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04/10/2015

L’été du commissaire Ricciardi, de Maurizio de Giovanni

 ete-du-commissaire.jpgUne chronique de Bruno (BMR).

 

Pour celles et ceux qui aiment les glaces napolitaines.

Saison 3

À Naples sous le fascisme des années 30, les saisons se suivent et ne se ressemblent pas : après un délicat hiver et un savoureux printemps, L'été du commissaire Ricciardi s'avère une saison bien ennuyeuse.
Ou plutôt non : les saisons se suivent et se ressemblent. Trop, beaucoup trop.
On retrouvait pourtant avec envie le flic récurrent de Maurizio di Giovanni, le flic qui a le don de “voir” les derniers instants vécus par ceux qui ont été emportés par une mort violente. À chacun de ces flashs, il partage la souffrance de ceux qui passent ainsi de vie à trépas (et recueille leurs obscurs propos parfois fort utiles à l'enquête).
Malheureusement, cela ne surprend plus et il ne nous est rien proposé de nouveau pour exploiter ce filon, une bonne idée au départ, un vieux truc ressassé avec ce troisième épisode.

« [...] Donc, Ricciardi Luigi Alfredo, commissaire à la brigade mobile depuis presque trois ans. Né à Fortino, province de Salerne, il y a trente et un ans. Orphelin de père et de mère. Vous êtes un étrange sujet, vous savez ? Riche à millions, des hectares et des hectares de terres en métayage, un paquet de rentes. Et pourtant vous travaillez pour trois lires et vous ne vous foulez même pas pour faire carrière. Un homme intéressant, je dirais. »

Notre commissaire est toujours aussi asocial et toujours aussi vieux garçon : là encore, ses affres romantiques et platoniques avec la voisine d'en face à sa fenêtre commencent, elles aussi, à nous porter sur le système.

« [...] Quand elle s'asseyait  pour broder à la fenêtre de la cuisine, elle lui faisait un petit signe de la mai. Cela pouvait paraître peu de chose, mais pour elle c'était énorme.
[...] Pourquoi, sinon, se trouverait-il chaque soir entre neuf heures et neuf heures et demie à sa fenêtre pour la regarder broder ? Ce n'était qu'une question de temps. Or Enrica Colombo avait un caractère tranquille et déterminé. Et elle savait attendre. »

Bref, en dépit de la chaleur de cet été, la coupe de glace est pleine et on est franchement déçu que De Giovanni nous resserve le même plat sans même changer ni l'eau de cuisson des pâtes, ni la sauce napolitaine qui les accompagnent.
Franchement cette fois-ci, avec le retour de la belle Livia et les histoires de couple de son adjoint Maione, ça tourne même au vaudeville policier.

« [...] La demoiselle Colombo avait vu Ricciardi avec une dame. Une dame décrite comme vulgaire et un peu âgée, vêtue de manière voyante et presque excentrique : en traduisant le jargon des coiffeuses et des jeunes amoureuses Rosa avait compris qu'il s'agissait d'une dame, belle et courtisée, richement vêtue et très élégante. »

C'est d'autant plus rageant que dans la dernière partie du bouquin, lorsque les ombres se dessinent enfin derrière lesgiovanni.jpg principaux suspects, lorsque Ricciardi se rend au bureau du parti fasciste, on devine enfin à quel beau polar on a échappé ...
Par fidélité à l'ami Ricciardi et par reconnaissance envers cet auteur qui nous avait donné précédemment deux beaux coups de cœur, oui, on ira bien à Naples en automne d'ici quelques temps, le bouquin est déjà dans la pile. Mais c'est bien parce que c'est lui.
Et en espérant bien que cette dernière saison nous réconcilie avec la série.
Alors pour ceusses qui ne connaîtraient pas encore (honte à ceusses !) : précipitez-vous sans plus attendre sur les deux premières saisons (dans l'ordre : l'hiver puis le le printemps) et pour les bienheureux qui connaissent déjà, allez donc en vacances ailleurs pour cet été !

 Bruno ( BRM) : les coups de Coeur de MAM et BMR