09/02/2024
Los Muertos d'Éric Calatraba
Ça commence par une magnifique couverture. Une route à l’infini, des couleurs douces et tourmentées à la fois.
Ça continue avec un poème de Federico Lorca, Âme absente.
Le ton est donné, la lecture sera imprégnée d’une douce mélancolie mais aussi des inquiétudes et des côtés obscurs de chaque personnage.
Christian Herrera est détective privé. Il a décidé d’arrêter et de transmettre ses dossiers à un collègue. Non pas qu’il soit aigri, usé, fatigué, sans envie, sans vitalité … C’est tout simplement que le moment est venu pour lui de passer à autre chose. Il a l’air fort, mais on sent bien qu’il cache des fêlures, de celles dont il est difficile de se remettre, même si devant les autres, on reste droit.
Malgré tout, il accepte, un peu sur un coup de tête, une dernière mission. Est-ce que cette grand-mère, persuadée que sa petite fille, Luisa, n’est pas morte, alors qu’elle a disparu il y a sept ans, l’a ému ? Veut-il relever un dernier défi ? Il a dit oui pour cette mission sans se douter de la route qui va s’ouvrir à lui.
Après avoir interrogé l’ancien petit ami qu’elle devait épouser, ses copines et d’autres personnes, il se décide à suivre le fil qui s’offre à lui. Ses investigations, et surtout son instinct, l’emmènent dans des lieux atypiques où il rencontre des personnes qui ont côtoyé ou pas Luisa. Petit à petit, il se rapproche d’elle, de son parcours, sans toutefois savoir si elle est vivante ou morte. Il apprend à la connaître dans une Espagne encore marquée par l’Histoire. Comme ses propres ancêtres ont fui ce pays suite à la guerre, il revisite son passé et voyage à travers le temps et l’espace.
L’histoire personnelle de cet enquêteur s’imbrique dans celle de la disparue. Les souvenirs affluent, il les partage, on passe du passé au présent, on comprend sa vie, ses réactions et plus on le connaît, plus on s’attache à lui, le blessé de la vie qui a le droit de sourire à nouveau. C’est par petites touches qu’il se confie, c’est à petits pas qu’il avance. Il doit se montrer prudent s’il ne veut pas que le peu d’indices récoltés lui file entre les doigts sans pouvoir les utiliser.
C’est un roman comme je les aime, empli de pudeur contenue, avec une atmosphère délicate et des protagonistes aux caractères intéressants. Ils ont dû faire des choix, parfois contre leurs désirs mais peut-on tout le temps faire ce qu’on veut ?
L’écriture de l’auteur est aboutie, poétique, racée. Son style plaisant avec des phrases porteuses de sens et des mots bien choisis. Son récit nous entraîne au plus près des individus, de leur quotidien, de leurs pensées, de leurs émotions. On est au cœur des événements, on ressent chaque espoir, chaque déception, chaque petit bonheur…
J’avais lu « Munera » d’Éric Calatraba, un texte noir puissant, terrible. Découvrir un recueil totalement différent me plaît énormément. Il a plusieurs couleurs d’encre pour son stylo et je pense qu’il n’a pas fini de m’étonner …
Éditions : La Trace (15 Février 2024)
ISBN : 979-1097515850
132 pages
Quatrième de couverture
Christian Herrera, détective privé, accepte une dernière mission : partir à la recherche de Luisa, une jeune fille disparue sept ans auparavant. L’enquête entraîne le détective en Espagne qu’il parcourt du nord au sud au volant de sa vieille Mercedes. Le road trip lui rappelle l’histoire de sa propre famille qui a fui la guerre d’Espagne et la dictature. Par petites touches, Herrera nous livre les évènements qui ont fait de lui un homme seul. Persuadé que Luisa est en vie, il décide de se laisser guider… Retrouvera-t-il la jeune femme ?
00:36 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |