02/05/2014
Play, de Franck Parisot (chronique 2)
Une chronique de Paco
Introduction rapide et agitée. Cela va vite et ça fait mal. Une arrestation mouvementée, ou plutôt en mouvement, pour le flic Joachim Alves.
Nous croisons aussi la route de Gabriel Bridge, également détective à la police de New-York, enquêteur hors-pair en raison, notamment, de son esprit analytique. Nous avons la chance de rencontrer encore l'enquêtrice Tsukiyo Morgans, magnifique jeune fille japonaise par sa mère et afro-américaine par son père; une nana qui attire le regard.
Voici le trio new-yorkais que nous suivrons dans son enquête, sous les ordres d'Henry Peter Lawson, dit Smarties; un chef efficace, perspicace, mais qui a la capacité de passer par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel lors de ses nombreux coups de rage, d'où Smarties. Un chef que nous voudrions certainement tous avoir, malgré ses humeurs, car il s'agit d'un homme qui va de l'avant, un gars néanmoins en cage, enfermé dans son bureau, qui ne demanderait qu'à s'envoler pour aller seconder ses hommes dans le terrain; s'il le pouvait...
Rapidement, l'auteur nous dévoile l'existence d'un être diabolique, dont la haine viscérale qui le dévore le motive à commettre des actes plutôt étranges et terriblement méticuleux. Une jouissance hors du commun semble l'accaparer tout entier tant la motivation dont il fait preuve paraît sans limite. L'extrême violence de ses actes nous poussent vraiment à nous demander; pourquoi?
Ce psychopathe prenant tout de même pas mal de risque semble être motivé par l'exécution d'une mission vitale et primordiale dont il se sent pleinement responsable. Fasciné par l'image, c'est par ce biais qu'il va jouer avec la police, plus particulièrement avec le détective Gabriel Bridge. Pro de la vidéo, notre monstre va se donner beaucoup de peine pour élaborer des scénarios franchement dégueulasses.
Ces mises en scène macabres sont absolument extraordinaires - excusez mon engouement! -, fort bien imaginées, me forçant à faire un lien avec l'excellent film Seven, de David Fincher, avec Brad Pitt et Morgan Freeman.
Nous suivons les faits d'un malade qui s'est approprié le rôle d'un justicier de l'âme et de l'esprit, qui s'est attribué le second rôle d'un film dont il est le seul réalisateur, le premier rôle revenant à dieu, probablement!
Alors occupés sur une affaire de violeur sadique, Bridges et Alves vont être appelés pour un événement inquiétant; une personne âgées a disparu, ou plutôt semble avoir été enlevée. Son écharpe est retrouvée sur un grillage, avec un billet sur lequel le nom du détective Gabriel Bridge est mentionné. Cela sera évidemment le début d'un contact troublant entre le flic et un homme prêt à tout. L'auteur nous réservera assez rapidement un joli coup de théâtre! Et j'adore ça... Un puissant jeu macabre débute alors, un jeu dont les règles sont régis par un homme déséquilibré et totalement imprévisible. Dangereux, car extrêmement déterminé, haineux et plutôt malin.
Le vieil homme disparu ou enlevé sera rapidement retrouvé, son bourreau l'ayant voulu ainsi. Une scène de crime plutôt morbide, voir sordide, d'une violence extrême. L'auteur nous présente cette scène sans aucune retenue, dès à présent nous saurons à quoi nous en tenir. Franck Parisot a décidé de ne rien nous épargner et la couleur est clairement annoncée; ça sera rouge vif.
Le psychopathe qui défie la police en suivant son plan minutieux, préparé visiblement de longue date, va aller très loin et bien trop proche de l'intimité des enquêteurs. Cet aspect-là de l'intrigue est un grand point fort du roman; séparer pour mieux régner.
Les enquêteurs vont se rendre compte que l'homme ne commet aucune erreur et que son plan étrange est quasiment parfait. Nous allons vivre une course sans temps mort, - réellement sans temps mort! - jusqu'à un dénouement qui sera totalement révélateur. Comme quoi, il n'y a pas besoin de grand-chose, parfois, pour détruire un homme et le rendre complètement fou. Le bons sens ne prime apparemment pas toujours.
Par cette intrigue, l'auteur soulève quelques points intéressants, notamment la puissance et la force des médias qui peuvent peser lourdement sur la balance face à la justice. Tout ceci additionné à un excellent avocat, respectivement une grande gueule pourrie aux belles paroles, en ajoutant encore peut-être un peuple facilement manipulable et qui croit tout ce qu'on lui dit - c'est écrit dans les journaux, donc ça doit être vrai -, et le tour est joué. L'auteur présumé de faits graves se retrouve dans la peau d'une pauvre victime sur laquelle la justice et la police s'acharnent... Un héros!
Pour un premier roman, c'est de la bombe! Tout s'enchaîne et se place parfaitement. La structure de l'intrigue est solide. Cela engendre un rythme d'une belle maîtrise et j'avoue que tout cela est bluffant.
C'est violent, une vraie tuerie. Certains passages font un peu mal au bide, dû à quelques indigestions passagères. Niveau torture, c'est du lourd, je vous assure. Âmes sensibles s'abstenir! Mais bon, c'est un peu ce que l'on attend d'un thriller finalement.
La trame n'est cependant pas novatrice, c'est clairement le jeu du chat et de la souris, mais exécutée de la sorte, je reconnais que c'est assez déstabilisant. C'est réglé comme du papier à musique - ou une montre suisse! - et c'est aspect du roman m'a profondément conquis.
Paco (passion romans)
Une autre chronique sur ce roman.
Play
Franck Parisot
Editions Albin-Michel (3 février 2014)
600 pages ; 20 €
17:31 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : play, franck parisot | Facebook | |