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10/01/2013

Ordo ab Chao, de Orson Sinedy

ordo.jpgUne chronique de Paul.

 Moi, j'aime pas le chaos, mais l'ordre oui !

 On peut très bien être atteint d’un cancer incurable et foudroyant et ne pas en mourir.

Le docteur Mignaud, parvenu à l’âge de la retraite et atteint d’un cancer incurable, et sa fille Nathalie passionnée par l’Egypte, doivent participer à un dîner d’affaires en compagnie de Simon Carpentier, vingt ans de plus que la jeune femme. Nathalie espère l’épouser mais Simon est réticent, tout comme le docteur. Simon est en retard au repas, mais le principal intéressé, Franck Matthieu de la banque privée Victoria, est lui bien présent. C’est leur première rencontre, malgré que le compte bancaire soit ouvert depuis plus de quinze ans. Le docteur et sa fille apprennent avec stupéfaction qu’ils sont en possession d’un compte bancaire d’un montant de vingt millions d’euros. A l’origine il n’était que de quatre, soit une belle progression inespérée. En effet, ce compte est composé de valeurs pétrolières, une fortune confiée par la mère de Nathalie. Nathalie doit entrer en possession de ce pactole le soir même.

C’est le soir des révélations. La mère de Nathalie n’est pas décédée comme elle le croyait depuis des années, mais incarcérée aux USA pour meurtre. Le docteur Mignaud était rentré avec sa fille en France peu après que sa femme ait défenestré son amant, ou supposé amant. John Terry, spécialiste des marchés financiers était associé avec Cécile la femme du docteur Mignaud. Sur ses conseils elle avait ouvert un compte en 1990, dans l’agence de la banque Victoria de Los Angeles, avec dix mille dollars. Depuis cette somme a proliféré, selon des ordres de bourse édictés quinze ans auparavant. La mort par défenestration de John Terry est une énigme. Pourtant Cécile n’a rien fait pour se disculper, déclarant uniquement à son mari, avant d’être envoyée en prison, Je t’aime, je n’ai pas eu le choix.

Simon arrive enfin, en retard, ce qui n’empêche en rien le docteur de converser avec le banquier. C’est ainsi que sont évoquées les jeunes années californiennes de Nathalie, son amour du dessin, et ses représentations sur papier d’êtres humains placés de profil, le tout accompagné de légendes ressemblant à des hiéroglyphes. Simon avait promis à Cécile de veiller sur Nathalie et si Mathieu a été choisi c’est grâce à un mémoire qu’il a écrit lors de la fin de ses études. Nathalie porte en sautoir une clé qui pourrait ouvrir un coffre bancaire. Nathalie préfère rester avec Simon afin de mettre ses idées au clair, ainsi que Franck, tandis que le docteur décide de rentrer chez lui.

Pendant ce temps, à Londres, dans un service officieux des renseignements britanniques, le PSY 7, c’est l’effervescence. Le PSY 7 est une agence en marge des services officiels dont le personnel restreint est issu du privé et qui est dirigé par le colonel Monroe. Un message électronique avec en en-tête 37 -29 Fructidor, envoyé par un correspondant français anonyme, est adressé à un homme d’affaires d’origine égyptienne, soupçonné appartenir à un réseau islamiste.

L’homme, nommé Benjani, est à la tête d’une fortune estimée à cent millions de livres sterlings, provenant de transactions et de surfacturations. Il gère des sociétés pétrolières de petites tailles mais dont l’emplacement est stratégique. Ancien enseignant dans une école privée religieuse, copte et gnostique. Or les coptes sont chrétiens, ce qui est à-priori une anomalie, ceux-ci ne commerçant pas avec des musulmans. Monroe envoie Julie, un de ses agents, lesquels possèdent tous des attributions particulières, en Egypte. Elle est accompagnée par un militaire et doit être réceptionnée par le colonel Masri.

Alors que le docteur veut démarrer sa voiture, celle-ci explose. Le commissaire Dupuis, du XVIIe arrondissement, alerté par la déflagration, pense immédiatement à un attentat terroriste. Dans le restaurant, Franck prend les choses en main. Simon, blessé, est emmené à l’hôpital tandis que Nathalie est confiée à l’infirmerie du commissariat. Dupuis révise son jugement, et interroge la jeune femme ainsi que Franck qui l’accompagne. C’était bien le docteur Mignaud qui était visé ainsi que Nathalie.

Benisad, le bras armé de l’Ordre du Temple, est désolé d’avoir raté en partie sa mission. Seul le toubib est décédé alors que Nathalie était elle aussi visée. L’ordre du Temple est une faction secrète de la Franc-maçonnerie, mais dont les tentacules se prolongent aussi bien en Europe, qu’au Moyen Orient ou aux USA.

Or justement c’est cet aspect qui interloque le colonel Monroe qui décide d’envoyer deux agents à Paris, surtout lorsqu’il apprend l’attentat perpétré envers le docteur. Au Caire Julie elle aussi se rend compte qu’il y a conjonction avec la Franc-maçonnerie, découvrant des textes écrit en langage ancien que nul ne peut décrypter. A l’école copte où ils se sont rendus ils échappent miraculeusement à une fusillade. A Paris Franck et Nathalie, échappant aux policiers, découvrent les fameux dessins cachés chez Simon. Ils parviennent une fois de plus à filer à la barbe et au nez des policiers. Un lien parental entre Nathalie et le général Desaix qui a créé l’Institut d’Egypte et découvreur de la pierre de Rosette. Aux USA, le responsable de la CIA, Bob Kenwell, alerté par l’attentat, est prévenu que deux autres agents du SPY 7 se rendent sur le territoire américain. Les ordinateurs sont piégés par des virus ou des bombes. Des meurtres ponctuent les différentes enquêtes.

Bavardages et papotages sont les deux mamelles qui alimentent ce roman qui pourtant possède parfois certaines fulgurances. L’histoire se décline entre le vendredi à partir de 17 heures et le lundi 7 heures. Elle est entrecoupée par des intrusions dans l’antiquité égyptienne, à Thèbes, au temps de Néfertari. La partie thriller est vivante, mais celle consacrée à l’ésotérisme se traîne quelque peu en longueur. Outre la Franc-maçonnerie, ou tout au moins la partie secte secrète, dont la devise est Ordo ab chao (ordre et chaos), référence est faite à Eleusis, école initiatique de la Grèce antique et dont le but était d’intégrer les hautes fonctions de l’état, devenant le vivier des hommes d’état de l’époque. Or il est démontré que tous les gouvernements sont gangrenés par des pions mangeant dans la main des responsables de cette secte. Qui plus est, ces personnages mystérieux, Monroe et Dupuis l’apprendront avec stupeur, sont des hommes âgés, centenaires et plus, alertes, à l’intelligence acérée, vive, et au physique dénué d’handicap lié à la sénilité. Une résurgence du mythe de l’immortalité du comte de Saint-Germain. Les protagonistes sont transcendés par cette enquête, à l’instar du banquier Franck Mathieu, qui vivotait tranquillement, et devient un individu n’ayant pas froid aux yeux, se montrant volontaire, transformé par l’enjeu et la belle Nathalie.

Je dois avouer que par deux fois, j’avais entamé ce roman, avant de le reposer vers la page 200. Et puis, titillé par l’histoire, et désireux d’en connaitre la trame jusqu’au bout, je m’y suis attelé avec obstination, me forçant parfois à continuer. Certains passages m’ont paru inutiles, mais d’autres se sont révélés passionnants. Alors, de mon simple avis de lecteur, je crois que ce roman aurait mérité d’être dégraissé. Mais les passionnés d’ésotérisme y trouveront largement leur compte.

 

Paul (Les lectures de l'oncle Paul)

Ordo ab Chao.
Orson SINEDY :
Editions Pascal Galodé.

700 pages. 24,90€.