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22/05/2012

Paris la nuit, de Jérémy Guez (chronique 3)

parislanuit.jpgUne chronique d'oncle Paul.

Les avis, parfois dithyrambiques, concernant ce premier roman lus chez quelques amis blogueurs m’ont incité à acheter ce petit livre lors de sa réédition chez J’ai Lu. Mais je ne vous délivrerai mon verdict qu’après vous l’avoir présenté.

Abraham, qui préfère qu’on l’appelle tout simplement Abe, vit avec son père, cohabite plutôt. Ses parents sont nés en Afrique du Nord, mais lui est venu au monde à Paris, après de longues années d’efforts de la part de ses géniteurs. Et comme cela avait marché une fois, pourquoi ne pas recommencer. Abe avait cinq ans quand sa mère a accouché d’une petite fille, mais les deux éléments féminins de la famille sont décédés. Son père se contente de regarder la télévision, quelques mots parfois à son fils, et c’est tout.

Abe possède quelques amis qu’il a connu à l’école : Goran, Nathan, Trésor et Karim. Ils boivent des bières ou des boissons plus fortes, pas forcément toujours ensemble, et s’adonnent aux drogues, douces et dures. Et puis il y a Julia, étudiante à la Sorbonne, qu’il aime retrouver à la sortie des cours. Et plus si affinité, ce qui arrive souvent. Mais Abe ne se contente pas de se rendre dans le quartier de la Sorbonne pour rencontrer sa copine, il revend également de la drogue auprès d’étudiants qui ne demandent qu’à connaître le grand frisson.

C’est alors que Goran et Abe, prenant un rafraichissement dans un bar, remarquent un curieux manège. Un client entre et au lieu de consommer se dirige vers le fond de l’établissement gardé par une espèce de garde du corps et entre dans une pièce marquée Privé. Il s’avère que dans cette arrière-salle quelques hommes se retrouvent régulièrement pour jouer au Poker. Et qui dit Poker dit mise en jeu et gains à la clé pour les petits débrouillards.

Et les petits débrouillards, si c’étaient eux ? Aussitôt l’idée a germé dans la petite tête d’Abe, rafler l’argent et cela grâce aux copains. Il en parle à Goran et une expédition est envisagée. Juste quelques détails à régler, voler une voiture, se procurer des armes, des cagoules et le grand jour est arrivé. Enfin, le grand jour c’est excessif, c’est plutôt au petit matin qu’ils s’introduisent dans le bar et mènent à bien l’opération Pognon. Ils se montrent violents envers les joueurs, mais l’un d’eux leur promet des jours difficiles et des nuits d’insomnies.

Et c’est bien ce qui se produit. La petite bande s’éparpille, Abe se fâche avec Julia pour ce qu’il considère comme une traitrise de la part de son amie, il déménage et plonge dans la drogue. Il déambule aussi dans Paris.

Verdict, en mon âme et conscience, délivré dès les premières pages et même avant. Une petite rengaine me trottinait dans la tête. Il ne s’agissait pas d’une chanson mais d’un titre de livre : C’est beau une ville la nuit de Richard Bohringer, paru à la fin des années 1980 chez Denoël. Mais peu à peu, en tournant les pages, l’impression d’avoir déjà lu des dizaines de fois ce genre d’histoire était de plus en plus prégnante. De jeunes marlous organisant un braquage minable, et la drogue comme personnage principal, une descente aux enfers, l’alcool, autant de thèmes utilisés jusqu’à plus soif. On croit relire des romans écrits pas des auteurs comme Pierre Léon, Laurent Fétis, José-Louis Bocquet dans lesquels la drogue est presque comme un produit de consommation courante et obligée, objet d’une certaine complaisance.

Nous sommes loin du Paris de Léo Malet ou surtout d’Auguste Lebreton, dont les petites frappes adolescentes sont des personnages principaux. Par exemple dans Les Hauts murs, La loi des rues ou Les jeunes voyous. Paris est à peine esquissé, des quartiers nommés par leurs stations de métro : Belleville, Barbès, Jules Joffrin, Château Rouge, Château d’eau, Charonne…. Par exemple, en face du square Jules Joffrin, pourquoi ne pas avoir décrit en une ou deux lignes l’imposante mairie du XVIIIème arrondissement, l’ambiance de Barbès ou de Château rouge avec son monde cosmopolite. Une carence de description, un décor effacé, un manque d’âme. Les personnages ne sont même pas tant soit peu sympathiques, et il est à noter qu’Abe alterne les périodes de toxicomane dépendant à celles de revendeur presque normal. Bref, un roman banal qui à aucun moment ne m’a ému ou fait vibrer.

A lire les articles nettement plus élogieux de Pierre sur Black Novel ou de Bruno sur Passion Polar.

Paul (Les lectures de l'oncle Paul)

Paris la nuit.
Jérémie GUEZ
Collection Policier N°9637, éditions J’ai Lu (réédition La Tengo – 2011).
128 pages.
4,70€.

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