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28/02/2015

La mer d’innocence, de Kishwar Desai

mer-d-innocence.jpgUne chronique de Jacques.

Un paradis très artificiel...

Dans son troisième roman, publié comme les deux précédents par les éditions de l’Aube, l’Indienne Kishwar Desai continue donc à réfléchir sur la condition des femmes dans son pays à travers cette nouvelle enquête policière menée par Simran Singh.

Après avoir côtoyé notre travailleuse sociale préférée pendant les 700 pages des deux premiers opus, je l’ai retrouvée avec le même plaisir que si elle avait été une vieille amie avec qui les liens s’étaient renoués après quelques mois de séparation.

Simran, la veinarde, a pris quelques vacances avec sa fille adoptive Durga dans un lieu mythique, Goa. Cet ancien paradis des hippies du monde entier est devenu aujourd’hui un lieu aussi hautement touristique que – à ce qu’il semble – dangereux. Chargée par son ami Amarjit d’enquêter sur la disparition d’une jeune britannique, Simran va en découvrir la face noire : agressions sexuelles de jeunes touristes, meurtres, disparitions, tout cela sur fond de trafic de drogue et de corruption généralisée de la société indienne, un thème récurrent chez Kishwar Desai. La drogue, qui avait à l’époque des hippies un côté bon enfant et festif, est devenue à Goa une branche lucrative de l’industrie du crime, et elle semble bien être un des moteurs de la disparition de Liza.   

Si l’intrigue imaginée par Kishwar Desai est suffisamment complexe pour satisfaire les amateurs de polars en stimulant leurs petites cellules grises, il faut bien reconnaitre que pour moi l’intérêt du roman était ailleurs. En tout premier lieu dans le regard acéré qui est porté sur les différentes strates de la société indienne, avec ses conflits, ses problèmes de violence, de corruption et de sexisme. Les réflexions de Simran (et de l’auteur) sur la vie quotidienne à Goa, les rapports entre les touristes et les autochtones, ou encore ses relations parfois compliquées avec son adolescente de fille sont un deuxième aspect plaisant du livre.

Et puis, petite cerise sur un gros gâteau, Simran, jeune femme indépendante d’une quarantaine d’années, qui n’est toujours pas mariée au grand désespoir de sa mère, est toujours à la recherche de l’amour, ou en tout cas d’une relation amoureuse forte, solide. Or, elle va rencontrer sur une plage de Goa un homme, Dennis, qui lui plait et semble bien sous tous rapports. Comment va donc tourner leur relation ? Si l’intrigue policière imaginée par l’auteur devait vous lasser, si vous deviez trouver que la description des méandres, des contradictions  et de la complexité de la société indienne manque de poésie, peut-être serez-vous accroché(e) par cette angoissante question !

Même si j’ai préféré les origines de l’amour, polar qui abordait (toujours avec Simran Singh) le thème des pratiques commerciales lucratives de la GPA en Inde d’une façon aussi subtile que bien documentée, je me suis plongé avec plaisir dans la lecture de ce troisième volume. Une intrigue policière complexe, un  personnage toujours aussi attachant et une  plongée dans un pays immense et contrasté, si différent du nôtre : voilà de quoi passer quelques heures de lecture agréables.

Jacques, lectures et chroniques

La mer d’innocence
Auteure : Kishwar Desai
Traductrice : Benoîte Dauvergne
Éditions de l’Aube (6 janvier 2015)
333 pages.