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17/02/2012

Underworld USA, de James Ellroy (polar en audio).

underworld-usa.jpgUne chronique d'oncle Paul

Dans mon article sur Sud Express de François Darnaudet, je me gaussais gentiment des liseuses, l’appareil qui permet de lire sur un écran, et la femme employée pour lire un ouvrage à des bourgeoises analphabètes. Eh bien, voilà, j’ai mon liseur à moi, qui ne prend pas de place, qui se tait quand j’en ai envie, qui ne se désaltère pas après des heures de lecture, ou alors en cachette, qui articule bien, indispensable la prononciation lorsque le conduit auditif aurait bien besoin d’un ramonage ou qu’il devient déficient. La perle rare qui se nomme Cédric Zimmerlin. Je sens d’ici que vous m’enviez, aussi je ne résiste pas au plaisir infini de vous donner ses coordonnées ou celles de ces collègues. En effet ce liseur n’est autre qu’un comédien voix-off, recruté par les éditions Thélème pour lire un livre, et dont le texte est enregistré sur un ou deux CD/MP3 audio.

Lorsque les Editions Thélème m’ont proposé de choisir dans leur catalogue, conséquent, un titre afin de découvrir leurs productions, j’ai d’abord hésité. Un CD peut-il remplacer un livre que l’on a plaisir à feuilleter, à emmener partout, à lire dans n’importe quelles conditions ? Et puis j’ai réfléchi (ça m’arrive) et je me suis dit que les personnes qui connaissent des problèmes visuels, ou sont handicapés, pour satisfaire leur besoin de lecture dont ils sont privés, ce support serait un excellent palliatif. Et sans entrer dans l’extrême il faut également penser à celles et ceux qui sont chez eux et peuvent écouter sans que leur travail à domicile soit pour autant négligé. Ainsi, les repasseuses à domicile, par exemple, peuvent écouter tout en effectuant leur labeur (j’ai essayé, on peut) et autres petits boulots qui tendent à se généraliser et ne requièrent pas d’effort de concentration excessif. Ceci est aussi valable pour les joggers qui effectuent leur périple dominical d’une façon monotone. Et je pense qu’ils courront sans effort quelques kilomètres supplémentaires sans s’en rendre compte.

Mais je déconseillerai aux automobilistes d’écouter la voix charmeuse de la liseuse ou du liseur, sinon, ils risquent en zone rurale de dépasser la vitesse autorisée et ne pas remarquer le radar qui lui ne les loupera pas, ou, en zone urbaine, la limitation de vitesse ou le feu rouge intempestif qui nargue tout conducteur distrait. En cas d’embouteillage, alors là oui, cela peut être un excellent dérivatif. Concentration, disais-je. Il en faut un minimum, car on n’écoute pas une lecture comme des morceaux de musique, sinon on risque de perdre le fil du récit. Je blague car au moins en voiture écouter un livre parlant, cela change des stations radiophoniques musicales qui débitent en boucle des morceaux répétitifs susurrés par des artistes aphones ou braillés par chanteurs qui ne contrôlent pas leurs cordes vocales, ou des celles dédiées aux infos qui s’avèrent inintéressantes, stressantes, démoralisantes.

J’ai donc choisi comme test un roman de James Ellroy, Underworld USA. N’ayant lu que deux romans de cet auteur américain, et ne les ayant guère appréciés, je me suis demandé si à l’écoute, cette impression d’insatisfaction allait m’étreindre à nouveau. Je peux vous avouer que je me suis laissé bercer par l’écoute qui me faisait penser un peu aux bons vieux feuilletons radiophoniques ou plus récemment les histoires extraordinaires ou autres racontées avec conviction par Pierre Bellemare.

Comme l’avait si bien énoncé Jacques Rouxel, le créateur des Shadocks, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué. Donc j’aurais pu puiser dans le catalogue et choisir un titre d’Agatha Christie, de San Antonio, de Fred Vargas. Des titres déjà lus et pour la plupart chroniqués. Non j’ai choisi Ellroy et à vrai dire la lecture auditive ne m’a pas convaincue sur cet auteur adulé par bon nombre de lecteurs. Pourtant le récitant s’est investi et je dois avouer qu’au départ cela partait bien. Mais je n’ai pas accroché à cette histoire dans laquelle sont évoqués Edgar J. Hoover, l’aspirateur du FBI, d’Howard Hughes, ou encore l’assassinat de Bob Kennedy. Trop confus à mon goût, pourtant ce n’est pas la performance du comédien voix-off qui est en cause. Et de plus, pour moi qui ne suis pas anglophone, je retiens mieux les noms des protagonistes grâce à ma mémoire visuelle qu’à celle auditive.

En conclusion, j’ai aimé tenter l’expérience et si je devais en faire une autre, nul doute que je choisirai un ouvrage plus ancré dans ma sensibilité de lecteur. Les deux CD possèdent une durée d’écoute de 28h30, tout de même, mais je regrette toutefois que le temps de chaque découpage de chapitres ne soit pas indiqué sur la pochette. Autre petit regret, minime, qu’une petite pause musicale, de 5 secondes par exemple, ne soit pas intercalée entre chaque chapitre du livre. Pour le reste, je dis bravo et félicite encore le lecteur qui a été mis à ma disposition.

Vous pouvez retrouver tout le catalogue, qui propose divers genres de littérature, sur le site des éditions Thélème.

Les lectures de l'oncle Paul

Underworld USA.
James ELLROY 
Editions Thélème.
28h30.
25€.

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