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05/02/2012

Un avion sans elle, de Michel Bussi (chronique 1)

un_avion_sans_elle.jpgUne chronique d'oncle Paul

Qui sont ces deux jeunes gens qui s’attablent tous les matins ou presque au même endroit, en prenant leur café ? Mariam qui officie derrière le comptoir hésite entre deux possibilités. Sont-ils amants ou tout simplement frère et sœur ? Il existe un air de ressemblance entre Marc et Lylie mais une sorte d’intimité amoureuse semble les propulser l’un vers l’autre.

Ce matin-là du 2 octobre 1998, alors que l’horloge affiche 08h27, un conciliabule s’établit entre eux. Marc offre à Lylie une croix touarègue, pour son anniversaire, pour ses dix-huit ans. Lylie, c’est nouveau, arbore au doigt une bague de grande valeur, et son cadeau est insignifiant à côté. Mais Lylie ne peut assister à ses cours ce jour-là. Ils sont tous deux étudiants à la Fac de Paris VIII Vincennes Saint-Denis, et avant de le quitter elle remet à Marc une enveloppe que Crédule Grand-Duc a déposé sa boîte aux lettres. Puis elle part signifiant que ce jour là elle sèchera les cours.
Marc se plonge dans le cahier que contenait l’enveloppe tout en essayant de retrouver Lylie. Mais d’abord il doit se rendre chez Crédule Grand-Duc, un détective privé qui s’occupe de l’affaire relatée dans ce qui pourrait bien être son dernier message, son témoignage et son testament. Suivons donc pas à pas Marc dans sa lecture édifiante et dont il connait une grande partie mais pas les aboutissants.
 
Le 23 décembre 1980, un Airbus s’écrase sur le mont Terrible, dans le Jura, non loin de la frontière suisse. Sont recensés cent-quarante-six morts. Seule un poupon de sexe féminin a eu la vie sauve, elle a été éjectée de la carlingue qui était en flammes. Elle reposait assez loin de l’épave pour ne pas être brûlée, mais assez proche pour bénéficier de la chaleur dégagée afin de ne pas périr de froid dans la neige. Une aubaine pour la journaliste du journal local qui peut griller la politesse à ses collègues, annoncer le drame en exclusivité, photos à l’appui.

Là où le bât blesse, c’est que deux gamines du même âge, trois mois environ, figuraient comme passagères et il est impossible aux grands-parents, les parents sont décédés dans l’accident, de prouver la parentèle qui les lie à la survivante. Est-ce Lyse-Rose, petite-fille de Léonce de Carville et de sa femme Mathilde d’origine noble dont il a pris le nom à cause de la particule, gros et riche industriel résidant en Seine-et-Marne, ou Emilie, petite-fille de Pierre et Nicole Vitral, modestes commerçants forains à Dieppe en Seine-Maritime. Les deux familles ont perdu leurs fils et leurs brus dans le crash et ils se déchirent la petite rescapée. Seule Malvina, six ans, sœur présumée de Lyse-Rose, pourrait apporter son témoignage, mais instrumentalisée par son grand-père elle affirme reconnaître le poupon sans convaincre.

Un juge désigné par la Chancellerie a la lourde charge de trancher, de rendre un jugement de Salomon. A qui attribuer la survivante qui fut appelée Lylie, contraction de Lyse-Rose et Emilie ? La science ne peut à cette époque se reposer sur les traces d’ADN, et seuls les moyens mis à la disposition des médecins et des enquêteurs sont utilisés. Rien de probant ne sort des différentes analyses. Léonce de Carville tente d’user de ses influences mais le bébé est confié aux grands-parents Vitral.

C’est tout cela que Marc Vitral découvre dans le cahier de Crédule Grand-Duc, détective embauché par Léonce de Carville pour établir, démontrer la filiation. Durant dix-huit ans Grand-Duc va rechercher la faille, enquêter, effectuer de nombreux voyages en Turquie, sur le mont Terrible, en Seine-et-Marne, à Dieppe, cela en pure perte, ou presque. Ses rémunérations sont à la hauteur de la tache qui lui est confiée et il se consacre à temps plein à sa mission. Seulement lorsque Marc arrive chez Grand-Duc rue la Butte aux Cailles, c’est pour découvrir un cadavre dans un placard, et ce n’est pas une métaphore.

Fidèle à sa marque de fabrique, Michel Bussi nous entraîne dans une histoire à multiples facettes, un jeu de miroirs, entremêlant le passé et le présent, dans une intrigue foisonnante et riche en rebondissements jusqu’au dénouement final. La quête de Marc, qui se déroule entre le 2 et les 3 octobre 1998, est chronométrée avec rigueur, entrecoupée par la lecture du cahier de Grand-Duc qui elle se déroule depuis le drame sur le mont Terrible jusqu’au 29 septembre 1998, date à laquelle est fixée l’anniversaire de Lylie, date à laquelle elle doit fêter ses dix-huit ans. Et même s’il place ici et là des indices, il parvient à les camoufler avec dextérité, suggérant à peine, ne laissant rien au hasard, jouant avec le lecteur, l’emmenant par la main sur des chemins de traverse. Et le lecteur subjugué se trouve dans une clairière, face à quelques sentiers qu’il peut emprunter comme bon lui semble, mais berné il revient insensiblement à son point de départ. Pas de résolution de l’énigme par un tour de passe empruntant au fantastique comme dans certains romans de John Dickson Carr, mais des évidences, du concret, du solide, du logique. Mais jusqu’où ira Michel Bussi ?

Et c'est tout naturellement que ce roman est placé sous l'aile tutélaire de Charlélie Couture.

Les lectures de l'oncle Paul

A lire : une autre chronique sur ce roman (celle de Christine)

l'entretien avec Michel Bussi

ainsi qu'une chronique sur son roman : Nymphéas noirs


Un avion sans elle
Michel BUSSI
Collection Terres de France
éditions Presses de la Cité.
544 pages. 22€.

 

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