18/05/2012
La canne à tête de chien, de Boris Clément
Une chronique d'Albertine.
Une écriture rapide, un récit qui tourne, sans fioritures, et qui nous embarque dans un jeu de pistes toujours plus surprenantes pour finalement nous ramener une solution presque évidente…
Le récit a un rythme très particulier.
Nous croyons l’affaire résolue lorsque le suspect est arrêté, dès la fin du premier chapitre. Il s’agit d’un convoyeur de fonds, Pablo Dos Santos, qui a planté ses collègues en embarquant 12 millions d’euros dans le fourgon blindé. Mais ce n’est qu’un début…
Dès le deuxième chapitre, nous nous demandons pourquoi le commissaire Di Natale s’inquiète du sort de Dos Santos, et du risque qu’il court à être tué en prison, étant détenteur de 6 millions d’euros (car entre-temps, les flics ont retrouvé la moitié du butin).
Et deux ans se passent sans que rien ne se passe…, jusqu’à la libération de Dos Santos.
Rassurez-vous, je ne vais pas raconter l’histoire, qui a le mérite de nous tenir en haleine par de multiples rebondissements et par l’apparition de personnages aussi étranges que possible, bien campés par l’humour adolescent de l’auteur.
Tout d’abord H, l’ami du commissaire, autrement nommé Zihzivic (pouvant se traduire par « fils de zizi ») sait organiser des combats féroces dignes des jeux d’arène, sait aussi manifester une fidélité sans faille pour le commissaire alors que lui-même est un truand, autre dénomination des patrons d’agence de sécurité dont le personnel est constitué de militaires reconvertis après la guerre serbo-croate.
Ensuite Tabath Steven, dont le portrait avantageux nous est donné dès le premier chapitre et dont la beauté coupe le souffle à (presque) tous les mâles, ne se contente pas d’onduler sur ses hauts escarpins : salariée de la société de transport de fonds, elle pourchasse le voleur, qu’elle est capable de retrouver et de menacer des pires sévices : « Monsieur Dos Santos, vous avez trois secondes pour décider. Vous me suivez ou je grille vos testicule avec mon taser »…elle se retrouvera dans l’histoire après les deux ans écoulés, un peu malgré elle, mais avec beaucoup d’enthousiasme.
Surgira également une autre belle femme, Anita Rigdberg, journaliste suédoise : elle participera à la traque suédoise et va faire battre le cœur de l’adjoint du commissaire, François Myrtes de Valcro, comparse varois de Di Natale. Myrtes n’est pas le moins étonnant des personnages : « Taillé dans le granit, vêtu d’un pantalon et d’un t-shirt à manches longues couleur gris anthracite, un authentique géant de conte de fée, immobile et terrifiant ». Sa particularité est de meubler les temps morts par une méditation très particulière: il construit pierre à pierre des maisons.
Quant à Di Natale notre héros, il cumule tous les paradoxes : physique gringalet (au regard de son adjoint en tout cas), il claudique en s’appuyant sur une cane, mais est capable de venir à bout d’énormes méchants grâce aux arts martiaux ; il raconte 36 000 versions de l’accident qui l’a rendu presque impotent ; il occupe les temps morts avec divers jeux vidéo sur une console qui ne le quittent pas ; et il « tombe en panne » lorsqu’une très belle femme lui fait des avances amoureuses très poussées…
Disons-le, le véritable mystère non éclairci reste bien celui de ce commissaire Eli Di Natale. Pourquoi, mais pourquoi donc s’est-il à ce point intéressé au sort de ce pauvre voleur de fonds Pablo Dos Santos ?
Boris Clément, savez vous que ce qui nous tient en haleine, c’est bien de trouver la réponse à cette question ? Vous faites formuler la question par Marsouin, le supérieur hiérarchique du commissaire : «Eli, pourquoi tenez-vous tant à cette enquête ? ». Mais la réponse d’Eli n’éclaircit rien : « je ne saurais le dire. Depuis le début, j’ai le sentiment que Dos Santos ne maîtrise pas son destin, contrairement aux apparences. » Mais depuis quand qui que ce soit maîtrise son destin ? Et comment un commissaire peut il ignorer que nous en sommes le jouet ?
Bref, un roman allègre, plein d’humour et de personnages de jeux vidéos. A lire !
Albertine, 18 mai 2012
Présentation de l'éditeur.
Un convoyeur de fonds prend la fuite avec le contenu de son fourgon blindé, quelque 12 millions d’euros. Le commissaire Eli Di Natale, ex-étoile montante de la police judiciaire de retour en service après une année d’arrêt maladie, est chargé de le traquer à travers la France. Mais quand le braqueur se rend sans son butin, Di Natale comprend que l’enquête ne fait que commencer, que ces millions attisent bien des convoitises…
La canne à tête de chien
Boris Clément
Editions Kirographaires
21,45 €
17:37 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook | |
Commentaires
Bonjour Albertine,
N'ayant trouvé de meilleur moyen que celui-ci, je vous écris ici pour vous remercier. Tout d'abord d'avoir pris le temps de lire et de chroniquer le premier polar d'un inconnu au bataillon. Ensuite d'avoir rédigé ces lignes à la fois sympathiques et pertinentes, jusque dans "l'humour adolescent" aussi revendiqué que parfois involontaire.
Quant au destin de DiNatale, le refus de ce dernier d'en être la marionnette, il s'éclaircira certainement dans de prochaines aventures. Pour peu que cette Canne à tête de chien marche suffisamment droit.
Merci encore et au plaisir de vous lire
Boris Clément
Écrit par : Boris Clément | 21/05/2012
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