02/10/2014
Gravé dans le sable, de Michel Bussi
Une chronique de Paul.
Un message effet mer !
Ce roman a paru pour la première fois en mars 2007 aux Editions des Falaises /PTC mars sous le titre de Omaha crimes. Depuis Michel Bussi a creusé son sillon dans le terreau fertile de la littérature policière, lui insufflant un ton nouveau et il s'est affirmé avec Nymphéas noirs et autres romans aux Presses de la Cité. Mais Gravé dans le sable ou Omaha Crimes reste le premier roman de l'auteur que j'ai eu le plaisir de lire, de chroniquer, d'en détecter aussi quelques maladresses. Je sentais que ce roman comportait alors de grands espoirs, regrettant même que celui-ci fut édité par un petit éditeur de province (Ce qui n'est pas intrinsèquement péjoratif) et dont la diffusion ne pouvait dépasser que difficilement les frontières du département. Après un autre roman qui mériterait lui aussi de retrouver un second souffle, une seconde jeunesse, Sang famille, Michel Bussi est enfin entré dans la cour des grands.
Michel Bussi explique la genèse de ce roman dans son avant-propos intitulé : Ce roman est né d'une illusion. Mais Michel Bussi à travers tous ses romans joue sur les illusions, une marque de fabrique qu'il impose et dont le lecteur ressort ébahi, heureux et content. Sauf les grincheux, évidemment, mais heureusement que ceux-ci existent, car ces détracteurs donnent par leurs déclarations encore plus de poids aux histoires qu'ils n'ont pas comprises et plus d'envie aux lecteurs intrigués. Si dans ma première chronique je regrettais quelques erreurs, géographiques notamment, je comprends mieux maintenant pourquoi Michel Bussi s'était fourvoyé grâce à ses explications. C'est aussi pourquoi il était normal que l'auteur retravaille son texte puisqu'il s'agit ici d'une version revue et corrigée. Et à ceux qui se demandent pourquoi les auteurs lors de rééditions remanient leurs textes, c'est tout simplement parce qu'ils appliquent cette maxime de Boileau pleine de bon sens : Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage ! et pour être plus précis :
Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage, Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage, Polissez-le sans cesse, et le repolissez, Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.
Mais peut-être est-il bon de s'intéresser à ce roman !
6 Juin 1944. 178 rangers, commandés par le lieutenant Dean, se lancent à l’assaut de la pointe Guillaume. Mais avant d’accéder à cette falaise, il leur faut pratiquer une brèche dans un mur construit sur la plage par les Allemands. Trois jours auparavant, un tirage au sort a été effectué, des numéros inscrits sur des bouts de papier, et celui qui se saisira du numéro un partira en premier, et ainsi de suite. La mort quasiment assurée pour les premiers soldats qui s’élanceront avec en prime une caisse d’explosifs à déposer au pied du mur.
Si Oscar Arlington a tiré le numéro 4, d’autres ont été plus chanceux, alors qu’il pensait bien échapper au mauvais sort. Tout ça à cause de sa mère, sénatrice, qui voulait absolument que son garçon participe à la guerre ! Ne serait-ce qu’en mémoire de son mari qui est mort des suites de la précédente. De nombreux rangers restent sur le terrain, en ce 6 juin. Alan Woe, lui, est rescapé et soigné par Lison, une jeune fille de la région.
Un mois plus tard, Alice Queen, en provenance des Etats-Unis, vient effectuer une sorte de pèlerinage, à la recherche de son amour disparu lors des combats du débarquement. Mais Lucky, le mal nommé en la circonstance, n’est plus. Au dernier moment, alors qu’elle reprend le car, Alan Woe l’aperçoit. Il pense la reconnaître mais c’est trop tard : la jeune femme est repartie, décidée à refaire sa vie ailleurs, en Australie. Vingt ans plus tard, Alan Woe quitte Lison et ce bout de terre qui est désormais sa patrie.
De temps à autre il recevait du courrier des Etats-Unis, mais jamais il n’a voulu se confier. Cela fait près de six mois qu’Alan a déserté le foyer normand lorsqu’Alice revient et se lie d’amitié avec Lison. Un groupe de vétérans venus pour commémorer le vingtième anniversaire du Débarquement, et s’ils ne reconnaissent pas immédiatement Alice, son nom leur rappelle des souvenirs. Notamment celui de Larry et de l’étrange marché passé avec Oscar Arlington. Oscar avait tiré le numéro 4, Larry le 148 et les deux hommes avaient inversé leur sortie de la péniche. Contre une forte somme d’argent. Argent qui n’aurait jamais été versé. Alice décide alors de renter aux USA et de retrouver Oscar et récupérer son dû. Pour cela elle requiert les services d’un détective privé. Mais les chausse-trappes s’accumulent et les morts aussi.
Michel Bussi nous entraîne en de multiples allers et retours de ce coin de Normandie, entre Isigny sur mer et Colleville, là où a été édifié le célèbre cimetière américain d’Omaha Beach, aux Etats-Unis, dans de petites villes dans une sorte de road-story, de 1945 à 1975 pour le principal de roman. Si au début j’ai pensé, malgré moi, à une nouvelle version de La Lune d’Omaha de Jean Amila, bien vite j’ai été rassuré, car en prenant pour base à peu près le même thème Michel Bussi a su le renouveler et l’exploiter différemment en l'enveloppant de suspense. Avec une tension qui ne cesse de croître, jouant avec les sentiments, ou ressentiments des personnages.
J'ai cru en Michel Bussi lorsque j'ai lu son premier roman, et je ressens quelque fierté, dû mon égo s'enfler telle la grenouille, en constatant que je ne m'étais pas trompé, lui prédisant un grand avenir, car depuis non seulement il a confirmé mais il s'est imposé comme le maître du roman en trompe l'œil !
Paul (Les lectures de l'oncle Paul)
16:34 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gravé, sable, michel, bussi | Facebook | |