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21/04/2011

le sang des pierres, de Johan Theorin

lesangdespierres.jpgUne chronique  (*) d’Albertine

 

Nuit des Walpurgis à Stenvick, vieux village de pêcheurs sur une île au nord d’Oland. « Le sang des pierre », roman de Johan Théorin,  s’ouvre sur la mise en scène de la mort par le feu de Peter Morner. Cette scène sera réécrite au terme de l’histoire, sinistre répétition, enrichie des détails découverts au fil du récit par le héros victime de sa quête.

Plusieurs récits s’entremêlent, ancrés chacun dans l’histoire de trois habitants de ce petit bout de côte et de cette vaste lande en bordure d’une carrière abandonnée. Le passé les habite et n’en finit pas de déterminer les actes de ces personnes ordinaires, qui tous trois font retour à Stenvick : tout est en place pour une théâtrale mise en scène dans une unité de temps, unité de lieu, unité d’action qui nous tient en haleine.

Gerlof, capitaine à la retraite, ne supporte plus la maison de retraite où il était enfermé, condamné à compter les civières qui emportaient ses cohabitants vers la chambre froide ; et le voilà qui revient à Stenvick dans sa maison, où il a vécu paisiblement sa vie de marin lorsqu’il y retrouvait sa femme.

Vendela, toute jeune fille, a fui cette terre, ses trois vaches Rosa, Rosa et Rosa, et a presque oublié son interrogation sur le destin de son jeune frère disparu ; et  la voilà qui revient à Stenvick dans une belle et immense maison construite à grands frais, avec un mari qui oublie de l’aimer et qui déteste son cher vieux chien.

Enfin Peter, fils d’un vieil homme déchu au passé peu recommandable, revient lui aussi dans ce qui fut sa maison de vacances et dont il a hérité, en compagnie de ses enfants jumeaux :  le fils enfermé dans la game boy, la fille enfermée dans sa maladie.

« Tout roman a fondamentalement une crise pour propos » écrit Douglas Kennedy. Les crises vont advenir pour chacun des personnages : un accident de voiture, une revue porno jetée sur une table dans une assemblée de voisins très comme il faut, une série noire d’assassinats concernant le père de Peter, une laisse désormais inutile jetée sur le lit de Vendela, la découverte de l’histoire d’un galopin  dans le journal de sa femme pour Gerlof…Ce qui advient aux hommes va les toucher, les faire bouger sans qu’ils aient prise sur le sens de leurs actes,  car ils sont commandés par leurs passions tristes,  même si parfois, adviennent de merveilleuses surprises.

Honte et culpabilité héritées d’une compréhension trop partielle de leur histoire, voilà ce qui habite les personnages et les conduit au bord du néant lors de cette nuit des Walpurgis. Gerlof en lisant le journal intime de sa femme décédée va découvrir la vérité du secret si lourd à porter pour Vendela ; et il saura puiser dans toutes les ressources de son esprit et de son corps épuisés par l’âge, pour devenir l’acteur inattendu du dénouement. Vendela perdra le contact si longtemps entretenu avec les elfes lorsqu’elle sortira de son errance désespérée dans la lande, et se libèrera d’une « alliance sans valeur ».  Peter, qui a entamé sa quête avec l’incendie du studio de son père, producteur de revues pornos, la poursuit obstinément, tenaillé en même temps par l’angoisse de l’issue de la maladie mortelle de sa fille, et la terminera dans le feu de la nuit des Walpurgis.

Les trois personnages sortiront cependant de cette nuit plombée par un passé trop sombre et un présent trop violent, grâce à ce qui les relie les uns aux autres : « Devant Peter, soudain, la porte s’ouvrit ».

Ce roman ne vous lâche pas, sobre et efficace dans le récit, vibrant dans les enjeux de vie et de mort qu’il met en scène. A lire absolument !

                                                                                     Albertine

(*) Une autre chronique sur ce roman a été publiée par Christine.

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