07/03/2012
Le poids des mensonges, de Patricia MacDonald
Une chronique de Cassiopée
Une bonne recette...
On a tous de petites choses qui nous semblent insupportables (alors qu’en fait, ce n’est rien et il n’y a que nous qui trouvons cela difficile à vivre).
Moi, par exemple, j’exècre les expressions toutes faites, à la mode, galvaudées d’ici, de là et que l’on vous ressort à tout bout de champ pour faire « style » comme diraient mes élèves.
Une des dernières, que l’on rencontre beaucoup, partout, c’est « Ce livre est un véritable « page turner » ». Je ne sais pas qui le premier a écrit cela mais il aurait dû déposer un brevet et exiger des droits de copyright.
Donc, je pourrais qualifier le dernier roman de Patricia McDonald de « page turner »... Mais ce serait, à mon sens, un raccourci beaucoup trop facile et qui n’apporterait rien de plus, les « page turner » étant légion sur le marché.
Il faut déjà souligner la traduction de qualité, permettant de bien situer les différentes ambiances du livre avec un vocabulaire varié. En effet, il ne s’agit pas de tressaillir chaque fois qu’un des personnages a peur mais d’une véritable palette d’émotions bien retranscrites. Malgré tout, un des reproches pourrait être que parfois, cela fait presque trop énumération:, les actes étant disséqués un à un (ex : elle s’adossa à la chaise, elle respira à fond puis écouta… ». Mais cela ne pèse pas parce qu’on est pris par l’histoire.
Peut-être encore plus si on est une femme (après le page-turner, je pourrais sortir l’expression « polar de femme »…) car on se prend d’affection pour Catlin, cette jeune épouse qui aime et élève un enfant qui n’est pas le sien et sur qui le sort s’acharne.
Si on en reste à cette approche, on part sur l’idée d’un roman policier classique bien ficelé, sans temps mortavec son lot de révélations et de surprises et il faut reconnaître tout le talent de l’auteur pour vous maintenir en haleine et vous embarquer sur de fausses pistes jusqu’aux dernières pages.
De plus, les nombreux dialogues donnent de la légèreté et rendent le contenu très « vivant », très visuel (il s’agit d’une histoire qui s’adapterait sans soucis en téléfilm).
Donc une recette qui fonctionne : héros attachants, enfants qui ont des soucis, écriture fluide...
De plus, la jeune femme est opiniâtre, tenace, ne laissant rien au hasard, elle essaie de comprendre, de pousser les gens dans leurs retranchements pour qu’ils avouent ce qu’ils savent … et bien entendu, elle ne manque pas d’intuition féminine (on pardonnera les heureuses coïncidences qui font évoluer l’intrigue dans le bon sens).
Mais au-delà de tout cela, je pense qu’il est intéressant de se pencher sur les différents sujets évoqués et d’arriver ainsi à un second degré de lecture, un peu plus soutenu.
Beaucoup de sujets sont évoqués, des sujets graves, lourds : le poids des non-dits, des secrets familiaux, de ces « cadavres dans le placard » dont on ne sait pas s’il est vraiment bon de les réveiller, de la place des uns et des autres dans des familles dites recomposées...
Sujets graves, importants et là viendront mes questions :
Est-ce que Madame McDonald choisit de ne pas aller plus loin, de se contenter d’effleurer ces points pour ne pas alourdir ces romans ?
Est-ce qu’elle n’a pas le souhait de faire plus approfondi car elle préfère toucher un public plus large avec une lecture plus limpide ?
Ou, est ce que cela ne l’intéresse pas d’aller plus loin ?
J’ai lu tous ses romans, ils ont des points communs, des gentils héros qui après beaucoup de malheurs, vont s’en sortir mais ses histoires se devinent moins que celles de MHC (je ne la nomme pas en entier, je ne veux pas lui faire de peine). Elle « vieillit » mieux car elle réussit toujours à nous scotcher à son livre...
Par contre, je pense qu’elle aurait les moyens d’écrire des livres encore meilleurs, avec des protagonistes au profil psychologique plus défini, des débats plus « fouillés » et si elle me lit un jour, je lui souhaite de tenter l’expérience qui ne pourra qu’être enrichissante !!!
Cassiopée
Titre : Le poids des mensonges
Auteur : Patricia McDonald
Traduit de l’anglais par Nicole Hibert
Editions : Albin Michel (1 mars 2012)
Collection : Spécial suspense
Nombre de pages: 322 pages
Quatrième de couverture :
Catlin a tout pour être heureuse : un mari avocat qu'elle adore et un beau-fils de six ans qu'elle élève comme le sien puisqu'il a perdu sa mère. Mais quand le petit Geordie disparaît un jour où elle le conduit à l'école, ce rêve de famille idéale s'effondre. Bientôt son mari la croit coupable alors que tous les mensonges sur lesquels elle a bâti son mariage font surface. Séparée de son mari, en proie au désespoir, Catlin va tout faire pour retrouver Geordie et prouver qu'elle mérite l'amour des siens. Mais il lui faudra pour cela mettre au jour de terribles secrets de famille...
12:41 Publié dans 02. polars anglo-saxons | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook | |
Commentaires
Bonjour Cassiopée,
votre critique est bien sympa mais un point me chagrine... au risque de paraître bien niais : finalement, qu'est-ce donc qu'un livre "page turner" ou "tourne-pages" ?
Sinon, je crois avoir déjà lu Patricia McDonald... peut-être par erreur en ayant fait confusion sur son nom en choisissant un livre lors d'un déplacement professionnel sans pour autant avoir encombré ma mémoire avec le souvenir d'un style remarquable.
Cordialement,
Écrit par : Patrick BESSET | 10/03/2012
Un page turner est un livre oû les pages s'enchaînent sans que le temps paraisse long ... Et qui se lit facilement, on accroche à l'intrigue et on se laisse prendre même si, au final, il ne reste pas grand'chose...
Écrit par : Cassiopée | 11/03/2012
Vous pouvez svp me donner le titre de ce thriller en anglais ? Merci beaucoup !
Écrit par : Jacky | 22/03/2012
Bonjour Jacky. Le titre en anglais : "Missing child".Rien à voir avec la traduction française, mais c'est fréquent.
Écrit par : Jacques | 22/03/2012
Les commentaires sont fermés.