20/03/2011
A minuit, les chiens cessent d'aboyer, de Michaël Moslonka
Une chronique de Liliba
La mode est aux polars régionaux et nombre d'entre eux sont passionnants, non seulement pour le déroulement de l'histoire et le suspense mais aussi parce que ces romans nous plongent directement dans des univers que nous connaissons (ou croyons connaître), en tout cas dans des univers proches, au moins géographiquement, du notre.
J'ai donc ouvert avec curiosité ce polar, pour me retrouver plongée en plein coeur du pays minier, dans la petite ville d'Auchel, dans le Nord, donc. La découverte macabre faite sur le parking du Mac Do du coin va vite déchaîner les passions dans cette région qui semble retirée de l'agitation du monde, mais qui n'en subit pas moins, en plus du marasme régional dû à l'arrêt de l'exploitation des mines, les travers de notre société moderne et tout particulièrement la bêtise et l'inculture ambiantes ainsi que la montée du racisme et des intégrismes, quels qu'ils soient...
David Blacke, le capitaine de police, assisté de la lieutenante Amélie Laribi (la beurette de la police du coin, revenue sur les lieux de son enfance, intègre et intelligente) parviendra à déjouer les forces du mal qui rodent dans le patelin. Ou plutôt est-il plus juste de dire qu'Amélie résoudra l'affaire, car il semble que son supérieur ne soit pas toujours à la hauteur de la situation ni de son grade. Hargneux, cynique, misogyne, méchant gratuitement, il abreuve ses coéquipiers de sarcasmes et de remarques désobligeantes, tout à fait inadmissibles à mon goût. Il traite la jeune policière de « chienne policière à son maî-maître », se joue de la loi et de ses obligations, et rabaisse tous ceux qui croisent son chemin, tant les collègues du commissariat que les témoins ou suspects et est vraiment, mais vraiment très désagréable, voire même totalement insupportable.
Le fait qu'il ait été malheureux par le passé, que sa mère soit "morte" pour lui, qu'il ait dû embrasser une carrière policière par dépit de ne plus pouvoir rester libraire, ou même ces chiens qui chaque nuit aboient et l'empêchent de dormir, le rendent fou, ne l'excuse pas. On peut être original, parler aux plafonds, aimer le rosé et la littérature tout en étant un bon flic supportable par son entourage. Il ne supporte ni la médiocrité ni l'imbécillité, mais son attitude ne plaide pas en sa faveur...
J'ai été choquée par la façon dont le capitaine traite son équipe : Desforges, le boulet (même si c'est un sale type raciste), ou bien le journaliste surnommé dès la première rencontre «Branche de Thym» (pourquoi ? parce qu'il est maigre ? de plus, le fait que l'autre le traite plusieurs fois de suite "métrosexuel" m'a dérangée : n'est-ce pas une sorte de racisme, ou tout du moins de jugement gratuit de catégoriser ainsi une personne en fonction de son apparence ?). La jeune Amélie en prend vraiment plein la tête, réflexion désobligeante sur réflexion vexante et je me serais bien vue remettre proprement ce sale type à sa place par une réflexion bien cinglante de mon cru. On se demande d'ailleurs pourquoi la jeune femme manifeste autant de sollicitude vis à vis de son supérieur.
J'ai cependant beaucoup aimé le début de ce polar, et surtout l'intrigue qui est très intéressante et bien soutenue jusqu'à la toute fin du roman. Le style de l'auteur est incisif, parfois très drôle, avec cet humour au vitriol qui transparaît dans son personnage principal. Certaines phrases ou descriptions sont de véritables petits bijoux d'ironie, mais bien malheureusement, moi qui pourtant aime les flics un peu tordus et mal dans leur pompes (Adamsberg ou Jacobsen par exemple) je n'ai pas pu trouver celui-ci sympathique ni m'attacher à lui. Cela a entaché ma lecture et gâché beaucoup de plaisir, dommage.
Le roman est cependant bien ficelé et vous pouvez vous y plonger si vous avez envie de régionalisme nordique et si les sales types ne vous font pas peur !
Un roman édité aux Editions du Riffle et Le site de l'auteur.
Liliba, Les lectures de Lili, http://liliba.canalblog.com
4ème de couverture :
Le regard que pose le capitaine David Blacke sur ces contemporains autant que sur lui-même est noir comme le charbon, tranchant comme une lame de couteau. Le genre de lame qui a tué Dylan Druelles aux alentours de minuit sur le parking du McDo d'Auchel.
Qui a assassiné ce nazillon des bacs à sable ? Que signifient ces trois lettres, F.D.L. tatouées sur son torse en plus de la croix gammée ? Pourquoi lui a-t-on tranché la langue et que faisait Johnny Tarjesky, un délinquant multirécidiviste appréhendé non loin des lieux du crime ? Et surtout combien de temps Blacke supportera-t-il les aboiements de ces chiens qui infestent ses nuits ?
À ces questions, le flic répond avec sa hargne et son mépris. À ses sarcasmes, s'oppose Amélie Laribi, une lieutenante intègre et rêveuse qui n'aura de cesse qu'elle réussisse à innocenter le coupable idéal en retrouvant le vrai tueur. Pour que la paix puisse revenir dans l'agglomération minière de son enfance.
Mais... peut-on vraiment empêcher les chiens d'aboyer ?
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