30/05/2016
Insoumis, de Patrick S. Vast
Une chronique de Cassiopée.
Jusqu’au bout de la vie…
Il s’aimaient d’amour tendre, les tourtereaux, Jean et Noëlle, comme ces jeunes couples des années soixante à qui la vie souriait. La guerre d’Algérie arrive, les recrues se font parmi les jeunes français et lui, le bel amoureux doit partir se battre là-bas. A quoi bon « épouser »un combat qui n’est pas le sien, qui lui semble flou ? Pourquoi quitter son pays alors que tout va très vite être fini (c’est ce qu’on lui dit) ? Et puis il y aura forcément une amnistie permettant aux insoumis de sortir de leur cachette et de reprendre le cours de leur vie quand tout sera rentré dans l’ordre …. Jean n’a pas choisi cette situation, faire son service militaire, d’accord, puisque c’est obligatoire mais aller au front pour une cause qui n’est pas la sienne et risquer de ne jamais revenir, non ! Alors il décide d’être insoumis et de se terrer en entendant l’accalmie…. Noëlle a peur mais elle le comprend….
Le temps passe, les événements s’enchaînent, pas vraiment comme les jeunes gens les avaient envisagés. S’il est besoin, ce roman nous rappelle qu’on ne maîtrise jamais tout, ni le cours de son destin, ni les actions collatérales qui en changent la direction…. Jean sera confronté à des situations qui lui échappent, obligé d’agir vite, parfois sans réellement réfléchir….
Sur fond de guerre d’Algérie, de trahison, de complots, Patrick S. Vast nous expose des personnages attachants pour la plupart. Ave une pudeur toute masculine, à mots choisis, il évoque les sentiments des uns pour les autres, les rapports de force et le poids de l’argent…. Le portrait de Noëlle, toute en force et douceur, est une réussite. C’est une « belle » personne. Comme d’autres femmes que Jean trouvera sur sa route et qui l’aideront, simplement parce qu’elles croient en lui…
J’ai beaucoup aimé la construction du roman, on découvre l’année 2001, puis on passe aux situations des années soixante avec parfois un aller retour en 2001. Les premières pages vous questionnent et donnent le souhait d’en savoir plus très rapidement. L’écriture est précise, directe, avec toutefois une bonne part pour les émotions de chacun. Le fond de l’intrigue, avec une trame historique donne de la consistance à l’ensemble. On retrouve ce qui s’est passé, la musique de l’époque avec un clin d’œil aux bons vieux tubes que nos parents écoutaient, les faits principaux également, comme Mai 68. L’auteur doit aimer la musique car les titres sont toujours sélectionnés avec goût et vous donnent des envies de bande son pour accompagner la lecture. On balaie une quarantaine d’années avec l’atmosphère de cette période. C’est très bien exprimé et on s’y croirait. On pourrait penser que moins de deux cents pages pour parler de tout ce temps c’est un peu juste. Et bien non, pas du tout. Le rythme est bien réfléchi, l’essentiel de l’actualité nécessaire à l’évolution de la situation des protagonistes agencé avec doigté.
C’est donc un ensemble harmonieux, agréable et loin d’être vide de sens que nous propose la toute nouvelle maison d’édition Aconitum. L’air de rien cet opus n’est pas du tout une bluette. Des sujets graves sont abordés et s’ils ne sont pas approfondis, c’est par choix de l’auteur (enfin c’est ce que je pense) pour ne pas alourdir le propos et laisser un texte abordable par tous. Après, ce sera à chacun de répondre s’il le souhaite, aux différentes interrogations qui ne manqueront pas de germer. A commencer par la principale : qu’aurais-je fait à leur place ?
Insoumis
Auteur : Patrick S. Vast
Éditions : Aconitum (Avril 2016)
Nombre de pages : 190
ISBN : 9791096017010
Quatrième de couverture
Jean Boitel et Noëlle Damour auraient pu former le petit couple parfait des Trente Glorieuses. Mais la guerre d'Algérie bat son plein, et Jean est accusé du meurtre d'un jeune appelé du contingent. Réfugié à Paris, il y apprendra sa condamnation à mort par contumace.
10:18 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : insouis, patrick s. vast | Facebook | |