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10/01/2024

Bad Run de Jérémy Bouquin

bad run.jpgVoilà un roman comme je les aime. Une écriture « endiablée », vive, qui entraîne immédiatement, sans temps mort, sans descriptions excessives, dans l’histoire. Des personnages hauts en couleur qui « dépotent ». Une atmosphère ambivalente vous faisant passer de la tranquillité à l’angoisse… D’ailleurs, même lorsque tout semble calme, on sent comme une tension, plus ou moins légère mais toujours bien présente. On a le sentiment qu’une étincelle pourrait mettre le feu aux poudres et tout exploserait.

Pourtant, Harry veille. C’est un ancien gendarme, mis à l’écart dans un premier temps suite à une petite bavure, puis retraité. Amoureux de Marie, une femme rencontrée à Mayotte, ils se sont installés dans un coin perdu de France avec pour but de retaper un corps de bâtiment et d’en faire un gîte. Mais ce beau projet a dû être abandonné car Marie, malade, est décédée. Harry, seul, ne pouvait plus porter les travaux, les devis… Il a essayé mais, face à des artisans peu scrupuleux, il ne s’est pas battu…. L’envie, la fougue, n’étaient plus là, il n’y croyait plus.

Autant pour s’occuper que compléter ses finances, Harry sert un peu d’homme à tout faire à un notaire véreux, Lionnel. Ce dernier, pas courageux, pas travailleur, préfère les soirées poker, l’alcool et la drogue à son métier. Pour maintenir son train de vie, il organise des veillées cartes « sur invitation ». Il faut être recommandé et montrer « patte blanche ». Harry, qui a du temps libre et surtout qui a gardé sous le coude d’anciennes relations, sert de « détroncheur » à Lionnel. Il ne faut pas qu’il y ait une fuite sur les parties clandestines. Les joueurs choisis par Lionnel, sont « épiés » et « castés » par Harry. Discrètement, il se renseigne, observe, monte un dossier sur chacun pour être sûr qu’on peut leur faire confiance. Quand c’est bon, les clients sont récupérés par Harry (qui fait tout pour qu’ils ne repèrent pas le trajet jusqu’à la maison du notaire) et ils viennent jouer.

Parfois, Harry « ne sent pas » certains « invités » et en parle à son « patron » mais le dialogue n’est pas forcément possible. Est-ce que la situation est totalement maîtrisée, sous contrôle ? Lionnel certifie que oui, Harry en est moins persuadé….

Le lecteur attentif aura remarqué qu’Harry et Lionnel ont des « failles ». L’un comme l’autre, trop impulsifs, pas vraiment à l’écoute, ils sont capables de sortir de leurs gonds, de franchir les limites. La tension monte petit à petit. L’angoisse également car on se sent impuissant face aux maladresses des uns et des autres, face aux mensonges supposés, voire face aux non-dits.

Malgré son côté « bad boy », je me suis attachée à Harry, parce que c’est son veuvage qui l’a déstabilisé, sorti de la norme. Il aurait pu vivre autre chose, de tellement plus enthousiasmant, de plus « vivant ». On le sent « figé » dans un fonctionnement dont il ne sort pas…

Cette lecture a été très plaisante, je n’ai pas vu le temps passer, il y a de l’action, des rebondissements, une intrigue solide. L’auteur insère des dialogues qui mettent du rythme dans le texte, les événements s’enchaînent et on ne s’ennuie pas une seconde.

Éditions : du Caïman (12 Décembre 2023)
ISBN : 978-2493739124
274 pages

Quatrième de couverture

Harry se méfie de tout le monde. C'est un gendarme à la retraite, veuf, qui vit dans une ferme qu'il n'arrive plus à retaper. Pour ajouter du beurre dans les épinards, il bosse pour Lionnel, comme "détroncheur". Il assure la sécurité de parties de poker clandestines. Peinards, tranquilles, planqués dans la campagne berrichonne, qui viendrait les chercher ?