Nouvelles Dora-Suarez, neuf auteurs de polar, des plus aguerris aux plus prometteurs, se sont vu confier la tâche d’écrire un texte sur l’un des grands thèmes de la littérature noire, la vengeance... Chacun son univers... mais le résultat est le même : pas de quartier !
Les auteurs
Neuf auteurs se sont prêtés au jeu. Certains, comme Sandrine Cohen ou Jérémy ont pris la bonne habitude de publier des romans aux éditions du Caïman. D’autres, comme Cendrine Bertani ou Sandrine Durochat nous font le plaisir de nous rejoindre à nouveau pour un recueil collectif. Et nous souhaitons la bienvenue aux nouveaux : Jean-Luc Bizien, Quentin Bruet-Ferreol, Mallock, Ludovic Miserole, Estelle Tharreau...
11:33 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |