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03/04/2011

Le sang des pierres, de Johan Theorin

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 Une chronique (*) de Christine

 

Une île, entre le ciel et l’eau... une île, sans homme ni bateau.

Le rêve, quoi.

Se retrouver sur un petit morceau de terre sauvage, se sentir mi-Robinson, mi-Defoe (entre explorateur et créateur, pour les ceusses qui oseraient penser que je commence à fréquenter madame Alzheimer).

Bref, la possibilité d’une île, et la possibilité de faire peau neuve.

Oui mais voilà, où que l’on aille, il y a toujours quelques bagages plus ou moins encombrants qui vous suivent…

C’était une nuit extraordinaire, il y avait eu du vent, il avait cessé, et les étoiles avaient éclaté comme de l’herbe…

L’île d’Öland, à l’est de la Suède. Il n’y a plus guère de marins, de tailleurs de pierre, vivant au rythme des saisons et assistant aux joutes entre Elfes et Trolls. Les Trolls sont descendus sous terre, les Elfes jouent à cache-cache sur la lande, et l’île n’attire que quelques estivants au moment des beaux jours. Mais ce n’est pas encore l’été et pour l’instant ne décident d’y revenir que Gerloff  Davidsson, qui fuit sa maison de retraite, Vendela et Max, qui viennent prendre possession de leur maison toute neuve, et Peter Mörner qui, après son divorce, retrouve la maison de son enfance.

De loin, tout semble calme et serein. Allons voir d’un peu plus près.

Gerloff retrouve le journal intime de sa femme, conservé malgré sa promesse de le brûler, et en commence la lecture.

Max se concentre sur l’écriture de son futur livre. Il néglige Vendela, qui ne sert que de faire-valoir.

Vendela connaît bien cette île, elle y a même passé presque toute son enfance. Une enfance pauvre, difficile. Alors, demander aux Elfes un petit coup de pouce au destin, de temps en temps…

Peter a la garde de Jesper et Nilla, ses enfants, pendant les vacances, mais il se fait beaucoup de soucis pour sa fille, gravement malade et hospitalisée. Et lorsque Jerry, son père, un père qu’il n’a que très peu connu, un père au passé sulfureux, le contacte pour lui demander de l’aide, il ne peut s’empêcher de penser que la situation risque de se dégrader rapidement.

Et c’est ce qui va se produire…

 

 

Cette superbe voûte étoilée, sous laquelle nous revînmes hier, et qui semblait nous garantir un beau jour, ne nous a pas tenu parole…

Prenez des individus ordinaires, avec des vies ordinaires, et qui, comme tout un chacun, doivent composer et vivre, jour après jour, avec ce que le destin leur apporte comme surprises. Avec l’accumulation de petites joies, petites peines. De grandes douleurs, de désillusions. De rêves et de combats pour pouvoir se dire « ma vie ressemble à ce que je voudrais qu’elle soit ».

Johan Theorin prend son temps. Il présente les personnages, peu à peu. Ainsi que l’influence de cette île, omniprésente, de son climat, de ses légendes. Comment elle façonne les imaginaires, et comment les hommes finissent par s’imprégner d’une certaine rudesse mêlée de fatalisme. Engourdissement hivernal, ou fonte brusque des neiges, la nature impose son rythme.

Pour nos personnages, il en est de même. Il y a des temps morts, des accalmies, et des moments où tout s’accélère et bascule. Quelques frémissements en début de lecture, on sent qu’un drame est en train de couver, mais on ne sait pas quand, ni où, il éclatera. Alors, on est obligé de suivre le fil d’Ariane tissé par l’auteur, de se perdre dans les landes, de se demander qui est Jerry et ce qu’il a bien pu faire, d’invoquer les Elfes.

Et brusquement, de voir surgir les Trolls qu’on croyait enfouis et engourdis.

Pour résumer, un livre qui va mettre vos sens en éveil, vous forcer à guetter le moindre frémissement, et qui va vous entraîner lentement, insidieusement, irrésistiblement, vers la nuit de Walpurgis, dernière nuit d’avril, celle où l’on brule tout pour faire table rase du passé et vivre peut-être, enfin ? une saison toute neuve….

Un thriller bourré à craquer de métaphores.

 

                                                    Christine
                                                    (Blog : Bibliofractale )

 (*) Avec Christine, Albertine nous propose une autre  critique de ce roman.

Le Sang des pierres
Johan THEORIN
Albin Michel
425 pages ; 20 euros

                            

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