29/08/2014
Deep Winter, de Samuel W. Gailey
Une chronique de Cassiopée.
1984…Wyalusing, quelques centaines d’habitants, Pennsylvanie….
Une bourgade où tout le monde se connaît. Chacun est ce qu’il est par tradition familiale pour certains (une famille de « flics »), par manque d’envie et d’énergie pour aller voir ailleurs (et éventuellement poursuivre des études) pour d’autres ou tout simplement parce que, portés par la vie, le « choix » (qui n’en a pas été un) s’est imposé de lui-même…
Une agglomération aux distractions rares et où l’alcool, la drogue, les filles, servent parfois, souvent même, de dérivatif… Pour la plupart, l’avenir est bouché et ne propose rien de transcendant alors il faut se contenter de la vie ici et maintenant tout en rêvant peut-être d’autres possibles…. Les hommes font les forts, essaient d’avoir le beau rôle et les femmes subissent, se taisent car il peut être dangereux pour elles de s’opposer aux « mâles »….
Microcosme que ce lieu où les relations se nouent, se dénouent avec leur lot de disputes, de réconciliations, de bagarres également au vu et sus de tous bien que quelques uns fassent comme s’ils ne se doutaient de rien. C’est tellement plus facile de faire comme si…
Comme si on ne se moquait pas de celui qui est plus lent, un peu handicapé mental…
Comme si on ne voyait pas que le couple part à vau l’eau parce que le mari boit trop, que la femme se laisse aller et se néglige…
Comme si on ne savait pas que « l’herbe » circule sous le manteau, menace et détruit des vies…
Comme si on ne voyait pas les traces dans la neige…..
Car c’est pendant vingt-quatre heures froides et neigeuses que va se dérouler cette histoire sombre, noire, un rien fataliste quelquefois, mais au combien forte, émouvante, bouleversante…. Portée par une écriture puissante, au cordeau, empreinte d’humanité, d’humilité et qui ne cède jamais au pathos, Samuel W. Gailey réussit le tour de force de nous transmettre des émotions, des sensations sans qu’on se sente « voyeur ». Les températures sont fraîches dans le roman (on est en hiver) et on a froid dans son canapé tellement on est pris, « enveloppé » par ce qui se déroule sous nos yeux, à la manière d’un film dont on ne lâcherait pas une image. Tout se passe, là, devant nous, et on se sent tellement impuissant….
L’auteur brosse un portrait d’un coin d’Amérique désenchantée, loin de la civilisation « plus avancée ». Une contrée où beaucoup de choses vont exploser en peu de temps. Les événements sont durs, les rapports rudes, sans fioritures et puis de temps à autre, une pointe d’espoir (comme une fleur qui sortirait malgré la neige) apportée avec poésie, comme la présence d’une biche blessée mais vigoureuse ou bien ces quelques mots : « Lever la tête vers le ciel et regarder tomber les flocons autour de lui l’aidait à oublier ce qui le troublait. »
Personne ne pourra sortir indemne de cette histoire, ni Danny, ni le shérif, ni les autres …. mais encore moins le lecteur qui n’aura eu qu’une hâte : avancer dans sa lecture puis à la dernière page, retrouver l’auteur, vite, très vite pour un nouvel opus…..
Titre : Deep Winter
Auteur : Samuel W. Gailey
Traduit par Laura Derajinski
Éditions : Gallmeister (28 Août 2014)
Collection : Noire
Nombre de pages : 320
ISBN : 9782351780787
Quatrième de couverture
Danny ne sait pas quoi faire du cadavre qu’il vient de découvrir le soir même de son anniversaire. Ce corps, c’est celui de Mindy, sa seule amie dans la petite ville de Wyalusing, en Pennsylvanie. Depuis la tragédie survenue dans son enfance qui l’a laissé orphelin et simple d’esprit, tous les habitants de Wyalusing méprisent Danny, le craignent et l’évitent. Immédiatement, l’adjoint du shérif, un homme violent et corrompu, le désigne comme l’assassin, et tout le monde se plaît à le croire. Mais Danny n’est pas prêt à se soumettre. En quelques heures, l’équilibre précaire qui régnait jusqu’ici chavire.
17:13 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : deep winter, samuel, galley, gallmeister | Facebook | |