06/03/2014
Le sable était brûlant, de Roger Smith
Une chronique de Cassiopée
Âpre, dur, du pur, du lourd, du polar à éloigner des âmes sensibles tant la violence est omni présente dans ce roman ; on est dans un coin d’Afrique du Sud où blancs et noirs ont encore chacun leurs croyances, leurs choix de vie.
Dans ce livre, à travers ses personnages, l’auteur crache sa rage, sa colère contre son pays qu’il présente pauvre, presque miséreux, corrompu, bestial, à la limite inhumain, meurtri par le SIDA, gouverné par des hommes pour qui corruption n’est pas un « vilain mot »…..
La férocité sort par tous les pores de la peau de certains protagonistes, elle se ressent dans l’écriture hachée, saccadée, rythmée…. Que ce soit pour se venger ou autre, la réponse est souvent le crime, la méchanceté, la volonté de faire mal.
Robert Dell a vu mourir sous ses yeux sa femme, ses enfants. Il sait que leur décès n’est pas le fruit d’un concours de circonstances mais un acte délibéré, pesé, voulu, un dommage collatéral face à une affaire beaucoup plus grave.
Il veut comprendre, quitte à souffrir de certaines révélations, l’impensable se présentera à lui mais il continuera de lutter pour le repos des siens. Il n’aura de cesse de venger sa fille et son fils, victimes innocentes d’un conflit d’adultes.
Un peu plus loin, Sunday, jeune fille vierge, va être mariée à un homme qu’elle n’aime pas, pour des idées ancestrales auxquelles elle ne croit pas bien entendu. Elle n’a plus de famille,, si ce n’est la tante qui vient de la « vendre ». Elle n’a aucune possibilité de prendre une autre route que celle qu’on lui impose. Elle décide de lutter, de se rebeller avec ses faibles moyens mais avec tout son courage, toute son opiniâtreté, toute la fougue et la volonté de sa jeunesse. Elle est là, présente, on sent son regard lourd à travers les pages nous renvoyant en pleine face le bonheur de notre confort quotidien, de notre vie où on a la chance de pouvoir dire oui ou non.
Disaster Zondi, est un ancien policier, il se trouve, par hasard, nez à nez avec un fax, bouteille à la mer, envoyée par une des personnes qui peuplent ce livre. Que faire ? Soit il ignore ce qu’il a vu, soit il « va voir » au risque de se retrouver face à des choses qu’il préférerait peut-être ignorer…. Il ressent un appel et il y va…
Ces trois là, vont se croiser, s’apprivoiser, se retrouver face à l’ignoble Inja Mazibuko, sans foi, ni loi, pourri jusqu’à la moelle. Le genre d’hommes qui ne fait pas de sentiments et qui aime laisser place nette derrière lui.
Roger Smith nous fait pénétrer dès les premières lignes dans ce sombre et douloureux univers. Le lecteur n’aura pas une minute de répit, les actions se succèdent, s’enchaînent à une vitesse folle. Scotché aux pages, on a le souhait d’avancer avec ceux dont on partage les peurs, les espoirs, les désillusions….On se dit qu’au détour du prochain chapitre, peut-être que le soleil sera moins brûlant, que le sable ne nous piquera pas les yeux (parce qu’on est bien d’accord, c’est lui qui fait perler les larmes, pas l’horreur de ce qu’on li), peut-être que la vie sera douce, que tout ira mieux ou à défaut, moins mal….
J’ai lu plusieurs romans policiers dont l’intrigue se situe dans ce pays, j’y ai chaque fois retrouvé cette atmosphère tendue, « électrique ». La fin de l’apartheid est loin d’avoir tout solutionné. Se côtoient encore, quotidiennement, des pratiques anciennes dans des villages où les enfants ne vont pas à l’école et subissent la « loi » imposée par les patriarches et une vision plus moderne de la vie dans les villes. Malgré tout, comme le dépeint très bien l’auteur, même dans les lieux « plus évolués », rien n’est simple, rien n’est facile et surtout rien n’est acquis.
Je rêve d’une Afrique du Sud, non déchirée, apaisée où chacun pourrait vivre en confiance…
Le sable était brûlant
Roger Smith
Traduit de l’anglais par Elsa Maggion
Calman-Lévy 13 mars 2013
ISBN : 978 2 7021 4488 6
339 pages
Quatrième de couverture
Accusé du meurtre de sa femme et de ses enfants lors d’un attentat déguisé en accident de voiture, Robert Dell comprend qu’il est victime d’un coup monté par le pouvoir et sent que c’est à sa vie qu’en veut Inja Mazibuko, le flic et chef zoulou qui l’a arrêté. Désespéré, il s’attend au pire lorsqu’il est brutalement kidnappé par l’être qu’il déteste le plus au monde, son propre père, un ancien mercenaire de la CIA bien décidé à le sauver et à rendre justice lui-même. Commence alors une traque infernale à travers une Afrique du Sud où la violence côtoie la misère et l’archaïsme tribal. Dans sa quête de vengeance, Dell croisera le chemin de la jeune Sunday, prête à tout pour échapper au mariage forcé auquel elle est destinée, et de Disaster Zondi, ancien flic rattrapé par son passé sanglant.
17:25 Publié dans 02. polars anglo-saxons | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le sable était brûlant, roger smith, calman-lévy | Facebook | |