18/01/2011
Concours du meilleur article critique sur un roman policier
Objet du concours : écrire un article critique sur un polar librement choisi par chaque participant.
Date du concours : du 20 janvier au 15 février.
Modalités :
1) Chaque participant doit envoyer un ou plusieurs articles critiques de romans policiers à l’adresse suivante avant la date limite du concours postmaster@un-polar.fr
2) Chaque participant peut envoyer plus d’un article,
3) Chaque critique doit comporter un minimum de 600 mots et un maximum de 1000 mots.
4) Chaque participant s’engage à envoyer une critique écrite par lui-même et à refuser tout plagiat.
5) Chaque envoi doit comporter : un titre d’article, le nom de l’auteur du livre, le titre du livre, le nom de l’auteur de l’article (les pseudos sont acceptés).
6) L’article ayant gagné le concours ainsi que les articles jugés les plus intéressants seront publiés sur le site Un Polar.
7) Les résultats du concours seront rendus publics le 17 février sur le blog Un polar. Le (la) gagnant(e) du concours recevra le prix (trois romans policiers) par la poste dans la semaine qui suivra les résultats après communication de son adresse postale au responsable du concours. Les trois romans à gagner sont :
La théorie Gaïa, de Maxime Chattam
Sous les vents de Neptune, de Fred Vargas
La ville des frelons, de Patricia Cornwell
16:40 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook | |
Commentaires
je vais tenter le coup, j'ai justement quelques articles sous le coude, mais il faudra que je les étoffe.
Écrit par : Gaston | 19/01/2011
L'affaire Protheroe
Agatha Christie
Mon avis :
- Chère Agatha...
- Arrête de m'appeler "chère", ça fait bijou fantaisie !
- Ch... euh, Agatha, ce village de St. Mary Mead, c'est une invention, un souvenir, un lieu connu ou ressemblant à un lieu connu ?
- Cela pourrait bien, mais non, c'est le village typique de ce que l'on rencontre en Angleterre et c'est un village issu de mon imagination...
- Débordante.
- Flatteur !
- Non, réaliste. Il y a tous les ingrédients chers à la campagne anglaise : Old Hall, le manoir et son hobereau imbu de lui même, une fille épouvantable et une épouse trop jeune et trop séduisante...
- Oui et non, Protheroe est un homme haut en couleurs mais je ne cherchais pas à en faire un monstre, juste mettre l'histoire dans un contexte véridique et vraisemblable. Les gens le haïssent plus parce qu'il est riche que parce qu'il est méprisable, d'ailleurs c'est du qu'en dira-t-on, il n'y a guère de scène où il est acteur direct de l'intrigue.
- Jusqu'à Clement, le pasteur qui veut sa mort, pas très charitable le pasteur, si ?
- Un pasteur dans un contexte de village est un centre d'intérêt pour la communauté, il soulage les âmes de qui il a la charge et s'acquitte de tout un tas de choses dont il n'a pas la charge, mais, non il ne souhaite la mort de personne en fait, il met du piquant à l'histoire puisqu'il parle le premier de Protheroe. Un pasteur n'est pas charitable, ce n'est pas un papiste...
- Tu n'aimes pas les papistes ?
- La question n'est pas là, Clement est anglican dans un village typique, je me répète, donc il agit comme il doit le faire. Il a cette charge centrale où il est le confident idéal de tous, sans exception et Len Clement s'en tire plutôt bien, non ?
- Plutôt oui, sauf pour l'enquête ou il crawle dans le potage..
- Qu'est ce que cette expression de sauvage !
- Euh, pardon, il est perdu voulais-je dire.
- Complètement.
- C'est voulu ?
- C'est voulu ! Tu ne vois pas son emploi du temps, débordé et déboussolé et, entre un neveu adolescent, une femme jeune et jolie et une bonne qui loupe tout ce qu'elle entreprend, il surnage.
- La police, que tu adores, quoique Flem est plus désavantagé que Jap, est larguée...
- D'abord Flem, il va falloir qu'il s'habitue, ensuite, la police agit comme elle agit toujours avec circonspection en soupçonnant tout le monde, ce qui est son rôle, mais surtout avec hauteur, ce qui n'est pas son rôle, aussi et, c'est l'époque qui veut ça, la femme pensante est une vue de l'esprit et je ne me suis pas gênée pour leur clouer le bec à ces diseurs de bonne aventure.
- La métaphore est audacieuse...
- Remets les choses dans leur contexte et tu verras si je n'ai pas raison !
- Ch..Agatha tu as toujours raison comme Jane Marple.
- Elle est réfléchi, remarque qu'à t-elle d'autre à faire et c'est l'important, c'est pour ça que les policiers se fourvoient, ils manquent d'esprit de déduction, j'ajouterais de déduction élémentaire, mais je reprends ce que tu disais, je ne les aime pas vraiment...
- Comme Lestrade et Sherlock ?
- Non, Doyle faisait de Lestrade un complice un peu benêt, mais un complice bon enfant de Sherlock, d'ailleurs Sherlock se moque mais gentiment, élégamment.
- Alors Marple, imagination ou réalité ?
- Les deux et non je ne connais pas et ne fais pas de parallèle avec quiconque sauf avec ces vieilles pies que l'on rencontre dans chacune de nos régions, qui n'ont d'autres raisons de vivre qu'épier et en épiant arrivent à définir la vie villageoise et remarquer, de ce fait, ce qui cloche, quand ça cloche. Imagination, oui et il me fallait un personnage raisonnant, féminin, humble et réaliste, oui, j'aime bien Marple.
- Poirot en jupons ?
- Non, Poirot est un citadin, maniéré, Marple est une villageoise simple.
- D'autres Marple ?
- Si le public, mon lectorat l'accueille honorablement, pourquoi pas ?
- Fait divers réel ou roman pur produit Christie ?
- Bah, en cherchant bien on pourrait trouver quelque chose d'équivalent, mais comme ce ne fut pas mon cas, oui roman.
- Un roman écrit comme une tragédie.
- Sauf que l'unité de temps n'y est pas. Non c'est un roman policier et l'intrigue est telle qu'elle doit emmener le lecteur au bout sans qu'il puisse se subtiliser aux personnages.
- C'est le cas, rassure-toi, je m'y suis laissé prendre et j'ai plongé. J'étais à des lieux de la solution.
- Merci.
- L'écriture, ton écriture est remarquable, fine et juste, toujours dans le ton. Le vocabulaire est riche et varié. La construction habile et entrainante dans ce sens où l'intrigue monte en puissance au fil des pages.
- J'aime le son de ta voix.
- Le meilleur ?
- Roger Acroyd est un bon cru, mais avec Protheroe je ne suis pas mécontente.
- Tu peux, j'ai bien aimé et je ne pense pas être le seul.
- Tu reprendras un peu de thé ?
- Volontiers et un macaron, s'il te plait.
Dialogue purement imaginaire...
Bernard
Écrit par : bernard | 01/02/2011
Ville noire ville blanche (Freedomland)
Richard Price
10/18 - 1998 - 621 pages
Résumé :
Brenda Martin, femme blanche, a été agressée par un noir, éjectée de sa voiture, qu'il lui a volée. Son fils, Cody, quatre ans est resté endormi sur la banquette arrière.
Mon avis :
Banlieue de New York, époque contemporaine.
Dans une ambiance glauque et lourde à souhaits, chacun essaie de se débattre dans sa vie quotidienne vide de sens.
Tous sont nés dans ce trou à rats. Le ghetto pour les uns et les bicoques façon après guerre de sécession pour les autres, les plus nantis, les blancs.
Le mot d'ordre est de fermer son clapet, même si pépé et mémé ont été froidement abattus et que tout le monde connaît le salaud qui a fait ça.
Ce qui compte c'est de bouger, la dope y a pas mieux, le jaja c'est pas mal non plus, je deale, tu deales, il deale, ça passe le temps et quand on plane on ne voit pas ou moins la pourriture qu'il y a en bas.
Bien sûr Price aurait pu commencer en faisant sonner les trompettes de Jericho, hurler les sirènes de pompiers, faire cavaler tout le monde dans tous les sens, stop ! Il a choisi la difficulté, sentez moi ça les gars, ça pue pas, hein ?
T'as vu tous les mecs qu'attendent aux urgences et le toubib qui t'explique que son diplôme il ne vaut pas tripette, ici, lui il ne vient pas du New Jersey mais de Jakarta ou d'ailleurs où c'est encore plus la dèche.
Et on monte d'un cran, paf, une mère de famille, les mains en compote, agressée par un black, ça va faire mousser la mayonnaise, tu penses, faut regarder ailleurs c'est plus noble.
La cavalerie arrive, les cow-boys blancos (c'est rare un cow-boy black) , des mandats de perquise plein les poches, alors allons y gaiement, un coup d'épaule dans la porte c'est plus facile que de frapper avant d'entrer, pas besoin de s'essuyer les pieds sur le paillasson;
Un ton au-dessus encore, vas-y Richard, on te suit ! On boucle le ghetto déjà bouclé, c'est nouveau, du jamais vu, on vient de l'inventer. Mais, attendez, faut pas se méprendre on est dans notre bon droit.
Le vide j'vous dis, le vide, rien, scènes banales de la haine ordinaire, alors pourquoi se presser et, puis, tout le reste c'est ça :
La Brenda qui se renferme dans son monde avec les chansonnettes d'Ike et Tina Turner et d'autres, casque sur les oreilles, comme un refus de l'évidence ambiante. Comme si ce qui lui arrive lui passe au-dessus de la permanente ! C'est pas vrai ? Peut-être ! Joli masque.
La journaliste qui attend le Pulitzer assise sur son derrière, dictant les situations plutôt que les écrire elle même, paumée, le frangin qui l'étouffe, le flic qui la rabroue, Brenda qui la snobe, la joie, quoi !
Lorenzo, Saint-Lorenzo, ancien poivrot, madame est partie vingt-cinq fois, deux fils diamétralement opposés, qui n'en peu plus de fatigue, dodo chez maman. Son chef, le chef de son chef, le maire, le proc, que des empêcheurs de tourner en rond, café gobelet plastique à la main, cigare au bec, bref des têtes pensantes pendant que l'autre est dans la rue à se coltiner la fange quotidienne. Il y a de quoi se faire une balle à la roulette russe. Trop simple, qui s'occuperait des gamins dans la cité ?
Les pasteurs qui pasteurisent : on se laissera pas faire ! Cause toujours mon lapin.
Le comité de boy-scouts en jupons, qui a de l'expérience, champion du coucou fais moi peur. Elles gagneront le mickey du manège ces braves dames, chapeau !
L'intrigue : un fait divers de journal, du sang à la une et la page de couverture pendant trois jours, ensuite ça rentre dans les pages intérieures pour finir en entrefilet en dernière page. Mais le bazar fichu par les journaleux, lui, il reste, on en fait des T-shirts, des casquettes, merci les gars, z'êtes les bienvenus quand vous voudrez.
C'est tout, fermez le ban !
Comment pouvait-il y avoir une autre fin, un autre dénouement ? Sinon, paf, le pétard du 4 juillet en pleine figure;
Price a concocté, à mon avis, un livre magnifique, d'une puissance rare et dont la lenteur du début contribue au malaise prenant au fur et à mesure de l'avancée dans l'histoire. Il a écrit avec ses tripes, malmené qu'il devait être, mal assis. Ses dialogues sont percutants comme un uppercut au visage, un marteau piqueur de trottoir, on vibre, je vibre. Merci à lui pour cet excellent moment de lecture.
Un grand livre, un coup de coeur.
Écrit par : bernard | 01/02/2011
Les anonymes
R.J. Ellory
Résumé :
Trois meurtres. Trois femmes. Un ruban autour du cou, une étiquette à bagages et une forte odeur de lavande près du corps. Puis une quatrième victime, féminine elle aussi. Cependant le mode opératoire diffère. La police de Washington s'interroge, un tueur en série ou deux tueurs ? L'inspecteur Miller et son coéquipier Roth enquêtent.
Mon avis :
Washington, époque contemporaine.
Ellory nous bluffe une nouvelle fois et nous entraîne dans une enquête à rebondissements ininterrompus.
La police a bien du mal à trouver ses marques et le point de départ est mince, très mince, trop mince ou trop, bien trop évident. Alors on creuse, on cherche, on interroge, on vérifie, on repart de zéro et de cul de sac en impasse, les duettistes Miller et Roth stagnent.
Il y a forcément un point commun entre ces meurtres. Pourquoi du parfum, écoeurant qui plus est ? Pourquoi un ruban de couleur différente à chaque fois ? Pourquoi des photos laissées pour être trouvées lors du quatrième meurtre et pas pour les autres ? Pourquoi, pourquoi ? Rien, juste ces photos. La télé parle des meurtres, une jeune black, maman d'une fillette, dont le mari, drogué, a été abattu, reconnait la femme et commence à avoir peur, peur que cela recommence, mais quoi justement, oui, recommencer quoi ? Elle signera son arrêt de mort en enquêtant de son côté. Meurtre inutile, peut-être, pas sûr. Est-ce ce salaud ou l'un de ces salauds ou un nouveau salaud, qui a, ont, fait le coup.
Et puis, alors, doucement, comme un adagietto, comme une vague naissante, comme un ciel fauve avant la tempête, la machine se met en branle, plus écrasante qu'un rouleau compresseur, plus oppressante qu'un étau, la marche vers la vérité, la découverte d'un vide absolu mettront en évidence l'inconcevable : ces victimes n'existent pas, n'ont aucune identité, pas d'empreinte, pas d'ADN, pas de signe de reconnaissance, ce sont des anonymes.
Miller va devoir donner le plus formidable coup de pied dans la termitière de mémoire de flic de Washington. Mais, gaffe, mon gars, nous on est avec toi, mais comme disait un dauphin à son papa, garde-toi non seulement à gauche ou à droite, mais surtout de partout, mets des rétros, y a du monde en embuscade et pas forcément des gentils !
Alors certains écrivent avec leurs tripes, d'autres vous balancent une prose pugilistique à mettre K.O. Cassius Clay, lui, le père Ellory, il y va paisiblement, tranquillement, il monte son affaire comme un maçon son mur, attendez je n'ai posé que la clé de voute, vous verrez plus tard et on voit, on voit tellement bien que l'on, moi, entre autres, sommes paumés, minable lecteur de pacotille, allez ressaisit-toi, sois digne de ton statut, relève la tête, bombe le torse ! J'aimerais bien, mais voilà, fortiche le Ellory...
D'une part nous suivons Miller aux basques et d'autre part, en écriture off un John, c'est pas mon nom qu'il dit, alors on peut l'appeler comme on veut, n'empêche ce gars il nous en dit des vertes et des pas mures, comme disait ma grand-mère, sainte femme s'il en fut. Il nous raconte son histoire, le gars, la CIA et tout le toutim et du pas beau, du pas reluisant, la honte oui, hou ! Le Nicaragua, le financement des coups d'état à force d'inondation de drogue sur le territoire, soi-disant au vu et au su des instances dirigeantes et/ou fédérales de surcroît, avec bénédiction des singes de Menarès, je vois rien, j'entends rien, je dis rien, circulez, soyez gentils, y a le feuilleton à la télé, allez, ouste !
Les deux récits se rejoignent, bien sûr, sinon ça sert à rien et l'histoire continue de plus belle avec cette rencontre de deux types qui évoluent dans une situation de sourd-muet-aveugle pour l'un (Miller) et de tu-ne-comprends-rien-mon-pauvre, pour l'autre (John). Mais, sans l'appui de sa hiérarchie, en courbant l'échine devant les quolibets, avec un esprit de déduction lent mais constant, une pugnacité bernardienne (je sais ça fait prétentieux, mais connais-toi toi même disait l'autre), un risque insensé, il ira au bout le Miller et quel dénouement, je ne vous dis que ça, plus je serais gêné, si, vraiment, sans char !
Robert Littell avec son La Compagnie et Légendes ainsi que James Ellroy avec son Underworld USA, sans oublier Rober Ludlum avec nombre de ses ouvrages situés aux Etats Unis ont montré la voie à Ellory, en mieux diront certains, peut-être, pas sûr, manque encore de maturité, cependant, avec courage, talent, joli plume, simple mais ô combien efficace, Ellory prouve, s'il était encore besoin, que la littérature devra compter avec lui d'ores et déjà, mais également à l'avenir.
R.J tu peux continuer, si-si, blanc-seing accordé, go ahead, man !
Bernard
Écrit par : bernard | 01/02/2011
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