Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

03/06/2011

Entretien avec Hervé Sard

Après la lecture et la critique de son livre Morsaline, Cassiopée a souhaité avoir un entretien avec Hervé Sard, qui a gentiment accepté de se prêter au jeu des questions/réponses.

 

Cassiopée. Hervé Sard, bonjour et merci de répondre à nos questions Hervé Sard, sont-ce vos vrais nom et prénom ? Si oui, n’est-ce pas un peu gênant puisque vous travaillez dans la sécurité (si mes sources sont exactes) ? Etes vous, malgré tout pris au sérieux ?

 Hervé Sard. Sard est un pseudonyme. J’aurais pu conserver mon nom sans que cela pose de souci lié à mes activités professionnelles, mais je préfère cloisonner mes différentes « vies ». De la même manière que je ne parle quasiment jamais de travail à la maison, je ne parle quasiment jamais polar au travail, ou maison dans mes polars, ou travail à mes amis… Quand à savoir si je serais malgré tout pris au sérieux, d’une certaine façon j’espère bien que non ! Les gens sérieux sont ennuyeux… Blague à part, on peut être « sérieux » avec le sourire tout près des lèvres ! J’ai récemment animé, avec Francis Mizio, une « formation polar » au braquage de banque. C’est un sujet connexe à ma profession (mais je ne suis pas braqueur de métier) qui a été traité avec beaucoup de sérieux et autant d’humour. Nous remettrons d’ailleurs ça en octobre, à Nantes, sur le thème de la création d’alibis…

 Cassiopée. Avez-vous besoin d’être toujours dans le monde « actif » du travail pour mieux réussir vos romans ? Espérez-vous, un jour, vivre de votre plume ?

 Hervé Sard. Je n’espère pas vivre de l’écriture. D’abord parce que c’est hautement improbable, ensuite parce que savoir qu’il faut écrire pour boucler ses fins de mois, je n’imagine pas que cela puisse donner des bons résultats. Le monde du travail est une composante de notre environnement, mais ce n’est pas le plus « inspirant ». Traverser seul une ville à pied ou en transports en commun l’est davantage !

 Cassiopée. Comment choisissez-vous les patronymes de vos personnages ? Czerny, comme le pianiste, pourquoi ?

 Hervé Sard. Aucune règle. Dans Morsaline, il y a beaucoup de personnages « second rôle » (des patients de la clinique, qui sont d’ailleurs listés en préambule), tous existent vraiment et j’ai conservé leurs prénoms. Par contre je ne donne pas leurs patronymes et j’ai interverti les prénoms : Pierre et Paul dans Morsaline sont en réalité Paul et Pierre dans la vie. Dans Mat à mort, où il y a aussi beaucoup de « seconds rôles », j’ai utilisé uniquement des noms tirés de mon arbre généalogique. En « inventant » le commissaire Czerny, je n’ai pas pensé au pianiste, mais tout simplement à un vieil ami hongrois…

 Cassiopée. Vos personnages, atypiques mais bien réels, sont-ils inspirés de personnes existantes que vous avez rencontrées. Vous identifiez-vous à l’un d’eux, pourquoi?

 Hervé Sard.  D’une manière générale, mes personnages sont inspirés de personnes réelles, aussi bien sur le plan physique que psychologique. Pour ce qui est du physique, j’utilise des personnes inconnues « intéressantes » croisées un jour ou l’autre (il y a l’embarras du choix !). Ces inconnus « héritent » par contre de traits de caractères, ou d’habitudes, d’autres personnes que j’ai fréquentées, au moins superficiellement. Si je m’identifie à l’un d’eux ? Dans Morsaline, je me reconnais en partie dans Pastèque le savant fou, dans Mazurelli le râleur indiscipliné, dans Czerny pour sa technique assez particulière de résolution des problèmes, dans Carol pour son pragmatisme, dans Boulay pour ses gaffes. Et dans quelques « fous » de la clinique.

 Cassiopée. Souhaiteriez-vous que l’un de vos romans soit adapté à l’écran ? Lequel et pourquoi ?

 Hervé Sard. Oui, cela me ferait plaisir. J’en serais fier, bien sûr, mais cela m’intéresserait aussi de voir ce que retiendrait le scénariste. Si je devais faire un choix, ce serait Vice repetita. Pour voir comment s’en sort celui qui tiendrait le rôle du clochard pendant son procès !

 Cassiopée.  Votre dernier roman est écrit sur un ton familier avec beaucoup d’humour. Est-ce un choix général pour vos écrits ? Est-il difficile d’écrire de cette façon ou cela s’est-il imposé à vous ? Etes-vous un homme drôle dans la vie quotidienne ?

 Hervé Sard.  Pour ce qui est du ton familier, je m’efforce de retranscrire dans les dialogues les propos des personnages tels qu’ils s’expriment au quotidien. Je ne mets pas un « n’est-ce pas » dans la bouche d’un clochard ou un « Pourrais-tu me passer le sel s’il te plait mon chéri » dans celle d’une jeune fille sur le point de ne plus l’être. Ce n’est pas toujours simple d’écrire une langue parlée… L’humour est présent dans mes textes, parce que je m’amuse en écrivant et que je n’ai pas envie de créer des histoires tristes du début à la fin ! Dans la vie, je suis plutôt pince-sans-rire. Une chose est sûre : les gens qui m’ennuient le savent vite et ils ne doivent pas me trouver drôle du tout… C’est un de mes défauts.

 Cassiopée. Quand et pourquoi êtes-vous venu à l’écriture ? A quel rythme écrivez-vous ?

 Hervé Sard.  Il y a une grosse dizaine d’années, et je ne sais pas dire pourquoi. J’écris un roman en 12 à 18 mois, mais des nouvelles à un rythme plus élevé : quatre ou cinq par an, au moins. Pour un roman, le temps d’écriture à proprement parler (la frappe, quoi…) est court : 2 ou 3 mois, pas plus. Et puis j’écris aussi pour d’autres depuis 2 ans, à travers mon entreprise Scribinfo, mais cela sort de la fiction…

 Cassiopée. Quelles sont vos références en matière de romans policiers ? En lisez-vous ?

 Hervé Sard.  Je lis au moins un polar ou roman noir par semaine. Pas mal de nouvelles. Peu de thrillers. Depuis environ deux ans, ce sont pour la plupart des textes d’auteurs francophones, et majoritairement des femmes. Auparavant j’ai eu ma période « américaine », surtout masculine, et comme beaucoup ma période nordique… Pour citer quelques noms, dans le désordre complet, j’aime beaucoup ce qu’écrivent, ou ont écrit, des gens comme Pierre Siniac, Dominique Sylvain, Jean-Claude Izzo, Donald Westlake, Jim Thompson, Elena Piacentini, Jan Thirion, Maud Tabachnick, Thierry Crifo… Très récemment, j’ai lu avec grand intérêt Fred Gevart, Sophie Di Ricci et Jérémie Guez. Pour leurs nouvelles, le binôme Pouy-Villard me plait toujours. Cela peut sembler éclectique, ça l’est, mais le genre est riche et très varié. Il y a plein d’auteurs que j’apprécie, y compris de parfaits inconnus non cités ci-dessus !

 Cassiopée. Morsaline, dans votre dernier livre, est une clinique privée psychiatrique. Pensez-vous que les malades ne soient pas ceux qu’on pense être mal en point ?

 Hervé Sard.  Les malades de Morsaline sont très malades. J’ai largement édulcoré leurs pathologies pour ne pas risquer de paraitre en rajouter, mais la réalité de ce genre d’établissement est au-delà de ce qui est suggéré dans le roman. À l’extérieur, la folie est différente. Les gens « normaux » m’inquiètent. Le Français moyen passe 3 heures par jour devant sa télé. Beaucoup de nos concitoyens n’utilisent comme source d’information que le 20 heures et une presse très formatée. J’ai l’impression que nous manquons de fous.

 Cassiopée. Merci d’avoir pris le temps de répondre à nos questions.

 Hervé Sard.  Un plaisir ! Je suis un bavard qui parle peu…

Les commentaires sont fermés.